La bonne conduite à tenir face à une mammite simple
Pas de risque de passer à côté de cette vache traitée pour une mammite. Rappel des bonnes pratiques à mettre en œuvre face à un quartier plus gros que d’habitude, douloureux, un peu chaud et du lait avec de petits grumeaux.
Pas de risque de passer à côté de cette vache traitée pour une mammite. Rappel des bonnes pratiques à mettre en œuvre face à un quartier plus gros que d’habitude, douloureux, un peu chaud et du lait avec de petits grumeaux.
Au cours d’une séance de fouille, je tombe sur cette petite vache bien décorée. La taille de son quartier barbouillé laisse peu de place à l’hésitation. « Il faut bien ça oui, on a eu un problème d’inhibiteurs sur le tank ! La laiterie nous est tombée dessus. »
Intéressons-nous à la vache avant de rebondir sur le tank. Orangina a présenté une mammite assez classique : quartier plus gros que d’habitude, douloureux, un peu chaud, et lait avec de petits grumeaux. Les signes d’appels d’une mammite grave ne sont pas présents : pas de lait d’aspect bière ou lie de vin, pas de quartier froid/bleuté, pas de fièvre élevée, pas de baisse d’appétit. Un traitement local est donc suffisant.
Un traitement local complet
Le point de départ dudit traitement devrait être la traite fréquente, geste simple qui pourrait suffire à la guérison. Un seul problème : le temps ! Revenir plusieurs fois dans la journée, vider le quartier atteint à la main ce qui suppose d’attacher la vache, prévoir un seau, éviter qu’il se renverse pour ne pas contaminer la litière… c’est prenant et pas toujours compatible avec les journées bien chargées ! À défaut, il faut bien traire : la mammite provoque de la douleur et la vache peut avoir du mal à donner son lait. Une faible dose d’ocytocine peut favoriser une meilleure vidange de la mamelle.
Il convient ensuite de s’occuper de l’inflammation et de l’éventuelle infection. Tous les tubes intramammaires contiennent un (ou des) antibiotique(s), mais pas tous un anti-inflammatoire. L’allure du quartier, plus ou moins induré, et la douleur de la vache peuvent être des critères de choix. On peut éventuellement faire un anti-inflammatoire injectable en complément ou utiliser une pommade décongestionnante. Si l’élevage est très peu sujet aux mammites, on veillera juste à ne pas utiliser un antibiotique critique. Si les mammites sont un problème récurrent, il faut par contre réaliser des prélèvements de lait pour identifier le germe en cause, et prendre des mesures au niveau de la traite et/ou du logement des vaches, définir le spectre de l’antibiotique à privilégier. Les protocoles de traitement varient d’un tube à l’autre. Il est impératif de bien se fier à l’AMM : nombre de tubes par jour, durée d’administration, et délai d’attente associé.
C’est souvent ce dernier point qui pêche. Et qui a posé problème à cet éleveur. Une autre vache a eu une mammite légère, a été traitée aux antibiotiques et remise trop tôt au tank par inadvertance. Pour limiter ce risque, il faut :
- identifier clairement les vaches en traitement ou en délai d’attente, avec un classique bandeau à un postérieur, ou un tag de la mamelle. Les plus organisés ont même trois couleurs de bracelet : période colostrale, sous traitement antibiotique, sous délai d’attente… ;
- noter sur un tableau en salle de traite les traitements en cours et les délais d’attente, surtout les dates de début/fin. Cela évitera de devoir aller chercher l’ordonnance ou le carnet sanitaire dans lequel doivent être notifiés tous les traitements mammites réalisés.
Les principales raisons de présence d’inhibiteurs dans le lait de tank
- Une vache remise au tank pendant le traitement/délai d’attente ;
- une vache qui a avorté/vêlé précocement (délai d’attente du tube intramammaire reçu au tarissement) ;
- dans les troupeaux à petit effectif ou une faible production, une erreur type « bombe bleue avec antibiotiques sur la mamelle » ;
- un mauvais rinçage de la machine à traire : un inhibiteur est un produit qui limite la prolifération des bactéries. Les désinfectants utilisés pour nettoyer la machine, mal rincés, peuvent jouer ce rôle-là ;
- et pourquoi pas la présence d’huiles essentielles, notamment si plusieurs vaches sont traitées simultanément ! Elles contiennent des molécules qui ont une action sur la croissance bactérienne. Peu d’études sont disponibles sur la quantité de résidus retrouvés dans le lait lors de leur application sur la mamelle.
A retenir
S’assurer de l’absence de signes de gravité
Désinfecter le trayon avant administration d’un tube
Identifier la vache et noter le traitement
Respecter le délai d’attente