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Élections européennes : ce que proposent les syndicats agricoles pour les éleveurs laitiers

Bien-être animal, carbone, PAC, installation : l’échelon européen affecte le quotidien des éleveurs. Tour d’horizon des syndicats agricoles, en amont des élections au Parlement européen, dimanche 9 juin en France.

Drapeaux des Etats membres devant le parlement européen à Strasbourg. Drapeau. Europe.
Le quotidien des éleveurs laitiers se joue en partie au parlement européen, dont les députés seront renouvelés en juin.
© P. Cronenberger

Transport des vaches et veaux laitiers

La Commission européenne a présenté, en décembre 2023, une proposition visant à modifier les conditions de transport des animaux d’élevage : interdiction pour les veaux de moins de cinq semaines et de moins de 50 kg, interdiction pour les femelles dans le dernier tiers de gestation, limitation en cas de température de plus de 30 °C, augmentation de l’espace lors du transport, présence obligatoire d’un vétérinaire lors du chargement.

« Le gros sujet, c’est l’âge des animaux », cadre Ludovic Blin, secrétaire adjoint de la FNPL, car si le texte était adopté, « en l’état actuel des choses, il faudrait des investissements conséquents pour le logement ». Il rappelle que si la loi autorise actuellement le transport à partir de quatorze jours, « l’âge moyen des veaux qui sortent des exploitations est de trois semaines ». Il coupe court : « Nous souhaitons le respect la réglementation actuelle sur le transport ».

Adrien Lefèvre, président de l’Apli, décrit une « mesure inutile car le transport aura lieu à un moment. Mais si on nous y oblige, il faudra compenser par du prix car il y aura une hausse du coût de production avec plus de frais d’élevage ».

La Coordination rurale, par la voix de Sophie Lenaerts, responsable de la branche lait, dénonce une proposition réalisée par « des gens qui ne connaissent pas la réalité du terrain. Si on augmente la surface par animal lors du transport, les bêtes vont tomber. La mesure va à l’encontre du bien-être animal. C’est une hérésie. Sans compter le coût carbone à cause de l’augmentation du nombre de camions sur la route ».

La Confédération paysanne, elle ne se prononce pas : « nous sommes pour l’amélioration du bien-être animal mais en tenant compte de la réalité de la filière, plaide Stéphane Galais, secrétaire national chargé de l’élevage. Nous sommes plutôt contre les transports longue durée des animaux, au profit de la relocalisation de la production ».

Repères

Le Parlement européen comptera 720 députés – soit 15 de plus qu’actuellement – après les élections de juin 2024, élus au suffrage universel direct à un tour par les citoyens des 27 États membres, dont 81 pour la France (+2). Les électeurs votent pour une liste nationale de candidats. Puis les députés dont les opinions sont similaires forment des groupes politiques à Strasbourg

Décarbonation

Le Pacte vert européen vise le zéro émission net de carbone en 2050. « La filière laitière est engagée depuis de nombreuses années dans les démarches bas carbone. Et elle progresse », rappelle Ludovic Blin. Le 19 février, lors d’un trilogue entre la Commission, le Parlement et les États membres, la réduction des émissions de méthane a été exclue des leviers possibles de crédits carbone, y incluant uniquement le stockage du carbone. Une décision qui va à l’encontre de ce qui a pu se construire en France. « C’est inacceptable que l’Europe ne veuille le prendre en compte », gronde le représentant syndical, qui voit là « un mauvais coup porté à la filière laitière ».

À la Confédération paysanne, « nous sommes contre le système de compensation carbone, vu comme un droit à polluer. Pour nous, le revenu des agriculteurs doit venir de la production ».

Régulation des volumes

L’Apli et la CR, membres de l’European milk board (EMB), militent pour un programme de responsabilisation face aux marchés (PRM). Véronique Le Floc’h, présidente de la CR, pousse pour une sortie de l’agriculture des négociations au sein de l’organisation mondiale du commerce (OMC) et pour une politique communautaire plus équitable en matière de normes sociales, fiscales, environnementales.

« La priorité est la régulation de la production européenne en plusieurs étapes », poursuit Adrien Lefèvre, président de l’Apli, qui souhaiterait voir les prérogatives de l’observatoire européen des marchés du lait évoluer vers davantage de missions de contrôle. Il cite trois niveaux d’alerte. « Une première chute de 7,5 % de l'indice de marché inciterait les gouvernements à passer le message aux filières lait de baisser les volumes, grâce au stockage privé ou en encourageant d’autres usages comme l’élevage de veaux au lait entier. Au deuxième niveau d’alerte, à 15 % de chute, les gouvernements demandent une réduction de production assortie d’une prime lorsqu’elle est respectée. Si la menace ne suffit pas, le troisième niveau, atteint avec 25 % de chute de l'indice, serait une réduction obligatoire des volumes ».

La Confédération paysanne souhaite elle aussi une « sortie des accords de libre-échange et de l’OMC. Nous demandons un prix minimum des produits importés équivalent au prix de la production française afin de sortir de la concurrence entre paysans ».

PAC et installation

La FNPL voit deux sujets importants pour la prochaine PAC : une meilleure revalorisation de l’herbe et une meilleure prise en compte des actifs mobilisés par l’élevage laitier. Pour le premier point, le syndicat demande un retour au pragmatisme et à l’agronomie avec, par exemple, l’intégration des prairies permanentes pour déterminer les surfaces d’intérêt écologique.

Véronique Le Floc’h propose de réviser la PAC en profondeur et d’en programmer « une nouvelle dès 2024 sur le plus long terme, avec un système de régulation, pour des prix rémunérateurs récupérés sur la valeur ajoutée des industriels. Nous devons sortir du modèle agricole globalisé et avoir une politique plus protectrice pour les agriculteurs ». Adrien Lefèvre complète : « Foncier, matériel, bâtiment, cheptel : s’installer coûte cher. La PAC doit redistribuer des aides plus incitatives pour soutenir les jeunes dans la filière lait ».

Quant à la Confédération paysanne, elle défend un projet « pour qu’il y ait le plus de paysans et paysannes possible ». Le syndicat demande une politique agricole commune dont les aides sont attribuées « à l’UTH plutôt que surfaciques. Nous encourageons toutes les aides de conditionnalité liées à l’environnement, orientées vers une agriculture plus résiliente ».

Le saviez-vous

● L’European milk board (EMB) est une association de syndicats de producteurs laitiers en Europe. Elle a des membres dans 16 pays et revendique représenter 100 000 producteurs laitiers.

● La FNSEA fait partie à l’échelon européen du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles). Il s’agit du premier syndicat agricole européen, toutes filières confondues. Il est actuellement présidé par l’ancienne présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Avec les coopératives, il forme le Copa-Cogeca.

OMC, kesako ?

L’Organisation mondiale du commerce vise à réduire les obstacles au commerce, tels que les droits de douane et les subventions, et à promouvoir la transparence et la prévisibilité dans les échanges commerciaux. Depuis 2015, les subventions à l’exportation de produits agricoles sont supprimées. L’organisation offre également un cadre pour la résolution des différends commerciaux entre les pays membres. Elle fournit une plateforme pour les pays en développement afin de défendre leurs intérêts et de participer au système commercial mondial. Elle compte 164 pays membres.

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