Aller au contenu principal

Grands troupeaux : Avez-vous pensé au pâturage en lots?

Lorsque le parcellaire n’est plus adapté à un troupeau qui s’est agrandi, le pâturage en lots peut être une solution.

UNE ORGANISATION EN DEUX LOTS peut être
un moyen de contourner les difficultés
associées au pâturage d’un grand
troupeau.
UNE ORGANISATION EN DEUX LOTS peut être
un moyen de contourner les difficultés
associées au pâturage d’un grand
troupeau.
© A. Conté

Imbattable en termes de coût, et d’autant plus dans un contexte de renchérissement du prix des correcteurs azotés, le pâturage reste un moyen privilégié de maîtriser le coût alimentaire. « Au-delà d’une demi ration d’herbe pâturée, il est possible de se passer de correcteur azoté », rappelle ainsi Jean-Marc Seuret, du pôle Herbivores de la Chambre d’Agriculture de Bretagne.


Pourtant, avec l’agrandissement des troupeaux, ce pâturage a tendance à diminuer, voire à être supprimé. Une gestion en deux lots peut permettre de continuer à valoriser l’herbe pâturée, en contournant certaines craintes et difficultés liées au pâturage des grands troupeaux.


Ajuster l’alimentation des vaches au plus près de leurs besoins


Comme pour la conduite en lots en période hivernale, l’allotement se fait généralement en fonction du stade de lactation, de la date de mise à la reproduction et du niveau de production. Le lot « haut » comprend les vaches les plus productives, souvent en début de lactation,

Le lot bas rassemblant, lui, plutôt les laitières en deuxième partie de lactation ayant fécondé.


« L’idée est de pouvoir ajuster l’alimentation des vaches au plus près de leurs besoins. »

Le lot « bas » pâture avec une complémentation réduite ou sans complémentation si les conditions de pousse le permettent (et que l’éleveur peut distribuer du maïs à seulement une partie du troupeau sans risque d’échauffement).

Le lot « haut » bénéficie, lui, d’une distribution à l’auge plus importante adaptée à son niveau de production et à l’herbe disponible (en quantité et qualité).


Patrice Mounier, conseiller élevage à la Chambre d’agriculture de Haute-Loire, préconise le même type de démarche, mais en l’adaptant à des conditions structurelles et pédoclimatiques moins favorables au pâturage. « Dans le département, les parcellaires sont souvent morcelés avec une surface accessible limitée et des parcelles de petite taille, mal adaptées aux grands troupeaux. La faible pluviométrie estivale et la chaleur limitent également les possibilités de pâturage, ce qui se traduit souvent quand le troupeau s’agrandit par sa suppression complète. Le pâturage en lots constitue une alternative intéressante et crédible au zéro-pâturage. »

L’objectif est de continuer à profiter de l’herbe pâturée pour le lot « bas », le lot « haut » restant, lui, en bâtiment.


Moins de risque de matraquage des parcelles


Pour Jean-Marc Seuret, un autre intérêt du pâturage en lots est de permettre à des éleveurs dont les effectifs ont augmenté de continuer à pâturer sans forcément devoir immédiatement réorganiser leur parcellaire. « Même si, à terme, l’aménagement de ce parcellaire sera nécessaire pour bien valoriser l’herbe pâturée avec un grand troupeau », remarque le conseiller.


D’autant que le fait d’avoir deux lots de vaches traites au pâturage implique davantage de déplacements, même si — comme l’effectif est plus faible — chaque trajet prend un peu moins de temps.


Les éleveurs qui pratiquent le pâturage en lots mettent en avant un avantage au niveau de la traite, avec notamment un temps d’attente moins important pour les dernières vaches traites lorsque le troupeau est alloté.

Cette pratique réduit aussi le risque de matraquage des parcelles, exacerbé avec un grand troupeau en conditions humides.

