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La traite, point clé de la prévention contre le staphylocoque doré

La prévention contre le staphylocoque doré passe avant tout par une gestion adaptée de la traite et une surveillance de la machine à traire.

Des crevasses sur la mamelle favorisent le maintien de staphylocoques dorés.
Des crevasses sur la mamelle favorisent le maintien de staphylocoques dorés.
© P. Pottié

« L’infection mammaire à staphylocoque doré est l’exemple type des mammites dites contagieuses, souligne Philippe Pottié, vétérinaire à Vallery, en Haute-Savoie, lors des Journées nationales des groupements techniques vétérinaires 2021. La transmission se fait donc principalement pendant la traite. Et vu le faible taux de guérison des mammites à staphylocoque doré, un plan de prévention s’avère essentiel. »

Les réservoirs primaires sont la peau glabre des vaches (trayons, mamelles…), particulièrement si elle est lésée (gerçures, crevasses, plaies) ou en présence de verrues, ainsi que les mains des trayeurs. Les réservoirs secondaires sont les quartiers infectés, qui peuvent excréter des bactéries, ainsi que la machine à traire et le petit matériel de traite et de fromagerie. En effet, les staphylocoques peuvent coloniser les biofilms qui se forment sur ces matériels. La contamination par la litière est par contre très minime. « La prévention des infections mammaires à staphylocoque doré se fait donc avant tout au moment de la traite », assure Philippe Pottié.

Une lavette par vache

La transmission d’une mamelle infectée à l’autre se fait par le canal du trayon de deux manières. De façon passive, par les mains du trayeur ou par un manchon contaminé. Ou de façon active, à la suite d’une traite humide par exemple.

Une préparation de traite individualisée est cruciale. « Il faut une lingette ou lavette pour chaque vache, insiste Philippe Pottié. Plusieurs désinfectants sont efficaces contre les staphylocoques et permettent de réduire la pression bactérienne d’avant traite. Le produit doit être appliqué sur un trayon propre et être laissé au moins 90 secondes. » La contamination peut aussi se faire par les mains des trayeurs. « En cas de problème de staphylocoque doré, le port de gants de qualité pendant la traite est recommandé et obligatoire si les mains sont gercées ou lésées. »

Bactéricide et port de gants à la traite

Un autre point essentiel est d’utiliser systématiquement un désinfectant en fin de traite, pour tuer les bactéries qui se sont déposées sur le trayon et empêcher qu’elles pénètrent dans la mamelle le temps que l’extrémité du trayon se referme. Le bactéricide doit être reconnu efficace contre les staphylocoques et doit être appliqué sur tout le trayon. La pulvérisation est moins efficace. Il est recommandé de changer de principe actif tous les trois ans et d’utiliser un produit ayant aussi des propriétés cosmétiques (réhydratation…) pour améliorer la résistance de la peau et soigner gerçures, verrues et ecthyma.

Limiter la contamination par les manchons est également essentiel. « Un manchon contaminé par le staphylocoque doré peut transférer le germe aux six animaux suivants », précise le vétérinaire. La prévention passe par l’emploi de manchons de qualité et leur changement en général toutes les 2 500 traites pour les manchons en caoutchouc et toutes les 5 000 traites pour ceux en silicone. Les manchons doivent aussi être désinfectés après le passage d’une vache connue pour être infectée. Une autre solution est d’avoir une griffe dédiée aux vaches à problème ou encore de les traire en dernier.

Gare au phénomène d’impact

La prévention implique aussi de surveiller l’absence de traite humide (en cas d’engorgement des bols, il y a un risque de retour de lait vers les trayons) et d’observer les glissements des manchons en fin de traite ou les sifflements caractéristiques pendant la traite, qui peuvent être à l’origine du phénomène d’impact. « Suite à une entrée brutale d’air par l’embouchure du manchon, le lait d’un quartier est envoyé vers les autres quartiers à grande vitesse, explique Philippe Pottié. S’il est contaminé, il y a alors pénétration des germes dans les autres quartiers. »

Dernier point : vérifier qu’il n’y a pas de dysfonctionnement de la machine à traire pouvant entraîner une rupture d’intégrité des protections passives du trayon. Et enfin nettoyer correctement la machine après chaque traite ou au minimum trois fois par jour en robot. Pour cela, il faut procéder à un prélavage à l’eau tiède en circuit ouvert, puis à un lavage en circuit fermé pendant 6 à 10 minutes, à 65°C en début de cycle et 40°C minimum à la fin, tout en alternant acide et base selon la dureté de l’eau. Et pour finir rincer à l’eau froide en circuit ouvert.

Surveiller le prétroupeau

La surveillance du prétroupeau est importante pour la prévention les infections au staphylocoque. « Les génisses peuvent être infectées par le staphylocoque doré, notamment si elles passent l’été en estive où elles peuvent avoir plus de lésions sur les trayons, note Philippe Pottié. Il est donc utile d’identifier le taux d’infection des primipares, en utilisant les résultats du premier contrôle laitier post-vêlage et en y associant des bactériologies. Il faut qu’au moins 80 % des primipares aient moins de 150 000 cellules par millilitre. » Si les primipares sont déjà infectées avant vêlage, la maîtrise des lésions sur les trayons (abcès, verrues, thélites…), une meilleure gestion de l’immunité, la désinfection des trayons avant mise bas ou un protocole de vaccination avant le premier vêlage sont conseillés. De plus, en période sèche, le risque de nouvelles infections au staphylocoque doré est très faible. « Il y a cependant un risque les premiers jours, que l’on peut supprimer avec un obturateur interne, précise Philippe Pottié. Le tarissement est aussi la meilleure période pour traiter les vaches infectées, ce qui limite le risque de mammites sur la lactation suivante. »

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