Évaluez au cas par cas la rentabilité du photovoltaïque
L’arrêté du 4 mars 2011
a considérablement
modifié la donne
dans le domaine
du photovoltaïque.
Certains projets gardent
de l’intérêt, mais
une étude prévisionnelle
précise s’impose.
d’un projet photovoltaïque et le nombre d’heures
d’ensoleillement impactent sensiblement sa rentabilité.
La rentabilité d’un projet photovoltaïque dépend de nombreux facteurs. Estimation des investissements, coût du financement, charges et recettes actualisées à attendre, mais aussi incidences sur la trésorerie et la marge de manoeuvre de l’exploitation pour faire face à d’autres investissements : l’étude prévisionnelle ne doit rien négliger. Nous vous proposons de faire le point sur la marche à suivre, avec Claude Rouxel, conseiller énergies renouvelables au CER France des Côtes-d’Armor.
1 Déterminer le montant de l’investissement
Il comprend le coût du matériel, la pose après renforcement éventuel de la toiture et le raccordement au réseau. «Ce dernier point peut dans certaines situations faire grimper la facture », met en garde Claude Rouxel. Mieux vaut demander un devis de raccordement dès le démarrage de l’étude du projet. « Si les modules photovoltaïques sont installés sur un bâtiment neuf ou dont la toiture est à refaire, l’économie correspondant au coût de la toiture classique non réalisée peut être prise en compte. »
Bien sûr, un coût d’investissement limité favorise la rentabilité d’un projet et ce d’autant plus que l’installation est réalisée dans une région à ensoleillement limité où la quantité d’énergie produite sera moindre. « Avec un rendement à 1000kWh/kWc correspondant au contexte breton ‘moyen’ et pour un prix de rachat de l’électricité à 30 centimes d’euro du kW, mieux vaut ne pas dépasser 2,5 à 3 € d’investissement par Wc pour espérer un minimum de rentabilité. Compte tenu des baisses de prix sur les équipements photovoltaïques (certaines restant sans doute à venir), il est possible d’avoir un matériel de qualité correctement posé à ces niveaux de prix. L’éleveur a intérêt à contacter deux ou trois fournisseurs pour comparer. Attention cependant à ne pas rechercher le coût par Wc le plus faible possible, au risque d’avoir des matériels de moindre qualité et à rendement médiocre. Il existe des filières de panneaux » low cost « livrés par conteneurs mais nous avons peu de garantie sur leur qualité. »
Dans tous les cas, s’assurer que les panneaux proposés répondent aux normes EN 61215 pour les modules cristallins et EN 61646 pour les technologies couches fines. « La proximité géographique et la fiabilité du fournisseur sont aussi à prendre en compte. »
2 Calculer le coût lié au financement de l’installation
Ce coût dépend du montant de l’investissement, de la part éventuelle d’autofinancement et du taux d’intérêt obtenu. « Il est important, lors de l’étude de financement, d’anticiper les incidences sur la trésorerie de l’exploitation, notamment au départ du projet », souligne Claude Rouxel. Les premières dépenses vont en effet intervenir rapidement via le(s) acompte(s) à verser au fournisseur, alors que les rentrées d’argent, elles, se feront plus tard.
Pour toute installation de plus de 10 kW, l’agriculteur facture son électricité à EDF deux fois par an. La première facture va donc intervenir six mois après le démarrage de l’installation auxquels s’ajoutent le délai entre le versement du premier acompte et la mise en service de l’installation. Au total, il peut s’écouler un an entre les premières dépenses et les premières recettes. Il est donc nécessaire de voir avec son banquier quel moyen peut être mis en oeuvre (différé ou court terme d’attente). Penser également à un prêt relais TVA dans l’attente du remboursement du crédit de TVA lié aux investissements et caler la périodicité des remboursements d’emprunt avec les délais de règlement par EDF.
Depuis mars 2011, un contexte beaucoup moins favorable
■ L’arrêté du 4 mars 2011 est à l’origine d’une diminution sensible des tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque, avec révision trimestrielle. Un coefficient de dégressivité est appliqué à la fin de chaque trimestre, en fonction du nombre de demandes de raccordement déposées : -2,6 % si le nombre de demandes est conforme aux prévisions, mais jusqu’à -9,5 % si le flux est important. La première révision, intervenue au 1er juillet 2011, s’est d’ailleurs traduite par une baisse de 9,5 %.
■ Pour un projet donné, c’est la date de demande de raccordement qui détermine le prix de rachat de l’électricité. Ce tarif est ensuite garanti pendant 20 ans. Il est simplement revalorisé chaque année en fonction d’un coefficient d’actualisation.
■ Les porteurs de projets de plus de 9 kWc doivent désormais fournir une attestation d’un organisme bancaire.
■ Les projets d’une puissance supérieure à 100 kWc sont soumis à une procédure d’appel d’offre.