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La ferme de Trévarez a réduit ses émissions de 15 %

De 2018 à 2022, la station expérimentale de Trévarez a réduit de 15 % les émissions de gaz à effet de serre du troupeau conventionnel, tout en augmentant la production de lait.

Le développement du pâturage a contribué à réduire les apports de correcteur azoté.
Le développement du pâturage a contribué à réduire les apports de correcteur azoté.
© Chambre d'agriculture de Bretagne

De 2018 à 2021, les émissions de gaz à effet de serre de la ferme expérimentale de Trevarez ont diminué de 15 %, passant de 0,97 kg éq. CO2/l de lait corrigé à 0,83 kg éq. CO2/l de lait corrigé. Dans le cadre du programme Strace et du projet européen Dairy 4 Future(1), la station expérimentale de Trévarez, dans le Finistère, a en effet testé différents leviers pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du troupeau conventionnel de 125 vaches laitières prim’Holstein disposant de 130 hectares de SAU. « L’idée était de mettre au point un système bas carbone représentatif de la Bretagne, avec 25 ares de pâturage par vache laitière et une production de 8 000 kilos de lait par vache » précise Tanguy Bodin, de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Un levier a été d’abaisser l’âge au premier vêlage, avec pour objectif 24 mois. Les expérimentateurs ont travaillé à améliorer la croissance des animaux de la naissance à l’insémination. Pour cela, ils apportent une plus grande vigilance aux nettoyages-désinfections et mettent en place un vide sanitaire entre les lots de vêlages d’automne (65 % des vêlages) et les lots de printemps (35 % des vêlages). « Quand les vêlages sont étalés, il n’est pas toujours facile de faire un grand vide sanitaire, admet Tanguy Bodin. Mais il faut bien nettoyer et désinfecter, faire un vide dès que c’est possible, faire des analyses en cas de diarrhées pour adapter le traitement et la prévention… »

Augmenter le concentré pour les génisses

 

 
L’alimentation et le suivi des génisses sont déterminants pour abaisser l’âge au premier vêlage.
L’alimentation et le suivi des génisses sont déterminants pour abaisser l’âge au premier vêlage. © Chambre d'agriculture de Bretagne

 

La complémentation des veaux de 0 à 6 mois a également été revue, avec un passage en ration sèche et l’augmentation des quantités de concentré de 4 à 6 mois. Les génisses sont pesées régulièrement pour ajuster l’alimentation et décider du moment de la mise à la reproduction, à partir de 380 kg. L’âge au premier vêlage est ainsi passé de 26,7 mois à 24,7 mois, avec une augmentation du concentré de 100 kg par génisse, mais une diminution de 660 kg MS de fourrages par génisse du fait de l’abaissement de l’âge au vêlage.

« L’alimentation des génisses est restée basée sur 80 % d’herbe, avec 500 kilos de concentré par génisse de la naissance au premier vêlage, précise Tanguy Bodin. Malgré l’augmentation du concentré, l’empreinte carbone a diminué. Pour abaisser l’âge au vêlage, il faut trouver le bon compromis entre l’amélioration des performances techniques et la maîtrise du coût alimentaire et de l’empreinte carbone. »

Limiter le correcteur

Un autre levier a été la limitation du correcteur azoté au simple équilibre de la ration. « Le concentré de production avait été arrêté en 2018 car des études sur la ferme avaient montré qu’il avait une faible efficacité. Au mieux 0,8 litre de lait par kilo de concentré, indique Tanguy Bodin. Son apport doit être réfléchi selon le prix du lait et celui des concentrés. Il peut être intéressant de faire l’analyse de sa « bouteille de lait » pour évaluer la rentabilité des derniers litres produits avec les concentrés. »

La baisse du correcteur a été rendue possible par le développement du pâturage et des légumineuses dans les prairies (ray-grass anglais – trèfle blanc pour le pâturage, ray-grass hybride – trèfle violet pour la fauche), par des coupes précoces…

Passer au colza

 

 
Le passage du tourteau de soja au tourteau de colza permet de réduire l’empreinte carbone.
Le passage du tourteau de soja au tourteau de colza permet de réduire l’empreinte carbone. © Chambre d'agriculture de Bretagne

 

La ferme a également substitué le tourteau de soja par du tourteau de colza, à plus faible impact carbone du fait notamment de la déforestation liée au soja. « Le passage du soja au colza se fait parfois pour des raisons économiques, parfois à la demande de laiteries souhaitant proposer du lait sans OGM, constate Tanguy Bodin. Il ne présente pas de défi technique majeur. Il nécessite seulement d’avoir un peu plus de place de stockage, car il faut 1,5 kg de tourteau de colza pour avoir la même valeur PDIN que 1 kg de tourteau de soja. » À Trevarez, le correcteur azoté a été limité à 89 g/l, soit 690 kg de tourteau de colza par vache laitière.

