La mention "fromage fermier " sera possible en cas d'affinage à l'extérieur de la ferme
La règle d'étiquetage des fromages fabriqués à la ferme puis affinés à l'extérieur de la ferme, va changer. L'assemblée nationale, puis le sénat le 4 mars dernier, ont entériné la possibilité de les étiqueter "fermiers". Un assouplissement qui nourrit des craintes.
La règle d'étiquetage des fromages fabriqués à la ferme puis affinés à l'extérieur de la ferme, va changer. L'assemblée nationale, puis le sénat le 4 mars dernier, ont entériné la possibilité de les étiqueter "fermiers". Un assouplissement qui nourrit des craintes.
Avant cette nouvelle disposition règlementaire, seuls les fromages fabriqués à la ferme (avec le lait de la ferme), affinés à la ferme et vendus par l'éleveur pouvaient arborer la mention "fermier" sur leur emballage. Il y avait une tolérance pour certains fromages AOP dont l'affinage à l'extérieur de la ferme est traditionnel. Et leur cahier des charges encadre cette pratique.
Encore des décrets à paraître
Cette nouvelle disposition ouvre la possibilité pour tout fromage fabriqué à la ferme et affiné à l'extérieur d'être estampillé "fermier". Il reste des décrets d'application à venir, pour préciser cette nouvelle disposition, notamment sur l'information du consommateur (nom du producteur sur l'étiquette...) et sur les "usages traditionnels" (les conditions d'affinage).
Un intérêt pour certains projets fermiers
Ce texte présente un intérêt pour "plus de 10% des producteurs fermiers [qui] ont choisi d'affiner à l'extérieur leurs fromages fermiers (dits "en blanc" NDLR) dans des situations et des circuits très divers", selon la FNPL (fédération nationale des producteurs de lait) et la Fnec (fédération nationale des éleveurs de chèvres). "Qu'ils soient en AOP ou non, que ce soit pour tout ou partie de leurs fromages fermiers, pour une période de l'année ou toute l'année, en structure d'affinage collectif ou non, des producteurs laitiers fermiers ont fait ce choix."
Des risques de dérives et de concurrence déloyale
Mais en l'état actuel du texte, cette nouvelle disposition fait craindre des dérives, avec l'arrivée de gros opérateurs affineurs qui pourraient profiter de la valeur du terme "fermier", galvauder la mention fermière avec des produits standardisés, selon l'Association nationale des producteurs laitiers fermiers (ANPLF) - 5 700 producteurs. "Nous avons senti une pression pour que ce texte soit d'application large. Nous voulions restreindre cette extension de la mention "fermier" aux fromages AOP et IGP, parce qu'ils ont des cahiers des charges encadrant la pratique de l'affinage à l'extérieur. Par ailleurs, nous sommes favorables aux ateliers collectifs d'affinage, à condition que ces structures ne regroupent que des producteurs dirigées par eux, et n'affinent que leurs fromages fermiers. Enfin, nous demandons que l'étiquetage mentionne obligatoirement le nom de l'éleveur", développe l'association.
L'ANPLF craint avec l'arrivée de gros opérateurs affineurs une concurrence déloyale et le risque de confusion pour le consommateur, entre les "véritables" fromages fermiers et des fromages fermiers affinés à l'extérieur standardisés. "Pour les producteurs fermiers, le risque est qu'ils se voient concurrencés par de gros opérateurs qui ont tendance à baisser la valorisation des produits (...)."