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FrieslandCampina - « Être suffisamment forts pour s’imposer sur les marchés »

Épargner, investir et reverser les profi ts à ses adhérents. La coopérative néerlandaise avance sur les marchés mondiaux avec une ambition : « Créer l’entreprise laitière la plus attractive pour nos adhérents, nos salariés et nos clients ».

L’usine de Beilen aux Pays-Bas est spécialisée dans la production d’ingrédients.
L’usine de Beilen aux Pays-Bas est spécialisée dans la production d’ingrédients.
© FrieslandCampina

Quels sont les enjeux pour FrieslandCampina aujourd’hui ?
Piet Boer, président de FrieslandCampina - « Les Pays-Bas ont une longue tradition du commerce. Nous exportons les deux tiers de notre production de lait et ce, depuis des années. Il n’y a rien de nouveau. Mais aujourd’hui, il faut accepter les fortes variations des cours mondiaux et être assez résilient pour résister. En 2014, nous avons été a ectés à la fois par l’embargo russe, et par le ralentissement de la croissance économique en Afrique et en Asie. Par ailleurs, les taux de change avec les pays asiatiques ont eu un e et négatif sur les résultats de l’entreprise. Un euro cher, combiné avec les prix du lait élevés de début 2014, ont surenchéri le prix des produits sur les marchés. Nous avons trouvé de la croissance grâce à la nutrition infantile, particulièrement en Chine.

Ce contexte est source d’inquiétude dans les fermes néerlandaises. Les quotas étaient très chers et les investissements dans les bâtiments en ont pâti. La  n des quotas laitiers a envoyé le signal à nos adhérents que c’était le moment d’investir dans des installations pour produire plus dans de meilleures conditions. C’est l’une des raisons de la fusion de Friesland Foods et Campina en 2009. Nous savions que le monde allait changer en 2015 et nous voulions être prêts à répondre aux ambitions de nos adhérents. Pour eux, il y a un certain nombre de limites dues à la législation environnementale. Mais au sein de la coopérative, il n’y a pas de plafond de production. C’est pourquoi nous suivons de très près leur volonté de développement. Tous les ans, nous menons une enquête pour évaluer l’augmentation de la production. Elle est estimée à +20 % entre 2010 et 2020. »

Que faites-vous pour être là demain ?
P. B. - «Notre objectif n’est pas d’être les plus gros, mais nous nous posons la question : sommes-nous su samment forts pour être les meilleurs ? Nous sommes principalement présents en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient et y sommes bien positionnés. Nous travaillons beaucoup sur la valorisation de tous les composants laitiers. Nous avons investi 650 millionsd’euros en 2014 pour l’amélioration et l’augmentation des capacités de traitement de nos outils. Nous l’avons fait en anticipation de l’augmentation de la production de lait par nos adhérents. Depuis 2009, 2,5 milliards d’euros ont été investis, dont 1,8 milliard aux Pays-Bas. En 2015, nous projetons 600 millions d’euros d’investissements.

Tout cela est possible parce que 45 % des pro ts sont a ectés à la réserve et 20 % à nos capitaux propres par l’émission de parts sociales. C’est bien plus que la plupart des autres entreprises coopératives. Mais c’est ce qui nous permet de battre nos concurrents. Nous avons envoyé un message à nos adhérents : le marché est très volatil. Il faut que vous en teniez compte dans la gestion de vos exploitations pour anticiper les mauvaises années et constituer des réserves les bonnes années. C’est ce que nous faisons au niveau de la coopérative. Nous travaillons dans le même sens, celui de l’e cacité et de la compétitivité. Nous sommes très positifs sur les potentialités du marché mondial à long terme. Mais cela n’ôte pas le risque de volatilité. La meilleure façon d’y répondre est d’être moteurs et innovants. Cela passe par la recherche de nouveaux produits et de nouveaux marchés. Nous investissons aussi beaucoup sur nos marques.

Nous n’avons pas une marque unique, internationale telle que Coca Cola. Mais dans chaque pays où nous sommes présents, nous avons une marque forte. Ce sont elles qui créent de la valeur et nous permettent de rémunérer le lait de nos adhérents au meilleur prix.  »

Comment est gouvernée FrieslandCampina ?

P. B. - « Au départ, la coopérative et l’entreprise privée étaient une seule et même entité coopérative, gérée par les adhérents. Mais nous sommes arrivés à une situation où un éleveur ne pouvait plus gérer toutes les activités de l’entreprise en plus de son exploitation. Il a été décidé de séparer les deux. C’était une étape importante pour la réussite de l’entreprise. L'objectif de FrieslandCampina en tant qu'entreprise est de valoriser le lait produit par ses adhérents et ainsi créer de la valeur. Les 19 054 adhérents de la coopératives Zuivelcoöperatie FrieslandCampina U.A. possèdent l'entreprise Royal FrieslandCampina NV (via la coopérative). C'est l'entreprise qui gère toutes les activités de la collecte à la commercialisation des produits. Elle a aussi en charge, par délégation, les relations avec les adhérents de la coopérative. Nos adhérents sont représentés au niveau de la coopérative par 210 administrateurs issus de 21 disctricts. Le bureau de la coopérative est élu par ces administrateurs. Un administrateur peut faire au maximum trois mandats de quatre ans. Après cela, il faut passer la main. Je suis président du bureau de la coopérative, mais aussi de l'entreprise FrieslandCampina, depuis 2011. En effet, les neuf membres du bureau de la coopérative sont également les membres du bureau de l'entreprise qui compte aussi quatre experts internationaux. L'entreprise est dirigée par un bureau exécutif. Ce dernier jouit d’une liberté de gestion. Mais un certain nombre de décisions doivent être prises avec l’accord de la coopérative : les fusions, ou les acquisitions et les investissements de plus de 100 millions d’euros par exemple.  »

Comment vos adhérents voient-ils vos investissements dans les pays étrangers ?

