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Désherbage mécanique: la Cuma L’orchidée veut pouvoir biner à 2 cm en toutes conditions

Parce que la moitié de ses surfaces est désormais en bio et que le bocage vendéen n’est pas plat, la Cuma L’orchidée a choisi de sécuriser le binage par l’autoguidage RTK des tracteurs et avec deux bineuses à caméra.

« Sans matériel de précision, le binage du maïs est une corvée, estime Laurent Lesage, producteur de lait, volailles et cultures de vente et trésorier de la Cuma L’orchidée. Avec l’autoguidage, c’est presque devenu un plaisir. » Basée à Chantonnay, la Cuma L’orchidée rassemble une quinzaine d'exploitations à dominante élevage, pour 600 hectares de cultures d’automne (blé, orge, triticale, mélanges céréaliers) et 500 hectares de cultures de printemps (maïs, tournesol, lin, pois chiche, lentille, haricot sec). Outre une désileuse automotrice, du matériel de travail du sol, semis, récolte épandage et trois tracteurs, elle est équipée depuis vingt ans de matériel de désherbage mécanique. «Historiquement, une exploitation était en bio, précise Laurent Lesage. À partir des années 2000, avec la conversion d’autres exploitations, la Cuma a fait le choix de s’équiper de matériel de désherbage mécanique. Dès 2014, il y a eu du guidage GPS RTK et une bineuse avec interface de guidage. Aujourd’hui, six exploitations représentant 300 hectares de céréales et 250 hectares de cultures de printemps sont en bio. Fin 2018, nous avons donc décidé de renouveler et renforcer notre matériel de désherbage en développant l’autoguidage qui permet de biner au plus près du rang sans abîmer la culture.»

 

Guidage du tracteur par satellite

Une première décision a été de passer d’un semoir 6 rangs en 75 cm d’écartement à un semoir 9 rangs en 60 cm d’écartement. « En réduisant l’écartement, la culture couvre plus vite l’espace entre rangs et limite l’enherbement, souligne Laurent Lesage. Et en passant de 6 rangs à 9 rangs, on gagne du temps au semis et surtout au binage. » Le changement d’écartement impliquait de renouveler également les bineuses. Et comme leur tracteur, un Fendt 210, était un peu trop léger pour le nouveau semoir, la Cuma a choisi d’en acquérir un nouveau, un Fendt 312 de 120 ch, avec autoguidage RTK (Trimble). Enfin, le parc a été complété par une deuxième herse étrille de 12 m de large et une deuxième houe rotative de 6 m de large. « Le RTK est un guidage par satellite avec une précision de 2 cm, explique Laurent Lesage. Il nécessite une antenne relais et l’installation sur le tracteur d’une antenne et d’un boîtier électronique avec écran de guidage. En 2014, il n’y avait pas de réseau RTK dans le secteur. La Cuma a donc dû investir dans une antenne fixe qui couvre un rayon de 20 km, soit tout le secteur de la Cuma. À l’époque, l’ensemble a coûté 50 000 euros, subventionné à hauteur de 40 % dans le cadre du Plan végétal pour l’environnement. » Lors du semis, l’utilisateur trace d’abord une première ligne droite. En bout de rang, il appuie sur un bouton et le RTK prend le relais et guide le tracteur pour que toutes les traces suivantes soient exactement à la même distance (tous les 6 m ici). L’opérateur n’a plus à toucher le volant. En fin de parcelle, il enregistre les lignes de semis sur une clé USB. Et quand il revient biner, il remet la clé dans le boîtier et le tracteur suit alors les mêmes traces qu’au semis. « L’opérateur doit faire les demi-tours, mais le tracteur se guide seul pour se remettre dans la ligne puis la suivre. On peut se consacrer davantage à l’outil et c’est moins stressant. »

