Êtes-vous prêt à faire élever vos veaux par des vaches nurses ?
Un récent essai réalisé à l’Inra de Mirecourt a montré que les veaux allaités par une vache nourrice présentent une croissance bien supérieure aux veaux nourris au DAL avec du lait entier. Des éleveurs ont déjà franchi le pas, d’autres en reviennent.
Un récent essai réalisé à l’Inra de Mirecourt a montré que les veaux allaités par une vache nourrice présentent une croissance bien supérieure aux veaux nourris au DAL avec du lait entier. Des éleveurs ont déjà franchi le pas, d’autres en reviennent.
![](https://medias.reussir.fr/lait/styles/normal_size/azblob/2023-06/RLA315-DEBAT-CHARMIERjpg.jpg.webp?itok=B1r96UoK)
OUI. Avec des vaches nourrices, on est deux fois plus tranquilles et les croissances sont bien meilleures ! Depuis six ans, une quinzaine de génisses sont allaitées chaque année par cinq vaches nurses, choisies parmi des vaches qui auraient dû être réformées. La phase d’adoption est la période la plus délicate. Selon les vaches, cela peut se faire très facilement ou prendre plusieurs jours. Il arrive aussi qu’il y ait des échecs. Après l’adoption en bâtiment, je lâche tout le monde au pré. Nurses et veaux tournent sur différents paddocks dotés de clôtures avec deux hauteurs de fils high tensile. Ce type d’élevage est bien adapté à un système bio et herbager comme le mien, avec des vêlages groupés au printemps. Mes génisses sont en pleine forme et commencent très vite à pâturer. C’est un plaisir, je n’utilise plus un seul antibiotique ni sachet-repas. Elles ont aussi gagné en précocité. J’ai observé les premières chaleurs dès cinq mois !
Gilbert Tromeur, éleveur dans le Finistère
NON plus maintenant. Nous avons recouru aux nurses pendant une petite année sur une partie des veaux. Mais les génisses devenaient trop sauvages à notre goût et moins faciles à approcher par l’homme. De plus, les vaches nurses revenaient en chaleur plus tardivement, et ne reviennent pas dans le circuit car nous sommes en vêlages groupés. Ces vaches se destinent le plus souvent à la réforme. Elles sont généralement choisies parmi les vaches à comptages cellulaires trop élevés. Or ici, nous ne souhaitons pas distribuer ce type de lait à nos veaux. De plus, le fait de ne pas maîtriser les quantités bues individuellement nous embêtait. Les veaux les plus hardis profitent plus que les autres et le dernier arrivé est le dernier servi.
Thierry Charmier, éleveur dans le Doubs
OUI. On le faisait déjà pour les veaux mâles et ils étaient bien plus jolis que les veaux élevés avec du lait en poudre au DAL. Alors en 2010, on s’est dit pourquoi ne pas le faire aussi pour les petites génisses ? Chaque année, trois à quatre vaches sont retenues parmi les laitières qui présentent un problème (boiterie, cellules…) et n’ont pas été réinséminées. Dans l’idéal, chacune élève trois veaux à la fois. Nous avons quatre boxes dédiés aux nurses. Au niveau sanitaire, le bilan est très positif : zéro pneumonie et peu de diarrhées. Les génisses sont aussi plus jolies et plus dynamiques, mais moins dociles. J’apprécie également qu’elles ne se tètent plus entre elles. Et au niveau main-d’œuvre, c’est le top. Il faut essentiellement surveiller la phase de démarrage et après ça roule tout seul.