Installation : « J’ai facilement trouvé ma place dans le Gaec grâce à la reconnaissance de mes compétences »
Comme toute entreprise, le Gaec du Pin des Landes connaît départs et arrivées. Transparence, écoute et confiance aident chaque nouvel arrivant à trouver sa place dans la structure.
Comme toute entreprise, le Gaec du Pin des Landes connaît départs et arrivées. Transparence, écoute et confiance aident chaque nouvel arrivant à trouver sa place dans la structure.
Au Gaec du Pin des Landes, en Loire-Atlantique, quatre tiers semble être la recette d’un Gaec bien équilibré. En 1986, Alain Bretin constitue le Gaec avec ses parents. Après leur départ en retraite, il continue de travailler en Gaec, désormais en dehors de la sphère familiale. « Il y a eu jusqu’à sept associés, avec différentes productions », retrace Axel Naulin, l’un des quatre associés actuels. Puis le Gaec s’est recentré sur le lait.
« Au fil des années, il y a eu des mouvements, mais personne n’est parti fâché, plaisante Axel Naulin. Nous n’avons pas de liens familiaux, juste professionnels. Cela rend plus simple d’accepter un départ pour mener d’autres projets. Comme Matthias qui voulait passer en bio. La structure de l’exploitation ne s’y prêtait pas, il a concrétisé son projet ailleurs. C’est suite à son départ que je me suis installé. »
Aujourd’hui, le Gaec compte quatre associés sans aucun lien familial : Cédric Tauton, 49 ans, installé depuis 2005 ; Fabien Jaunet, 41 ans, installé en 2010 ; Axel Naulin, 25 ans, installé en 2019, et le dernier installé, Romain Bossis, 30 ans, arrivé le 1er avril 2022.
Fiche élevage
Gaec du Pin des Landes
4 associés
120 VL
1,2 millions de litres de lait produits
220 hectares
Se former à la communication
Pour que le Gaec retrouve son équilibre, il faut que le nouvel associé trouve sa place. Cela commence par le partage des responsabilités et des décisions. Alors que Cédric et Fabien travaillaient ensemble depuis plusieurs années, Axel, puis Romain, ont dû faire leur place dans le Gaec. « C’est tout l’intérêt du stage de parrainage, assure Axel. Vérifier qu’on s’entend bien, qu’on peut travailler ensemble, qu’on a les mêmes objectifs pour l’exploitation. »
Les deux jeunes ont aussi profité de cette période pour mettre toutes les cartes sur la table et parler non seulement des orientations techniques de l’exploitation mais aussi horaires, répartition des astreintes, rémunération, prise de décisions… « Cela s’est bien passé, car nos futurs collègues ont été transparents. Pour préparer notre installation, nous avons eu accès à tous les chiffres, économiques et techniques de l’exploitation. Cette transparence et ces discussions créent un climat de confiance », apprécie Axel.
Pour cultiver cette confiance et garder de bonnes relations dans la durée, les associés ont pris le temps de suivre une formation à la communication proposée par leur centre de gestion, au moment de l’installation de Romain. « Nous avons analysé nos profils, nos façons de voir les choses, retrace Axel. Cela nous a permis de mieux nous connaître et de comprendre comment les autres fonctionnent. C’est intéressant pour mieux travailler et décider ensemble. »
Valoriser les compétences de chacun
Autre facteur facilitant l’intégration, à chaque installation, les associés prennent le temps d’échanger sur le partage des tâches et des responsabilités et n’hésitent pas à rebattre les cartes, « pour tenir compte des compétences et des goûts de chacun ».
« Quand je me suis installé, on a revu des choses dans la répartition des tâches pour que je puisse prendre des responsabilités sur l’élevage, apprécie Axel. À l’arrivée de Romain, comme il avait un profil cultures comme Alain, il a repris ses missions. »
Valoriser les compétences est un élément clé pour qu’un nouvel associé se sente pleinement à sa place. « Dans mon précédent travail, nous sondions les veaux pour l’apport de colostrum. Comme cela me semblait efficace, j’ai suggéré qu’on le fasse, témoigne Axel. J’ai aussi proposé qu’on passe les veaux en cases collectives le lundi plutôt que le vendredi, parce que ça faisait plus de choses à gérer pour ceux qui étaient de week-end. Que mes propositions soient acceptées a contribué à ce que je sente que je faisais partie du Gaec à part entière. »
Parler d’argent
Si parler organisation et répartition du travail est nécessaire, il faut aussi parler d’un sujet, qui peut devenir irritant : les finances. « Nous avons tous le même pourcentage de parts sociales et la même rémunération, précise Axel. Nous sommes sur un pied d’égalité. Nous avons le même poids dans une décision d’investissement. Il faut qu’on arrive à se mettre d’accord. »
Le Gaec s’engage à favoriser l’installation en prenant à sa charge les frais d’installation. « On s’engage à les rembourser si le départ est prématuré, explique Axel. L’engagement pour favoriser l’installation est écrit dans nos statuts, avec un montant de la reprise des parts sociales raisonnable pour pouvoir installer de nouveaux associés facilement. »
En Gaec familial ou en Gaec entre tiers, aider un nouvel associé à trouver sa place
Dans un Gaec familial, la proximité, l’implication dans l’élevage souvent dès le plus jeune âge facilitent l’accueil du nouvel associé, dans une certaine continuité. Il y a une connaissance mutuelle, une habitude de travailler ensemble, la connaissance de l’exploitation, de son historique qui facilitent la prise de poste du jeune. Au niveau économique, des parents peuvent faciliter l’installation par certains mécanismes comme des donations.
Dans un Gaec entre tiers, les nouveaux associés devront apprendre à se connaître et à travailler ensemble. Les aspects économiques, l’organisation du travail seront traités sans affect, dans une approche plus « entreprise » et avec plus de dissociation entre vie professionnelle et vie personnelle. « C’est peut-être plus facile de s’entendre quand on n’est pas de la même famille, estime Axel Naulin. On fait plus d’efforts pour respecter la place de chacun. On ne fonctionne pas par habitude. »
Activer tous ses réseaux de connaissances pour trouver la perle rare
Pas toujours simple de trouver un nouvel associé. Même pour un ancien stagiaire ou apprenti, le stage de parrainage est incontournable.
À chaque épisode de départ/installation, le Gaec a activé tous ses réseaux de connaissances. Notamment, celui des anciens apprentis et stagiaires. « Il y en a toujours eu sur la ferme. Nous avons été formés comme ça alors nous rendons la pareille », explique Axel, qui a effectué son alternance de bac pro sur l’exploitation. À l’annonce du départ de Matthias, les associés l’ont contacté pour savoir si ça l’intéresserait de rejoindre le Gaec. « J’ai dit oui car je savais que leur conception du métier me correspondait, explique Axel. J’ai quand même effectué un stage de parrainage pour confirmer qu’on s’entendait bien en tant qu’associés. »
Faire appel au RDI
Puis, quand Alain a annoncé son prochain départ en retraite, les associés n’ont pas trouvé de connaissance qui aurait pu les rejoindre. Ils ont donc élargi leur champ de recherche. Conseillés par la chambre d’agriculture, les associés ont réalisé une vidéo de présentation de l’exploitation. Cette vidéo et leur annonce ont été diffusées sur le Répertoire départ installation (RDI). Un répertoire auquel s’est inscrit Romain. Le jeune homme était alors salarié mais souhaitait s’installer. Quand il a vu la vidéo, il a découvert une installation où concrétiser son projet. Qui plus est près de chez lui. Après un contrat de parrainage, Romain a rejoint le Gaec en avril 2022.