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L’Argentine adopte rapido-presto la traite robotisée

Avec 250 robots de traite mis en fonction depuis cinq ans, l’Argentine serait pour les fabricants un des marchés les plus dynamiques au monde. L’amélioration des conditions de travail est un point clé de cet engouement.

Avec ou sans robot de traite, la majorité des 10 000 fermes laitières argentines demeurent herbagères.
Avec ou sans robot de traite, la majorité des 10 000 fermes laitières argentines demeurent herbagères.
© M.-H. André

« Entre 240 et 250 robots de traite fonctionnent actuellement en Argentine alors qu’il n’y en avait presque aucun dix ans plus tôt », renseigne Pedro Mazziotti, le technicien animateur du groupe de robotique laitière des Consortia régionaux d’expérimentation agricole (CREA), une association de gros exploitants argentins directement inspirée des Ceta français.

Ce groupe englobe un quart du parc argentin des robots de traite, avec 65 unités distribuées sur 14 exploitations situées dans les trois grandes provinces laitières du pays sud-américain : Buenos Aires, Santa Fé et Córdoba.

La production laitière moyenne y était, en avril, de 35,4 l/VL/j au rythme de 2,5 traites par jour. Des chiffres obtenus sur la base d’un cheptel global de 3 120 vaches produisant 3,3 millions de litres de lait par mois.

Améliorer les conditions de travail

Quatre éleveurs de ce groupe composaient le panel le plus attendu du dernier congrès laitier de l’association CREA, tenu à Rosario mi-juin. Avant d'’adopter la robotique, tous ont voyagé à l’étranger (Brésil, Nouvelle-Zélande ou Pays Bas) afin de peaufiner les pourtours de leur investissement.

Les grands producteurs n’y vont pas de main morte : 8 robots mis en place d’un coup dans une seule exploitation ; 6 + 6 dans une autre, à un an d’intervalle. Le gérant de cette dernière ferme, Alejandro Mulcahy, a justifié un tel investissement au vu de l’amélioration des conditions de travail du personnel. « Aujourd’hui nous sommes des pionniers mais l’emploi des robots de traite va se standardiser dans toute l’Argentine », a-t-il dit lors du congrès.

L’un des intervenants a raconté comment il a aussi réussi à alléger le travail de ses employés à partir de son investissement dans un robot. « Ils ont abandonné la fosse de traite et gagné deux week-ends de congés par mois », explique Álvaro Llorente.

Le petit poucet du groupe, Hernán Harispe, troisième génération installée, fait tout pour garder la simplicité de son système herbager (luzerne et ray-grass) enrichi de maïs en libre-service qui lui permet d’obtenir plus de 30 000 l/ha/an. « Ce que nous a apporté le robot, c’est de redoubler le plaisir de pouvoir composer avec des variables mesurées au jour le jour, ce qui fait tout l’attrait de l’activité par rapport aux autres filières agricoles », en a-t-il conclu.

 

Un appui conjoint de la banque, de la laiterie cliente et du fabricant de robot

Pour l’éleveur Hernán Harispe, installé sur ce qui est considéré en Argentine comme une petite surface (65 hectares), l’investissement dans deux robots de traite a été une initiative audacieuse. Il s’agit d’un investissement total d’environ 360 000 euros, en comptant autour de 130 000 euros pour chacun des deux robots neufs, ainsi que la construction bétonnée du nouvel espace de traite et un système de traitement des effluents. Pour diminuer le risque de surendettement, le montage financier qu’il a adopté est révélateur du contexte économique argentin.

D’abord, un crédit à taux bonifié accordé par la Banque publique de la province de Buenos Aires réservée aux PME lui a offert des conditions très avantageuses : dans un contexte d’hyperinflation (50 à 100 % par an sur les dix dernières années), ce crédit à rembourser sur sept ans est exprimé en peso, la monnaie nationale, et non en dollars comme c’est presque toujours le cas pour les investissements importants faits en Amérique du Sud.

Le deuxième soutien reçu a été celui du fabricant Delaval qui lui a accordé un mode de paiement avantageux pour deux raisons. Il est payable seulement à partir du moment où les robots ont été mis en fonctionnement, ce qui a permis de traverser la période des travaux et de l’installation sans affronter de telles échéances. Et le montant du paiement échelonné à Delaval est exprimé en valeur de litre de lait équivalent (sa valeur de référence publié par le ministère argentin de l’Agriculture) ; l’éleveur y trouve, là encore, ce même avantage de ne pas être exposé à un paiement mesuré en dollars états-uniens lorsque le prix qu’il reçoit de la laiterie demeure en pesos.

Enfin, la laiterie lui a, elle aussi, donné coup de pouce à hauteur de 5 % de cet investissement total en lui accordant une avance remboursable en litres de lait sous un certain délai, un effort qu’elle a consenti à faire dans le but de fidéliser ce fournisseur.

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