Le saint-nectaire forme la relève
En Auvergne, la filière saint-nectaire se mobilise pour répondre aux besoins d’emploi dans les exploitations, les laiteries et les caves d’affinage. Première étape : une formation de trayeur-fromager sur mesure.
En Auvergne, la filière saint-nectaire se mobilise pour répondre aux besoins d’emploi dans les exploitations, les laiteries et les caves d’affinage. Première étape : une formation de trayeur-fromager sur mesure.
Face au manque de main-d’œuvre, aux difficultés de recrutement et aux nombreux départs en retraite, l’AOP saint-nectaire a décidé de prendre le taureau par les cornes. Dès 2015, l’interprofession, en partenariat avec pôle emploi, décidait de lancer une formation au métier de trayeur fromager. Douze stagiaires étaient formés au sein du syndicat puis réalisaient un stage de deux à trois mois à la ferme.
« Les résultats n’ont pas été convaincants », décrypte avec recul Sébastien Ramade, président de l’AOP saint-nectaire. Lors de la première session, seuls quatre stagiaires sont restés sur la zone d’appellation. « Et le taux de réussite baissait d’année en année. »
Mais le manque de bras demeure. « Trente à quarante CDI sont à pourvoir chaque année dans la filière », explique l’éleveur. L’interprofession s'est alors tournée vers un cabinet de recrutement privé. Le constat a été implacable : « Nous avons compris que le manque de formation au management des exploitants était un des freins au recrutement. »
Désormais, les exploitants employeurs devront se former à la gestion d’équipe. Au programme : savoir recruter, apprendre à manager et organiser des points réguliers avec son nouveau trayeur fromager. « Tous les producteurs sont pleinement satisfaits de leur formation et veulent aller plus loin. Cela aide également à améliorer la gestion des relations humaines au sein des Gaec ou des exploitations familiales », glisse Sébastien Ramade.
Du côté des candidats à l’embauche, la formation « Traite et transformation fromagère » comprend une partie théorique de cinq semaines suivie au lycée de Rochefort Montagne, dans le Puy-de-Dôme, et un contrat de professionnalisation de six mois réalisé au sein d’une ferme. Ils suivront également un module sur le savoir-être en entreprise.
Le succès est au rendez-vous
Le 12 avril 2021, sept stagiaires ont intégré le nouveau programme. Parmi eux, principalement un public en reconversion professionnelle (conseiller immobilier, éthologue, militaire, etc.). Une première expérience agricole n’étant absolument pas requise pour postuler.
« L’objectif est de recruter les gens pour ce qu’ils sont, pour le potentiel qu’ils ont et pas forcément pour leurs compétences. Ce qui nous intéresse c’est leur projet professionnel et leur projet de vie », explique François Peyroux, chargé de projet à l’interprofession.
Aujourd’hui, six sont embauchés en CDI soit sur la ferme qui les a formés, soit au sein de la zone d’appellation. Parmi eux, Mélodie Desrues. En apprentissage au Gaec des Estives à Murat-le-Quaire, dans le Puy-de-Dôme, elle témoigne d’une expérience réussie : « Ce que j’apprécie particulièrement, c’est la diversité des tâches, je touche à tout : de la conduite du troupeau au pré au travail en cave d’affinage, en passant par les réparations de clôture ou la fabrication du fromage. » Elle ne continuera pas sur l’exploitation mais part rejoindre une laiterie. Bien évidemment pour fabriquer du saint-nectaire !
Au fur et à mesure, le syndicat se professionnalise de plus en plus sur le volet gestion prévisionnelle des emplois et compétences. Une responsable des ressources humaines a été embauchée à l’automne. Ses objectifs : suivre la nouvelle session de formation qui démarrera en avril, faire un suivi des anciens candidats, et surtout établir un état des lieux des besoins au sein de la filière, du producteur de lait aux affineurs en passant par les laiteries. Et pourquoi pas mettre sur pied de nouvelles actions.
Place au virtuel
Afin de susciter de nouvelles vocations, la filière saint-nectaire a proposé aux visiteurs du Sommet de l’élevage une expérience de réalité virtuelle. Équipés d’un casque, ils sont immergés au cœur d’une exploitation fermière de l’AOP, entre pâturage, traite et transformation fromagère. Cette animation faisait partie de l’opération « Rejoins l’AOP saint-nectaire » visant à recruter de « nouvelles forces vives ».
L’AOP saint-nectaire en chiffres
> 14 400 tonnes fabriquées chaque année dont 8 000 tonnes de saint-nectaire fermier
> troisième AOP fromagère française au lait de vache
> 2 000 emplois directs
> plus de 30 % des chefs d’exploitations ont plus de 57 ans