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Dossier eau
Des solutions de traitement de l'eau adaptées à chaque situation

Les sociétés proposent un panel de solutions de traitement de l'eau selon ses caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques, mais aussi selon leur positionnement sur le marché.

Pour choisir un traitement adapté, il faut se baser sur les résultats d'une analyse bactériologique et physico-chimique. © F. Mechekour
Pour choisir un traitement adapté, il faut se baser sur les résultats d'une analyse bactériologique et physico-chimique.
© F. Mechekour

Le choix d’un traitement pour obtenir une eau de bonne qualité dépend de ses caractéristiques. « Une analyse bactériologique et physico-chimique complète est le point de départ pour choisir une solution adaptée à la problématique de chaque élevage. Il n’existe pas de solution standard », insiste Jean-Philippe Lavigne, directeur d’Ocène. Ce point fait l’unanimité. Là où les choses se corsent, c’est sur le choix des options permettant d’obtenir une eau de qualité à un prix raisonnable avec des équipements fiables et qui s’inscrivent dans la durée. Des déferriseurs par exemple, il en existe à tous les prix. Certaines sociétés justifient ces différences par une meilleure efficacité et/ou durée de vie de l’équipement. L’absence d’études comparatives réalisées par un organisme indépendant représente parfois une lacune pour faire le tri parmi les différentes solutions proposées sur le marché. Pour autant, des tendances générales se dégagent.

Chlore, le plus économique

Pour la désinfection, le chlore reste la solution la plus courante. L’objectif de dose de chlore libre en bout de ligne est de 0,5 à 1 mg/l d’eau. « C’est une méthode efficace, économique et facile à contrôler », selon Jean-Philippe Lavigne. « La chloration est le traitement bactériologique de l’eau de boisson le moins coûteux. Selon les installations, il peut varier de 0,05 à 0,12 € HT/m3 », confirme Laurent Girard, responsable marketing de la société CTH. Mais ce dernier met en garde contre deux bémols. « Nous ne mesurons pas bien l’impact de ce traitement sur la consommation en eau par les animaux lorsqu’il y a trop de chlore dans l’eau. Par ailleurs, pour être actif, le chlore doit rester en contact avec l’eau pendant 20 minutes environ. Cela nécessite donc d’installer un bac tampon bien calibré. Sachant que les vaches ont tendance à boire en même temps, notamment en sortie de traite, ce n’est pas toujours facile de bien calibrer le volume de la cuve tampon. » Par ailleurs, « quand l’eau est trop dure, que le pH est basique ou en présence d’excès de fer, de manganèse ou de matière organique, le traitement à la chloration est plus difficile à maîtriser », prévient Jean-Marc Héliez, vétérinaire au sein du Groupe Chêne Vert Conseil.

Les autres formes de chlore

« Le dioxyde de chlore est plus puissant que le chlore », explique Jean-Philippe Lavigne. « Il est près de dix fois plus soluble dans l’eau que le chlore. Il agit par conséquent à une très faible teneur (0,05 à 0,20 mg/l en bout de ligne) », indique Laurent Girard.  Autre avantage, « il ne génère aucun sous-produit toxique, contrairement au chlore ». Le traitement revient entre 0,25 et 0,35 € HT/m3 d’eau. « En raison de son caractère très oxydant, il faut utiliser des joints adaptés, notamment au niveau de la pompe. »

Jean-Marc Héliez précise que « le dioxyde de chlore est beaucoup moins sensible aux caractéristiques physico-chimiques de l’eau que le chlore, mais il peut nécessiter des installations assez coûteuses pour réaliser le mélange du chlorate de sodium avec l’acide chlorhydrique nécessaire à sa production ».

Le dichloroisocyanurate de sodium (DCCNA) est une autre forme de chlore moins sensible à la composition physico-chimique de l’eau. « Simple d’utilisation, elle revient plus cher que le chlore (0,18 à 0,20 € HT/m3 selon CTH) mais moins que le dioxyde de chlore, souligne Jean-Marc Héliez. C’est un bon compromis. »

Voir aussi : Quand l’eau génère des problèmes en cascade

Pas d'odeur avec le peroxyde

Le traitement à base de peroxyde d’hydrogène est une autre alternative. « Ce produit a l’avantage de ne pas laisser d’odeur à l’eau et de ne pas avoir d’incidence sur son appétence. Contrairement au chlore, il n’est pas nécessaire d’installer un bac tampon. Il est également moins sensible que le chlore à la dureté de l’eau ou même à un léger taux de fer », selon CTH. Par ailleurs, son pouvoir oxydant lui confère la capacité de détruire les biofilms. « Le peroxyde d’hydrogène à l’avantage d’être efficace quelle que soit la qualité de l’eau. Si son utilisation est moins fréquente que la chloration, elle semble encore moins bien maitrisée (70 % de résultats étaient non conformes sur 56 analyses de contrôle, selon une étude menée par le GDS de la Mayenne en 2013) », prévient Jean-Marc Héliez. Ce type de traitement est plus coûteux que le chlore (0,25 à 0,35 € HT/m3 d’eau) précise la société CTH.

UV : pas de rémanence

Le traitement aux UV est également possible. « Les UV ont un fort pouvoir bactéricide mais sans rémanence. Leur effet disparaît très rapidement au fur et à mesure que l’eau s’éloigne de la lampe, souligne Damien Bernard, de Windwest. La durée de vie des lampes est limitée (environ 7 000 h).  Ce type de traitement est plutôt à réserver en bout de ligne, en cas par exemple de transformation à la ferme. »

L'électrolyse, efficace mais...

« L’électrolyse est une solution efficace, qui nécessite peu de consommables, souligne Jean-Marc Héliez, avant d’ajouter : en revanche, les biocides qu'elle produit pour désinfecter l’eau peuvent varier de façon importante en fonction par exemple de la teneur en minéraux de l’eau, de l’encrassement du matériel…. Attention au risque de produire un excès d’oxydant : risque de corrosion des circuits, risque sur la flore ruminale des animaux. Les réglages ne sont donc pas toujours évidents à faire, et le bon fonctionnement du système doit être vérifié quotidiennement. » Au final, sur le terrain, il y a les partisans de l’électrolyse en ligne, d'autres à membrane, et les anti-électrolyse...

Franck Mechekour

Contrôler régulièrement la quantité de chlore

Selon une étude menée par le GDS de la Mayenne en 2013, 40 % des eaux traitées avec du chlore n’étaient pas conformes sur le plan bactériologique. « Il est donc nécessaire de réaliser des contrôles fréquents pour vérifier que le chlore contenu dans l’eau est à concentration efficace, mais sans excès à chaque préparation en début de ligne et tous les quinze jours en bout de ligne, préconise Jean-Marc Héliez. Ce dernier point est important car il peut y avoir une perte de charge en chlore dans l’eau, par exemple à cause d’un biofilm important dans les canalisations. »

Le saviez-vous ?

Les différentes solutions de traitement de l’eau peuvent nuire à l’efficacité des traitements des animaux par l’eau (vitamines, antibiotiques). Cela concerne surtout l’élevage hors-sol. Mais si on utilise la même eau pour les bovins et un atelier hors-sol, il faut savoir que pour le chlore une neutralisation est possible (ajout de thiosulfate de sodium) mais pas avec le peroxyde d’hydrogène ni l’électrolyse.

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