Chez Philippe Vanneste, dans l'Yonne
"Heureusement que j’ai anticipé mes stocks fourragers"
« Notre région a été particulièrement touchée par la sécheresse l’été dernier. Sur une partie de l’exploitation, on n’a pas eu une seule goutte d’eau entre juillet et octobre. Ça devient vraiment compliqué pour les cultures de printemps. Le maïs est l’un des piliers de notre système intensif économe ; il représente la moitié de la surface fourragère. Les bonnes années, on sort 10 à 12 tMS/ha sur nos limons à silex mais, depuis quelques années, ses rendements deviennent assez aléatoires. Malheureusement, je pense qu’il va falloir s’y habituer… Sur la dernière campagne, on n’a récolté que 5 tMS/ha. Et encore, parce que nous avons eu la chance d’avoir un orage (100 mm en 2 heures) sur certaines parcelles plus éloignées. Il y a trois ans, les rendements avaient plafonné à 4 tMS/ha, j’ai dû acheter du maïs sur pied pour la première fois de ma carrière. La facture avait été salée (15 000 €).
Pour ne plus me retrouver dans cette situation, je sème du méteil à base de triticale, avoine, vesce, pois et féverole, entre le blé et le maïs. Je réserve désormais le maïs ensilage uniquement aux laitières et les génisses reçoivent une ration 100 % méteil (0,68 UF/kg MS et 14,7 % MAT). Comme pour l'instant il va aux élèves, je privilégie le volume à la valeur.
Le maïs ne suffit plus pour sécuriser les stocks fourragers. Je préfère miser davantage sur les récoltes de printemps car je suis sûr de faire du rendement : 4-5 tMS/ha en ensilage d'herbe et 7-8 tMS/ha en méteil. D’ailleurs, cette année, je vais encore augmenter la surface en méteil pour passer à 15 hectares. À terme, les vaches en auront aussi. L'ensilage d'herbe et le méteil représenteront la moitié de leur régime.
Finalement, cet hiver je m’en suis bien sorti. Les vaches ont bien produit. Elles ont reçu deux tiers de maïs ensilage, un tiers d’ensilage d’herbe, 5 kg de tourteau de colza et 1,5 kg de maïs grain humide. Mi-mars, il me restait encore un tiers du silo de maïs. Ça devrait aller. Avec un peu de chance, j’espère pouvoir passer les vaches en pâturage intégral au printemps (30 ares/VL). »