Enfin, le pâturage en lots peut permettre de mieux valoriser l’herbe, en allongeant la période de pâturage du lot « bas ». « L’éleveur qui ne craint pas de pénaliser ses plus fortes laitières peut sortir plus tôt et/ou rentrer plus tard en saison les vaches plus avancées en lactation dont les besoins alimentaires sont moindres. »


Au niveau pratique, les observations du réseau breton « pâturage des grands troupeaux » montrent deux grandes options possibles pour le pâturage en lots :

- La première consiste à faire pâturer les deux lots sur les mêmes parcelles. Les vaches du lot « haut » passent d’abord en ne séjournant pas trop longtemps sur les parcelles ce qui leur permet de bénéficier d’une herbe jeune de très bonne qualité. Le lot « bas », éventuellement complémenté, passe ensuite pour bien valoriser toute l’herbe disponible. La difficulté majeure dans ce type de conduite est liée aux décisions de sortie des vaches. Les laitières du lot « haut » doivent être sorties de façon à laisser suffisamment d’herbe au lot « bas » qui doit finir de valoriser l’herbe présente sans pénaliser la repousse. Et la durée totale du cycle de pâturage doit être adaptée aux conditions de pousse.


- La seconde est d'attribuer à chaque lot des parcelles distinctes. Cette organisation peut, par exemple, permettre de tirer parti de prairies de qualité hétérogène. Les meilleures prairies sont réservées au lot « haut », les laitières du lot bas valorisant elles, les parcelles de moindre qualité ou présentant des contraintes particulières (humides ou au contraire séchantes…).


Une gestion plus complexe avec deux lots ayant chacun leurs surfaces dédiées


On peut également attribuer les parcelles les plus proches du bâtiment au lot « haut », les vaches du lot « bas » allant, elles, sur les parcelles les plus éloignées. « Cette option prend tout son intérêt si elle est associée à la pratique de la monotraite pour le lot bas, comme c’est le cas dans les pays avec des systèmes très pâturants comme la Nouvelle-Zélande. »


Ce type de conduite en deux lots ayant chacun leurs surfaces dédiées rend quand même la gestion du pâturage plus complexe, avec davantage de prises de décisions (changements de parcelles des différents lots, débrayage de paddock…) et nécessite donc une bonne motivation de l’éleveur.


Pour simplifier les choses et si le parcellaire s’y prête, il est possible d’envisager la conduite d’un des lots — plutôt le lot « haut » — en full grass.


Quelle que soit la mise en oeuvre choisie, le pâturage en lots nécessite de disposer d’un bâtiment adapté qui permette de différencier l’alimentation des deux lots en leur apportant une complémentation plus ou moins importante ou en n’en complémentant qu’un si les conditions s’y prêtent. L’organisation du bâtiment doit aussi permettre une bonne circulation des deux lots pour se rendre dans les prairies et à la salle de traite.

Avec une surface accessible limitée, envisager le pâturage à mi-temps


« Lorsque la surface accessible est limitée par rapport à la taille du troupeau, le pâturage à mi-temps peut être une solution intéressante », estime Patrice Mounier. « Prenons le cas, courant, d’un élevage de plus de 70 vaches disposant de 20 hectares accessibles en herbe. Cette surface ne permet pas, même au printemps, un pâturage seul. Par contre, l’éleveur peut tout à fait faire pâturer ses vaches 12 heures/jour, en leur distribuant une demi-ration à l’auge. Ce pâturage peut être réalisé en journée au printemps et la nuit pendant l’été, ce qui améliore le confort des vaches en évitant de les exposer aux fortes chaleurs. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">Daniel Rondeau (à gauche) est beaucoup plus serein depuis qu’il s’est réassocié avec Amaury Bourgeois et Raymond Papin (absent sur la photo). </em>
« Je me suis réassocié avec deux voisins, après avoir délégué l'alimentation et les cultures en Vendée »

Le Gaec Les 3 B, en Vendée, s’est constitué le 1er avril 2024. Daniel Rondeau s’est de nouveau associé, après…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière