« Employer un salarié, ça s'apprend »
Dans le Puy-de-Dôme, pour Vincent Chazal, il faut organiser le travail et prendre le temps de bien expliquer la façon de le faire, si l'on veut que cela se passe bien avec un salarié.
Dans le Puy-de-Dôme, pour Vincent Chazal, il faut organiser le travail et prendre le temps de bien expliquer la façon de le faire, si l'on veut que cela se passe bien avec un salarié.
« Au début, quand on n’a jamais embauché, on ne sait pas faire. On ne l’a pas appris à l’école. Mais ça s’apprend. Avec l’expérience, on y arrive », reconnaît Vincent Chazal, éleveur dans le Puy-de-Dôme. Il vient d’embaucher son troisième salarié il y a quelques mois. Les deux précédents sont restés presque trois ans chacun. « Il est difficile de trouver les bons candidats, regrette-t-il. Beaucoup ne veulent pas prendre de responsabilités et trouvent les conditions de travail trop difficiles. Pourtant, aujourd’hui, dans l’agriculture, on ne se sert plus beaucoup de la brouette et de la pelle et les tracteurs sont climatisés. » Son apprentissage de l’embauche a démarré quelques années avant le départ en retraite de son père, il y a deux ans. « Je voulais quelqu’un qui soit prêt pour remplacer mon père quand il partirait. De plus, la production ayant augmenté, on n’y arrivait plus. » Vincent Chazal exploite 200 hectares et produit 1,2 million de litres de lait avec un cheptel de 120 vaches. « J’ai mécanisé et simplifié au maximum, mais il faut deux personnes pour faire tourner l’exploitation. »
Un salarié autonome et polyvalent
Pour la première embauche, l’éleveur a fait appel au service Agri Emploi 63, qui l’a accompagné tout au long de la procédure : définition du profil, rédaction de l’annonce, diffusion, réception des candidatures et entretien de recrutement. Au départ, il cherchait plutôt des salariés possédant au moins un bac agricole, voire un BTS. Mais il revient un peu en arrière sur le niveau de formation : « les salariés avec un niveau d’études assez haut ne restent pas, car souvent ils s’installent ». Le dernier a un CAP agricole, il a 20 ans et ça se passe bien. « Je cherche surtout quelqu’un qui soit autonome, qui prend des initiatives et soit capable de travailler seul. » Il a besoin aussi d’un salarié assez polyvalent car il fait du travail d’astreinte (alimentation des génisses, nettoyage des bâtiments...) et des travaux extérieurs (épandage du lisier et du fumier, entretien des prairies...). « Au début, j’avais peur de ne pas lui trouver assez de travail, se souvient l’éleveur. Cela n’est jamais arrivé. Avec l’expérience, on arrive à organiser son travail sans difficulté. » Les travaux de la semaine sont marqués sur un tableau, mais l’éleveur et son salarié font un point tous les matins voire en milieu de journée.
« Prendre le temps d’expliquer les choses »
Vincent Chazal insiste sur la nécessité de bien former le salarié. « Il faut bien prendre le temps d’expliquer les choses, les donner à petites doses, réexpliquer et encore réexpliquer... Nous, on les sait par cœur mais pour le salarié, qui les découvre, c’est compliqué. Au début, ça prend du temps, mais ensuite les choses tournent beaucoup mieux. » Lorsqu’il perçoit des lacunes chez son salarié, il l’envoie en formation (traite, manipulation des bovins). Lors de l’entretien annuel, qui dure une heure, il fait le point avec lui de « ce qui s’est bien passé et de ce qui s’est moins bien passé au cours de l’année, des améliorations à apporter... » Ce qu’il a appris aussi « avec le temps », c’est de féliciter quand le travail est bien fait. « C’est pas facile à dire. Aux yeux du patron, ça paraît normal que le travail soit bien fait. Mais c’est important de le dire », avoue l’éleveur qui se reconnaît exigeant. Il dit aussi avoir « mis de l’eau dans mon vin » quant à la façon de réaliser le travail. « S’il n’est pas fait exactement comme je le ferais, ça ne change pas le cours du monde... ».
39 heures en 4 jours
Vincent Chazal emploie son salarié 39 heures, dont 4 heures supplémentaires, réalisées sur 4 jours du lundi au jeudi (de 7 h 00 à 12 h 00 et de 14 h 00 à 18 h 30). Lors de gros travaux, il peut y avoir des exceptions à cette organisation. " Le vendredi, j'organise la semaine suivante, je prépare le matériel et je fais la paperasse. » Les bulletins de salaire et la gestion des congés sont assurés par Agri Emploi 63, pour un coût de 2 à 3 euros par heure de travail.