La Blanche Maison expérimente le tableau de bord connecté
La ferme expérimentale de la Blanche Maison teste, depuis 2021, un tableau de bord connecté où se retrouvent, dans une même interface, des données de l’exploitation afin d’optimiser sa gestion. Mais il s’agit encore d’un prototype.
La ferme expérimentale de la Blanche Maison teste, depuis 2021, un tableau de bord connecté où se retrouvent, dans une même interface, des données de l’exploitation afin d’optimiser sa gestion. Mais il s’agit encore d’un prototype.
« Nous estimons que les agriculteurs utilisent entre 15 et 20 outils et services pour piloter leur exploitation, avec identifiant et mot de passe », estime Pierre Cordel, chargé du projet TBC (tableau de bord connecté) à la chambre d’agriculture de Normandie. Alors, pour simplifier les choses, la chambre et la ferme expérimentale de la Blanche Maison testent le tableau de bord connecté. C’est une interface sur laquelle l’agriculteur se connecte une fois et retrouve toutes les données de son exploitation. « Le tableau de bord doit être un outil qui donne une vision globale des données qui servent à piloter la ferme », poursuit Pierre Cordel.
« À la Blanche Maison, nous comptons une trentaine d’accès avec identifiants et mots de passe, chiffre Lucie Morin, directrice de la ferme expérimentale. L’idée du tableau de bord, c’est de tout regrouper et d’ouvrir le matin les applications afin d’avoir une vision globale des données produites sur le plan technique, administratif et économique pour le pilotage de la ferme. » Dans la Manche, la ferme expérimente un prototype depuis 2021.
Quatre fournisseurs connectés à la Blanche Maison
« Nous avons réussi à connecter quatre services : les colliers de détection de chaleur, la station météo, les résultats d’analyse de lait et le boitier de suivi de matériel », annonce Pierre Cordel. Concrètement, le tableau de bord a deux niveaux d’information. « Une première interface présente une mosaïque de carrés. Chaque carré est une donnée, une information. Par exemple, le nombre de vaches en chaleur. Si je clique dessus, je vais avoir plus d’information comme le numéro des vaches, à quelle heure elles ont été détectées, etc. Une deuxième interface m’amène sur mon compte de la plateforme connectée », décrit encore Pierre Cordel.
Vers un module de trésorerie
Seulement, avec juste quatre fournisseurs intégrés au tableau de bord, « ce n’est pas optimal, concède Lucie Morin. Au quotidien, ce n’est pas ce que l’on utilise pour définir la stratégie la ferme. Nous nous en servons pour l’expérimentation mais le tableau de bord aura plus d’intérêt quand tous les services seront dedans ».
Dans cette optique, « nous avançons sur un module de trésorerie. Les factures de la Blanche Maison sont numérisées. L’idée c’est qu’elles soient lues par une intelligence artificielle pour que, dans le module du tableau de bord, nous puissions voir en temps réel les comptes de l’exploitation, les factures en attente, le budget opérationnel, le suivi des codes comptables… Nous sommes en phase de développement et le projet promet des choses intéressantes, même si ce n’est pour l’instant pas déployable à grande échelle ».
« Nous avons prouvé que le prototype fonctionne »
« Le premier prototype du tableau de bord connecté a bien fonctionné à la Blanche Maison. Nous avons prouvé que c’est faisable. Mais pour qu’il y ait un intérêt à continuer de le développer, il faut que d’autres outils et services connectés intègrent le projet comme infolabo, Interbev, Télépac (mais cela risque d’être compliqué), idem avec les banques, les équipementiers, les différentes applis… », liste Pierre Cordel. Parmi les partenaires, la Chambre compte aussi sur Agdatahub, pour sécuriser l’accès aux données.
Le projet TBC entre aussi en phase de test chez une dizaine d’élus de la Chambre d’agriculture régionale en septembre et chez des agriculteurs membres de groupes partenaires (OP Mont Blanc, Maîtres laitiers du Cotention, …). La phase de test dure jusqu’à fin décembre, le projet bénéficie de fonds Feader jusqu’à fin janvier. « En janvier, nous compilerons les données. L’EM Normandie doit réaliser une étude de marché. » Lucie Morin de conclure : « Notre mission est de définir ce dont nous avons besoin, ce que l’on veut en petit ou en grand pour piloter la ferme au quotidien. À nous de construire, à la carte, un environnement de services, car toutes les exploitations sont différentes et travaillent avec divers fournisseurs de services ».
Trouver les portes d’entrée chez les fournisseurs de service
« L’interface Major a été développée par Orange, dans l’objectif de rassembler des données au même endroit, grâce à un système d’API, un canal qui permet à deux ou plusieurs applications d’échanger entre elles, explique Pierre Cordel. Nous avons réalisé un prototype à la Blanche Maison courant 2021. Nous avons d’abord listé et contacté les fournisseurs d’outils et services connectés pour leur expliquer le projet et que leurs équipes techniques ouvrent des API. Légalement, les entreprises qui gèrent les données doivent développer des API à quiconque souhaite les utiliser, car c’est obligatoire de partager les données avec ceux qui les créent. Mais le plus difficile est de trouver les bonnes portes d’entrée chez les fournisseurs. » Conséquence, le TBC en test à la Blanche Maison ne compte que quatre services. « Les fermes expérimentales de Derval et des Etablières sont partantes pour intégrer le projet. L’intérêt de travailler avec les fermes expérimentales, c’est qu’elles ont déjà les contacts au sein d’entreprises car elles testent régulièrement ».