"Enrayer la baisse de collecte grâce à la valeur ajoutée"
La coopérative Terra Lacta cherche sa place à l'export et sur les bonnes tables françaises. Entretien avec Jean-Yves Restoux, son nouveau président depuis le 29 juin dernier.
La coopérative Terra Lacta cherche sa place à l'export et sur les bonnes tables françaises. Entretien avec Jean-Yves Restoux, son nouveau président depuis le 29 juin dernier.
Jean-Yves Restoux, président - "En lait de vache, jusqu'en 2015, le nombre d'exploitations baissait mais les volumes étaient redistribués et la collecte se maintenait. Puis, la collecte est passée de 730 millions de litres en 2015 à 659 millions en 2017 : -10% en trois ans. Enrayer la baisse est un enjeu fort pour rentabiliser nos capacités de production (les usines et les équipes) et pour être en capacité d'aller chercher de nouveaux marchés. Un groupe de travail étudie les moyens de pallier à la baisse du nombre d'exploitations et du volume. Déjà, nous avons un dispositif d'aides aux jeunes installés et d'animation de la vie coopérative (site internet, réunions, offres d'agrofournitures). Enfin, par l'amélioration des résultats de la coopérative et le retour vers les adhérents, nous créerons une dynamique favorable."
J.-Y. R. - "Ce résultat est effectivement faible, à 0,23% du chiffre d'affaires, mais il a permis de verser 400 000 euros d'intérêts aux parts sociales. Avant ce résultat, Il faut souligner que Terra Lacta a payé le lait de vache conventionnel 338,55 euros/1000 litres en moyenne, comme son environnement concurrentiel. La coopérative a aussi versé 3 millions d'euros de compléments de prix : prime jeune installé, aide au financement d'animaux, garantie bancaire, prime à la conversion bio...
Terra Lacta s'est fixé un objectif ambitieux de résultat de plus de 10 millions d'euros à horizon 2025, avec son plan de développement stratégique "Terater 2025"."
J.-Y. R. - "La principale activité de transformation de Terra Lacta est le lait de consommation UHT, un marché en régression en France et en Europe. Il y a deux façons de chercher plus de valeur avec des volumes significatifs : avec le bio et le grand export. Nous renforçons notre développement en bio (lire Réussir lait n°325 de juin 2018, p18). A l'export, notre contrat avec la société chinoise Synutra a porté sur 30 millions de litres de lait UHT en 2017. C'est un contrat souple, sans durée ni volume strictement défini ; nous nous adaptons à leur demande. Sur 2018, pour l'instant, nous travaillons peu pour eux. Fin mai, un partenariat avec la société chinoise Yantang permettra de sortir dans un premier temps des briques de lait de montagne, à partir de septembre. La volonté est de développer ensemble de nouveaux produits adaptés à la demande chinoise (crème, fromages...).
A la Laiterie les Fayes, nous cherchons de la valeur avec des innovations produits : fromage blanc en poche version snaking, packagings évènementiels... Notre investissement est tourné vers le local (magasin d'usine et atelier culinaire "La Vie Chantilly"), le e-commerce avec onadunez.fr démarré en janvier 2018, et l'export de produits haut de gamme vers l'Asie démarré il y a deux ans. C'est un travail sur le long terme, car il faut instaurer la confiance."
J.-Y. R. - "Avec Savencia, nous poursuivons notre engagement dans leur démarche Production laitière durable (réduction de l'empreinte environnementale). Aujourd'hui, 10% des éleveurs ont engagé un plan d'actions dans le cadre de ce programme. L'idée est d'emmener le plus d'éleveurs possible. Nous avons une faible densité de collecte, avec des coûts de collecte qui font le double de ceux de la Bretagne ou le triple de ceux des Pays-Bas. Donc nous étudions la nécessité avant de mettre en place des collectes séparées.
Savencia nous demande du lait bio. Notre plan de conversion et d'accompagnement bio vise 11 millions de litres de lait de vache bio collectés en 2020, pour nos filiales à 100% (lait et crème) et celles codétenues avec Savencia (fromages)."