Une caméra qui suit un rang

« Sur terrain plat, le RTK suffit pour biner avec précision si la bineuse est bien centrée, indique Laurent Lesage. Mais s’il y a de la pente, ce qui est le cas chez nous, la bineuse tend à se déporter. Nous avons donc choisi de compléter le RTK par l’autoguidage des bineuses. » Le choix s’est porté sur deux bineuses du fabricant Garford, de 6 m de large, équipées de 9 éléments de binage, d’une caméra installée sur la poutre et d’une interface de guidage Robocrop. « La caméra suit un rang. Les informations sont transmises à un boîtier situé sur le tracteur et qui peut interagir avec l’interface. Quand la caméra constate que les éléments bineurs s’approchent trop près du rang, elle commande à l’interface de translater la bineuse grâce à des vérins hydrauliques. » Chaque élément peut par ailleurs être relevé indépendamment, de la cabine, de façon manuelle, pour pouvoir terminer plus facilement un champ en pointe. La bineuse livrée en 2019 est équipée sur chaque élément de deux lames Lelièvre (en L), qui passent de chaque côté du rang et scalpent les adventices à 3-5 cm de profondeur, de deux socs plats qui binent le milieu de l’interrang, et au dernier passage de socs de buttage. La seconde bineuse, qui sera livrée en mai 2020, aura en replacement des lames Lelièvre des lames Slash, développées par Garford. « Pour l’instant, la bineuse s’avère fiable, robuste et simple d’utilisation, estime Laurent Lesage. Le réglage des éléments pour qu’ils passent au plus près du rang est simple. Il faut juste veiller à les resserrer régulièrement. Et avec l’autoguidage RTK et par caméra, le binage est beaucoup plus facile et permet de bien travailler. Le débit de chantier est d'environ 3 ha/h. Il faut surtout moins de concentration qu'en pilotage manuel, ce qui rend le travail moins fatigant, avec moins de risque d’abîmer la culture. »

Des investissements aidés dans le cadre du PCAE

Chaque bineuse 6 m avec son interface de guidage a nécessité un investissement de 64 000 €. La herse étrille de 12 m de large et la houe rotative de 6 m ont coûté respectivement 13 000 et 14 000 €. L’ensemble du matériel de désherbage a été subventionné dans le cadre du PCAE végétal à hauteur de 40 %.

Côté éco

Prix facturés aux adhérents

Tracteur 20 €/h + 6,50 €/ha pour l’autoguidage + fioul

Semoir 22 €/ha

Bineuse autoguidée 25 €/ha

Herse-étrille 6 €/ha

Houe rotative 8€/ha

Utilisation au maximum pendant les périodes de pointe

Une bonne organisation au niveau de la Cuma est indispensable pour optimiser l’utilisation du matériel de désherbage mécanique.

Avant le binage, jusqu’au stade 4-5 feuilles, les producteurs réalisent en général deux trois passages de herse étrille ou de houe rotative. « Avec ces outils, passés en plein, il n’y a pas nécessité d’avoir un système de guidage précis, précise Laurent Lesage. Nous les utilisons toutefois avec le RTK puisque le tracteur en est équipé. Nous utilisons au choix l’un ou l’autre. » Par la suite, le maïs est biné, en général deux fois, au stade 4-6 feuilles, à 4-6 km/h, puis au stade 9-10 feuilles à 9 km/h, avec un buttage au deuxième passage. « Le binage permet d’intervenir quand la culture et les adventices sont plus développées. Il faut par contre que le temps soit sec, pour pouvoir aller dans les champs et que les adventices sèchent et ne repartent pas. »

L’organisation des chantiers lors de la période de binage (de début mai à mi-juillet en comptant maïs, tournesol et légumes secs) est donc essentielle. Pour pouvoir utiliser les deux bineuses, un tracteur d’une des exploitations, équipé du même système RTK, est loué à la Cuma pendant cette période. Les adhérents essayent aussi de travailler au maximum lorsque le temps est favorable, l’autoguidage et la bineuse à caméra équipée d’un kit d’éclairage permettant de travailler très tôt ou très tard, voire la nuit. « Et pendant les semaines les plus chargées, nous organisons une réunion en début de semaine pour planifier l’utilisation des outils, avec ensuite un suivi au jour le jour », précise Laurent Lesage. Les bineuses sont aussi utilisées par certains adhérents pour biner des céréales, en modifiant les éléments de binage pour les adapter à un écartement de 21cm.

À savoir

Désherb'Innov, une plate-forme dédiée au désherbage mécanique, est organisée par les Cuma de l’Ouest le 23 juin au Pertre en Ille-et-Vilaine.

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