DPR2, un diagnostic des pollutions phytosanitaires
En Bretagne, le diagnostic DPR2 s'appuie sur une évaluation des risques de transfert de chaque parcelle.
En Bretagne, le diagnostic DPR2 s'appuie sur une évaluation des risques de transfert de chaque parcelle.
En Bretagne, un classement des parcelles à risque de transfert phytosanitaire avait été réalisé en 1998 dans le cadre de la Corpep. «La méthode n’avait pas évolué depuis, indique Sylvie Guiet de la chambre d’agriculture de Bretagne. À la demande de territoires souhaitant soutenir des actions, il a été décidé de la mettre à jour. Le but était aussi d’harmoniser le diagnostic et le conseil sur toute la Bretagne.» Élaboré par un comité d’experts associant les chambres d’agriculture et l’Inra, le diagnostic DPR2 repose sur une évaluation des risques de transfert de chaque parcelle, sur un classement des molécules et, si besoin, sur des propositions d’aménagement de parcelles ou de changement de pratiques. Il est labellisé Ecophyto Bretagne et reconnu par le Conseil régional de Bretagne et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. «La démarche reste volontaire. Le diagnostic est proposé surtout sur des bassins à fort enjeu phytosanitaire et en général pris en charge à 100% par les collectivités.» A ce jour, environ 70 techniciens sont habilités à faire le diagnostic. Le technicien doit suivre une formation de trois jours assurée par le Crodip(1) et obtenir une habilitation avec mise à jour des connaissances un jour par an.
Un classement des parcelles suivi de préconisations
En pratique, le technicien établit un classement de la parcelle selon ses liens à l’eau en regardant l’hydromorphie, le drainage, le pourcentage et la longueur de pente, la distance au cours d’eau… Les aménagements permettant de limiter le ruissellement sont également étudiés (talus, bandes végétalisées…). La parcelle est ainsi classée en risque fort, moyen ou modéré. Le technicien établit ensuite des cartes et fait des préconisations pour les parcelles à risque fort ou moyen, concernant notamment le choix des molécules. «Le classement des molécules, réalisé par le comité d’experts avec Arvalis et la Draaf, concerne en particulier les molécules liées au désherbage en maïs, céréales, prairies depuis le 1er janvier 2018, ainsi qu'au désherbage des inter-cultures, au débroussaillage, aux produits anti-limaces».
Les molécules sont classées en groupe 1 ou 2 selon leurs caractéristiques (doses, DT 50, KOC…) et leur fréquence de détection dans les eaux. Sur les parcelles à risque fort, les molécules du groupe 2 doivent être évitées. Pour limiter le risque de résistance, elles peuvent toutefois être utilisées si l’agriculteur met en œuvre des pratiques pour limiter le ruissellement: comme le non labour s'il ne s’accompagne pas de traitements de synthèse pour la préparation de semis, le passage d’outils redonnant de la rugosité au sol, une réduction de dose d’au moins 50% de la référence IFT de la culture ou encore le désherbage localisé. D’autres préconisations peuvent être faites comme l’aménagement d’un talus, le déplacement d’une entrée de champ, un changement d’affectation de la parcelle… Depuis 2016, 80 diagnostics DPR2 ont été réalisés. Et l’objectif à moyen terme est qu’au moins trois diagnostics soient faits dans les trois ans dans chaque "groupe 30 000", action prioritaire de la deuxième phase du plan Ecophyto.
(*) Comité inteRprOfessionnel Diagnostics, Inspections et formations Phytosanitaires« Mieux se rendre compte des chemins de l’eau »
Dominique Jouan, éleveur à Baguer-Morvan (Ille-et-Vilaine) explique : " Notre exploitation de 135 ha en lait, viande bovine et porc est sur le territoire des bassins côtiers de la région de Dol-de-Bretagne où les cours d’eau se jettent dans la baie du Mont-Saint-Michel. L’exploitation est traversée par un cours d’eau, le Bief-Jean. Depuis longtemps, j’ai donc adopté certaines pratiques sur les parcelles proches du ruisseau comme des bandes enherbées, de la fauche tardive, la limitation du chargement". Le diagnostic DPR2 a été fait début 2018 par un technicien de la chambre d’agriculture. "Il ne m’a rien coûté car il y a des aides du syndicat de production d’eau potable «Eau du Pays de St-Malo». Le diagnostic permet de bien se rendre compte des chemins de l’eau qui ne sont pas toujours si évidents. J’utilise déjà très peu de produits phytosanitaires et cela ne va sans doute pas changer mes pratiques. Par contre, j’ai décidé de passer en herbe trois hectares situés non loin du cours d’eau et que je cultivais en maïs.»