Baisse des émissions

La station a aussi planté des haies, généralisé l’implantation de prairies temporaires dans les rotations et optimisé la valorisation des effluents d’élevage pour diminuer les apports d’engrais minéraux, le bilan apparent de l’azote sur l’exploitation passant de 100 à 71 UN/ha de SAU.

Le stockage de carbone a légèrement augmenté, de 0,10 à 0,12 kg éq. CO2/l de lait corrigé. Au final, l’empreinte carbone nette est passée de 0,87 à 0,71 kg éq. CO2/l de lait corrigé, avec une production en 2021 de 8 036 kg de lait par vache laitière.

« Nous allons maintenant calculer l’impact économique et sur le travail de ces évolutions, indique Tanguy Bodin. Mais des études montrent déjà que les exploitations à faibles émissions de gaz à effet de serre ont des charges opérationnelles réduites. »

(1) Programmes menés conjointement par la chambre d’agriculture de Bretagne et l’Institut de l’élevage.

Le saviez-vous ?

La ferme de Trévarez teste actuellement une ration hivernale à base d’ensilage d’herbe avec pour objectif de diminuer de 10 % les émissions de gaz à effet de serre. Une ration à base d’ensilage d’herbe à volonté, avec 5 kg de maïs épi et 1 kg de colza, est comparée à la ration classique basée sur de l’ensilage de maïs à volonté, avec 4 kg d’ensilage d’herbe et un correcteur azoté (colza) apporté à raison d’environ 260 g/kg de maïs selon la qualité du maïs. Les résultats finaux seront connus d’ici l’été 2023.

Réduire les émissions de méthane par la ration hivernale

Une autre piste testée à Trévarez porte sur une ration hivernale à base d’herbe et avec moins de concentré.

 

 
Les émissions de méthane et CO2 sont mesurées en continu grâce au système GreenFeed, DAC dans lequel l’air est aspiré au niveau des naseaux et de la bouche de l’animal quand il consomme les aliments.
Les émissions de méthane et CO2 sont mesurées en continu grâce au système GreenFeed, DAC dans lequel l’air est aspiré au niveau des naseaux et de la bouche de l’animal quand il consomme les aliments. © Chambre d'agriculture de Bretagne

 

La ferme de Trévarez teste une ration hivernale à base d’ensilage d’herbe dans le cadre du projet Agriculture Bas Carbone for Dairy farms, avec pour objectif de diminuer de 10 % les émissions de gaz à effet de serre.

Une ration à base d’ensilage d’herbe à volonté, avec 5 kg de maïs épi et 1 kg de colza, est comparée à la ration classique basée sur de l’ensilage de maïs à volonté, avec 4 kg d’ensilage d’herbe et un correcteur azoté (colza) apporté à raison d’environ 260 g/kg de maïs selon la qualité du maïs. « L’idée de conserver du colza dans la ration était d’attirer les vaches vers les DAC qui sont équipés de dispositifs mesurant les émissions de méthane entérique » explique Claire Vétélé, de la chambre d’agriculture de Bretagne.

Une production variable selon la qualité de l’herbe

En 2021-2022, l’herbe a été abondante mais de qualité médiocre. « Le taux de MAT dans l’ensilage d’herbe n’était que de 11-12 % », précise l’expérimentatrice. Les taux (TB, TP) ont été similaires avec les deux rations, mais la production de lait n’a été que de 21,6 kg par jour avec la ration à base d’ensilage d’herbe, contre 29,6 kg avec la ration classique à base d’ensilage de maïs, le manque d’azote n’ayant pas été compensé. En 2022-2023, la qualité de l’herbe est meilleure, avec en moyenne 16-17 % de MAT, les résultats devraient donc être différents. « Il y a une variabilité importante de la qualité de l’ensilage d’herbe selon les années, d’où l’importance de répéter les expérimentations » souligne Claire Vétélé. Les résultats finaux seront connus d’ici l’été 2023.

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