P. B. - « Aux Pays-Bas, nous investissons seuls et conservons le contrôle sur nos outils. À l’étranger, nous travaillons en partenariat avec des acteurs locaux. C’est nécessaire dans certains pays pour entrer sur le marché. Nous sommes présents dans le monde entier avec des bureaux et des usines dans trente-deux pays. Nous avons par exemple trente-deux sites en Asie, six en Afrique et au Moyen-Orient, six sur le continent américain et soixante et onze en Europe. L’année dernière, nous avons créé une joint venture à 50% avec le chinois Huishan Dairy. L’objectif de ce partenariat est de créer une chaîne intégrée de production de lait infantile en Chine. Nous avons aussi acquis les activités lait de Olam en Côte d’Ivoire où nous avons déjà une marque « Bonnet Rouge ». Nous avons besoin de lait local pour nous développer dans ces pays. Et nos adhérents comprennent que pour avoir une bonne dynamique de marché, cela passe aussi par le développement de la production locale. Les éleveurs des pays en développement peuvent bénéficier de la croissance dans leur pays, mais il y aura toujours de la place pour les produits néerlandais. Avec nos producteurs, nous avons développé le Dairy Development Program avec les éleveurs en Asie et en Afrique. C’est très positif pour les deux parties. »

450,5 euros pour 1000 litres en 2014

« Notre système de détermination du prix du lait est transparent et a fait l’objet de nombreuses discussions », explique Piet Boer. Le « prix garanti » est calculé chaque mois à partir du prix moyen pratiqué en Allemagne, au Danemark, en Belgique et aux Pays-Bas. Sur les dix dernières années, il a varié de 240 à 450 euros pour 1000 litres, avec une moyenne de 340 euros. Il était de 393,8 euros pour 1000 litres en 2014. À ce « prix garanti » s’ajoutent les primes spécifiques aux cahiers des charges et au pâturage pour un montant moyen de 3,90 euros pour 1000 litres en 2014. « Sur 2014, la prime pâturage était de 5 euros pour 1000 litres, nous l'avons augmentée à 10 euros pour 1000 litres en 2015 pour encourager nos adhérents vers le pâturage ». Il faut ensuite ajouter la « prime de performance », versée à partir des bénéfices réalisés par l’entreprise. Elle était de 18,60 euros pour 1000 litres en 2014 en moyenne. Puis 20% des bénéfices sont distribués aux adhérents sous forme de parts sociales supplémentaires, soit 10,70 euros pour 1000 litres en 2014. Soit au total 427 euros pour 1000 litres en 2014. À cela s'ajoutent les intérêts aux parts sociales à 4,20 euros pour 1000 litres en 2014, et les bénéfices non répartis à hauteur de 19,30 euros, soit 450,50 euros pour 1000 litres. L’accord sur la répartition des bénéfices (45% en réserve, 20% en parts sociales et 35% en primes) est revu tous les trois ans.

Des engagements sur la durabilité de la production

« Croissance neutre pour l’environnement." Tel est notre mot d’ordre. En 2014, cet objectif n’a pas été atteint dans tous les domaines. Nous avons mis en place le programme Foqus Planet dans lequel sont engagés nos adhérents. En 2015, nous avons débuté dans quatre domaines : pâturage, biodiversité, bien-être animal et impact environnemental de l’industrie laitière. Toutes les matières premières telles que l’huile de palme, l’huile de soja, le cacao... pour le marché européen sont produits de manière durable. Nous avons atteint l’objectif de 100% de soja responsable dans l’alimentation des troupeaux en 2015. Plus des trois quarts de nos adhérents pratiquent le pâturage en 2014, un chiffre en baisse par rapport à 2013. Nous avons donc décidé de revaloriser la prime pâturage à 10 euros pour 1000 litres. Nous travaillons aussi sur la baisse de la consommation d’énergie et d’eau. Ces deux paramètres ont augmenté en 2014. 91% de l’électricité achetée est verte. En 2015, notre objectif est d’atteindre 100% pour tous nos sites de production, dont 50% en provenance des exploitations de nos adhérents (panneaux solaires, éoliennes, biomasse). C’est une nécessité pour nous. »

Chiffres clés

  • 13 696 exploitations aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique ; 19 054 adhérents
  • 11,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014, +0,6 % par rapport à 2013. 24 % aux Pays-Bas, 12 % en Allemagne, 24 % sur le reste de l’Europe, 26 % en Asie et Océanie, 11 % en Afrique et au Moyen-Orient et 3 % en Amérique
  • 489 millions d’euros de bénéfice d’exploitation
  • 600 millions d’euros d’investissements prévus en 2015
  • 71 usines en Europe ; 44 usines dans 32 pays tiers
  • 22 168 employés
  • 450,50 euros pour 1000 litres, prix moyen 2014, y compris la rémunération des parts sociales
  • 10 716 millions de kilos de lait transformés en 2014, dont 9 453 millions de kilos collectés auprès des adhérents

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