Aller au contenu principal

« Avec notre chauffe-eau solaire innovant, un tiers de la facture d’électricité en moins »

Le Gaec Lait Normande, en Mayenne, a choisi de s’équiper d’un chauffe-eau solaire Fengtech, un système innovant qui devrait lui permettre plus de 70 % d’économie sur le chauffage de l’eau.

« À notre installation, en 2005 et 2007, nous avons créé une stabulation et du stockage, passé la salle de traite de 1X6 postes en 2X6 postes et mis la fumière aux normes, expliquent Guillaume et Stéphanie Vollard, associés du Gaec Lait Normandes. Aujourd’hui, nous arrivons au bout de nos remboursements. Nous avons décidé d’investir pour économiser l’énergie et ainsi moins dépenser. Cela va aussi dans le sens de l’autonomie que nous recherchons, par exemple pour l’alimentation. »

Basé à Saint-Pierre des Landes, en Mayenne, le Gaec produit 512 000 litres de lait en race Normande. En juillet 2022, lors d’une formation sur le photovoltaïque de l’Afoc 53, dont Guillaume est le président, ils entendent parler du chauffe-eau solaire Fengtech. « Le fait que l’entreprise soit basée près de Laval, bien connue et qu’elle ait ensuite reçu un InnovSpace nous a rassurés, précisent-ils. Nous l’avons fait venir. Le devis, d’environ 15 000 €, était raisonnable par rapport à du photovoltaïque. Et l’entreprise nous annonçait un gain de 8-10 000 kWh par an, soit un tiers de notre consommation électrique totale. »

Captation et isolation efficaces

Mis au point par l’entreprise Fengtech, créée il y a dix ans, le chauffe-eau solaire thermique ETF est constitué pour chaque unité d’un ballon de 250 litres connecté à 30 tubes en verre inclinés à 45°. L’ensemble est posé sur une dalle béton peinte en blanc (ou une plaque blanche) pour réfléchir la lumière. Chaque tube contient un autre tube en verre recouvert d’un alliage métallique qui transforme le rayonnement en chaleur. Le chauffage de l’eau se fait par ces tubes, qui captent le rayonnement direct, le rayonnement réfléchi et le rayonnement diffus (quand il fait gris).

L’eau ainsi chauffée est stockée dans le ballon (250 l) et dans les tubes (50 l). Elle sert à préchauffer l’eau de consommation, qui arrive par un autre circuit et circule dans un serpentin dans le ballon, avant d’être envoyée vers un chauffe-eau électrique qui complète éventuellement le chauffage. Outre une très bonne captation du rayonnement solaire, le système est aussi très bien isolé. Les tubes intérieurs, où est stockée l’eau chaude, sont isolés des tubes extérieurs par du vide. Et le ballon est isolé par 60 mm de polyuréthane.

« Au nord-ouest de l’Europe, où le temps peut être nuageux et humide, un système très performant en termes de captation de chaleur et d’isolation est nécessaire » souligne Liqun Feng, créateur de Fengtech. La durabilité est assurée par la qualité des matériaux (ballon et serpentin en inox, verre renforcé résistant à des grêlons de 2,5 cm de diamètre), par le fait que le système n’est pas sous pression (seule l’eau circulant dans le serpentin est à la pression du réseau ou de la pompe du puits) et par une soupape qui laisse échapper la vapeur d’eau quand l’eau entre en ébullition. « Elle ne dépasse ainsi jamais 100°C, ce qui protège le système de la surchauffe et assure une tranquillité de fonctionnement, souligne Liqun Feng. Le chauffe-eau peut ainsi durer au moins 30 ou 40 ans. » Quand de l’eau s’échappe en vapeur, une électro-vanne régule automatiquement le niveau d’eau dans le système.

