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Installation en lait : « J’ai pris le temps de trouver la bonne exploitation, à 145 000 euros »

En Bretagne, Christophe Schilliger a visité 25 fermes laitières avant de trouver celle de ses rêves pour s’installer en individuel : 47 hectares en production bio 100 % herbagère.

Christophe Schilliger, éleveur en Ille-et-Vilaine : « Bien que j'ai extensifié encore le système, je dégage le revenu calculé dans mon dossier d'installation : 18 000 ...
Christophe Schilliger, éleveur en Ille-et-Vilaine : « Bien que j'ai extensifié encore le système, je dégage le revenu calculé dans mon dossier d'installation : 18 000 euros par an. »
© C. Julien

Depuis avril 2021, Christophe Schilliger est éleveur. À Bourg-des-Comptes, en Ille-et-Vilaine, il a repris l’exploitation de Bernard Feutelais qui compte 47 hectares en production bio, tout en herbe. À l’époque, il y avait un troupeau de 40 vaches et leur suite.

Cette ferme correspondait totalement à celle de ses rêves. « Je voulais travailler seul, en bovin lait bio, dans un système extensif, avec un maximum d’hectares accessibles. L’idéal pour moi était 40 vaches sur 50 hectares, explique le jeune éleveur. Il fallait aussi que la ferme soit dans un rayon de 30 km autour de Rennes pour que ma compagne puisse trouver du travail dans son domaine. Et qu’il y ait une maison disponible. »

Trouver le juste prix

Après négociation, il est parvenu à se mettre d’accord avec le cédant sur le montant de la transaction. « Je me suis basé sur le potentiel de production, qui est autour des 130 000 litres en 100 % herbe et double traite », explique Christophe Schilliger.

Les bâtiments sont relativement récents et opérationnels, avec un couchage sur aire paillée et une aire d’exercice découverte. La salle de traite est aussi fonctionnelle.

« J’ai proposé 120 000 euros, un peu moins que ce qu’avait envisagé le cédant qui, en contrepartie a vendu du matériel dont je ne voulais pas », détaille l’éleveur.

Pour avoir en propriété l’emprise du siège d’exploitation, Christophe Schilliger a aussi repris 7 hectares. Le restant du foncier, dont 17 hectares appartiennent au cédant, est en fermage. Dans le contexte de 2020, avec des taux bas, une croissance de la consommation de lait bio, « la banque m’a suivi, apprécie Christophe Schilliger. Ce qui n’aurait peut-être pas été le cas dans le contexte actuel ».

Prendre le temps, quitte à perdre des aides

Mais avant d’en arriver là, le parcours de Christophe Schilliger a duré plus de dix ans, à partir du moment où il a changé d’orientation professionnelle, après avoir travaillé une dizaine d’années dans l’aéronautique. Le jeune homme a enchaîné une expérience en paysagisme et un BTS Acse agrobiologie. Christophe Schilliger songe alors à s’installer. Pendant cinq années de travail salarié en élevage, il développe de l’expérience et cherche une ferme.

Pour trouver l’exploitation de ses rêves, il prend contact avec le réseau des Civam et la Confédération paysanne, il échange avec d’autres porteurs de projet. Ce qui lui permet d’affiner son projet et de se faire une meilleure idée des exploitations disponibles et des prix.

Il visite 25 fermes. « J’ai préféré attendre la bonne ferme plutôt que de m’installer sur une structure qui ne correspondait pas à mon projet, même si cela a repoussé mon installation après mes 40 ans, et m’a donc empêché d’avoir accès à une partie des aides à l’installation. »

Un système ultra-économe

Puis, deux ans se sont écoulés entre le premier contact avec le cédant et la transmission. Cette période a permis à Christophe Schilliger de finaliser son projet et d’apprendre à connaître son exploitation. « J’ai travaillé avec Bernard, je l’ai remplacé pendant ses congés un été. Puis pendant les quatre mois avant mon installation, je venais travailler avec lui deux jours par semaine. »

Aujourd’hui, Christophe Schilliger parvient à se dégager 18 000 euros de revenu annuel, ce qui correspond à ce qu’il avait calculé dans son dossier d’installation, même s’il a adapté le système. « Mon cédant achetait du fourrage. J’ai préféré réduire l’effectif pour me caler sur les hectares accessibles. » Pour alléger son temps de travail, il est passé en monotraite. « Je livre 90 000 litres avec une trentaine de vaches. Je m’y retrouve car j’ai très peu de charges. »

Chiffres clés

L’installation

145 000 € d’investissement en bâtiments, cheptel, une partie du matériel et 7 hectares

12 000 € d’aides à l’installation (conseils départemental et régional, collecteur Biolait)

Les résultats en 2022

87 000 € de produits

38 000 € d’EBE

19 000 € d’annuité

18 000 € de revenus et une marge de sécurité de 1 000 €

Garder une marge de sécurité

« L’acquisition de l’exploitation à un prix raisonnable m’a permis de garder une certaine capacité d’investissement », apprécie Christophe Schilliger, qui a acheté une dérouleuse pailleuse à 9 000 €, un surpresseur pour nettoyer la salle de traite à 3 600 €. « Mon plus gros investissement a été de faire les chemins et le réseau d’eau dans les pâtures. Cela m’est revenu à 14 000 €. »

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