Des fermes pilotes en médecine vétérinaire préventive
En Haute-Garonne, dans la cadre du plan Ecoantibio, six exploitations bovines de Haute-Garonne expérimentent des outils de gestion globale sanitaire du troupeau.
En Haute-Garonne, dans la cadre du plan Ecoantibio, six exploitations bovines de Haute-Garonne expérimentent des outils de gestion globale sanitaire du troupeau.
Prévenir plutôt que guérir. Tel est l’esprit du projet de fermes pilotes mis en place par le GDS de Haute-Garonne et labellisé Ecoantibio. Six exploitations bovines (3 en lait, 3 en viande) sont suivies pendant trois ans (2017-2019) avec l’idée d’agir sur toutes les causes de troubles sanitaires afin de mieux les prévenir. Un audit sanitaire de l’exploitation (observation des pratiques et des animaux) est réalisé tous les ans par le cabinet 5mVet, spécialiste de la médecine vétérinaire préventive. Il est étayé de nombreuses analyses (fourrages, urine, jus de rumen, bouses, sang, eau...) et de mesures des courants parasites. Après rédaction du rapport, l’éleveur, le consultant, le conseiller d’élevage et le vétérinaire de l’exploitation valident ensemble une feuille de route pour l’année à venir en choisissant des mesures correctives prioritaires et réalisables. « Les audits sanitaires ont révélé des problématiques dans tous les élevages, autour du sol, de l’eau, de la ration et du suivi des animaux, notamment autour du vêlage », résument les animateurs du projet. Les données technico-économiques sont traitées pour évaluer l’incidence des mesures préventives.
Le budget annuel de ce réseau de fermes pilotes est de 10 000 euros par exploitation. Le projet bénéficie de financements de l’État (25 %) et du conseil départemental (15 %), et de moyens humains et techniques mis à disposition par la chambre d’agriculture et le laboratoire vétérinaire départemental. Le reste est autofinancé par le GDS. Ce dernier vient d’être reconnu groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) sur ce projet, ce qui devrait lui ouvrir de nouveaux financements.
Les résultats seront utilisés à des fins de formation et de communication. Mais, « dans un contexte départemental où l’élevage est en recul et l’avenir des personnes qui accompagnent les éleveurs pose question », explique Christophe Martelet, directeur du GDS, l’idée est aussi « de remobiliser des vétérinaires ruraux, de créer un lien fort avec les conseillers d’élevage et de faire monter en compétence le trio éleveur, conseiller, vétérinaire ». Le pari semble réussi. Des vétérinaires un peu réticents au départ se sont pris au jeu et y voient désormais un outil pour « ne plus discuter avec l’éleveur autour d’un animal malade mais autour de son système ». « L’audit nous a apporté une vision que nous n’avions pas. Le vétérinaire et le conseiller d’élevage se sont beaucoup impliqués dans ce projet. C’est très positif », apprécie Viviane Ramondenc, éleveuse.
Une qualité d'eau défectueuse
" Le premier rapport d’audit a été un peu effrayant, reconnaît Viviane Ramondenc, qui produit 1 million de litres en Gaec. Nous avions l’impression de ne pas avoir énormément de problèmes. Mais, quand on lit le rapport, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas. » La surprise est venue entre autres de la qualité bactériologique de l’eau, prélevée dans un puits. Constatant que la qualité de l’eau était défectueuse dans presque toutes les exploitations et que les systèmes de traitement sont coûteux, le GDS a sollicité la société toulousaine Prodose, spécialisée dans le traitement de l’eau, notamment dans le domaine aéronautique, pour concevoir un abreuvoir autoassainissant à base de consommables (filtres...) peu coûteux.
L’audit du Gaec de Rouquette(1) a mis également en évidence de fortes carences minérales sur les animaux, particulièrement en potassium. Elles sont corrigées par une complémentation minérale et par des apports aux cultures afin d’agir à plus long terme. Parmi les autres actions de la feuille de route : l’amélioration de la distribution de la ration, l’utilisation de conservateurs dans les ensilages et le maïs humide, le renforcement de l’immunité des animaux (suivi de la qualité du colostrum, vaccinations contre les diarrhées néonatales, meilleure préparation au vêlage).