Un amortissement en 5-6 ans

Au Gaec Lait Normandes, la centrale est constituée de deux unités, pour 5 kW de puissance. « Notre besoin pour laver le tank de 3 500 litres et la salle de traite est de 400 litres d’eau à 70°C par jour, précisent les éleveurs. L’entreprise a calculé qu’il fallait deux unités. » Le chauffe-eau a été installé à 30 mètres de la salle de traite. « L’idéal est qu’il soit juste à côté du chauffe-eau électrique. Mais si nous l’avions mis contre le bâtiment, il aurait été à l’ombre. Et dans la cour, il y a la circulation des camions et tracteurs. » Le chauffe-eau est relié à la salle de traite par un tuyau enterré, sans raccord pour éviter les fuites et isolé par une gaine. L’installation a nécessité deux journées. Les éleveurs avaient auparavant préparé la dalle béton de 8m x 2,5m avec un terrassier et peint la dalle. C’est aussi Guillaume qui a creusé la tranchée de 1 m de profondeur jusqu’à la salle de traite.

Côté éco

L’investissement s’est élevé à 15 363 €, auxquels se sont ajoutés 1 238 € pour les tranchées, la dalle et la peinture. Selon les calculs de la Chambre d’agriculture, le système devrait permettre d’économiser plus de 8 000 kWh/an, soit 78 % d’économie. « Depuis décembre, il fonctionne très bien, apprécient Guillaume et Stéphanie. L’eau atteint régulièrement 70°C et dépasse souvent 90°C. Grâce à l’économie de 8-10 000 kWh/an, il devrait être amorti en 5-6 ans, peut-être même plus vite avec l’augmentation du prix de l’électricité. Il n’y a aucun entretien, pas de surcoût en assurance et son utilisation devrait prolonger la durée de vie des chauffe-eaux électriques. »

Chauffe-eau solaire et prérefroidisseur permettent de diviser la consommation par deux

Guillaume et Stéphanie Vollard ont aussi changé leur contrat d’électricité. « Avec l’ancien contrat, l’électricité était à 14 ct€/kWh en heures pleines et 9 ct€/kWh en heures creuses. Mais on nous annonçait une hausse à 42 ct€ en heures pleines et 24 ct€/ en heures creuses ! Depuis le 1er janvier, nous avons opté pour un contrat bleu qui assure un prix de 14 ct€/kWh en heures pleines et 12 ct€/kWh en heures creuses. »

Mi-mai 2023, le Gaec a aussi investi 8 000 € dans un prérefroidisseur à lait. « Le lait passe ainsi de 37°C à 22°C, ce qui économise 50 % de l’énergie nécessaire pour le refroidir, soit 7000 kWh/an. Nous utilisons l’eau tiède pour abreuver les vaches. » Entre le chauffe-eau solaire et le prérefroidisseur, plus de la moitié des 30 000 kWh qu’ils consommaient est ainsi économisée. Et pour l’avenir, le couple réfléchit encore à couvrir la fumière et à recouvrir la toiture de panneaux photovoltaïques pour rentabiliser l’investissement.

Avis d’expert : Gilles Beaujean, spécialiste énergie à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Un chauffe-eau solaire particulièrement performant »

« Un chauffe-eau solaire est très efficace pour chauffer l’eau, par rapport à du photovoltaïque ou une chaudière biomasse qui entraînent des pertes de rendement de l’énergie utile produite. Et le système Fengtech, de par sa technologie, est particulièrement performant et très efficace en termes d’économie d’énergie. Dans une enquête sur cinq élevages de veaux de boucherie équipés d’un chauffe-eau solaire classique et cinq autres équipés d’un chauffe-eau Fengtech, l’économie a été de 530 kWh/m² de capteur avec un chauffe-eau solaire classique et de 920 kWh/m² de capteur pour la technologie Fengtech. Le Gaec Lait Normandes devrait ainsi être autonome en eau chaude de mai à octobre. Et le taux de couverture des besoins sur l’année devrait dépasser 70 %. Le disposif est par ailleurs protégé du gel, de la surchauffe et des différences de pression, qui sont les ennemis d’un chauffe-eau solaire. Si possible, mieux vaut que l’installation ne doit pas être trop éloignée de la salle de traite pour limiter les pertes de rendement. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3, en date du 19 décembre 2024.
FCO 3 : fin décembre, la maladie continue de progresser

À date de jeudi 19 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 846 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

Selfie de Yohann Allain dans son champ avec ses vaches laitières.
« J’espère que mon salarié deviendra mon associé sur mon exploitation laitière en Loire-Atlantique »

À la SCEA du Chêne Vert, en Loire-Atlantique, après le départ à la retraite de son père, Yohann Allain a modernisé sa salle de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière