Des éleveurs créent la marque de yaourts « A Guëter »
Créés en Alsace-Lorraine, le produit et le concept plaisent et les ventes explosent six mois après le lancement de la marque.
Créés en Alsace-Lorraine, le produit et le concept plaisent et les ventes explosent six mois après le lancement de la marque.
"A Guëter", cela veut dire bon appétit ! en alsacien. C’est le nom retenu par les 50 éleveurs de l’Association des producteurs de lait des huit cantons pour la marque de yaourts qu’ils ont créée en octobre 2017. L’association regroupe des éleveurs d’Alsace-Lorraine livrant Senoble, devenu Eurial Ultra-Frais. « L’idée est née en 2016, lors de la crise laitière, explique Michel Rohrbach, président de l’association. Lors de notre assemblée générale, nous avons évoqué l’idée de trouver une meilleure valorisation de notre lait par la production de yaourts. Et plutôt que d’investir dans un outil de transformation, nous nous sommes tournés vers Eurial Ultra-frais qui dispose à Château-Salins (57) d’une usine produisant déjà des yaourts et qui a accepté d’en fabriquer pour nous. Le projet a été défini en commun entre les producteurs, Eurial Ultra-Frais et Système U, qui s’est montré intéressé dès le départ. » Depuis octobre 2017, une partie des 30 millions de litres de lait des éleveurs est donc transformée en yaourts à l’usine de Château-Salins. Trois recettes ont été proposées dans un premier temps : nature sucré, framboise et pomme cannelle. Les yaourts sont conditionnés en pots en verre et vendus par deux au prix conseillé de 1,49 € les deux pour les produits nature, 1,59 € les deux pour les yaourts aux fruits.
L’usine s’occupe de la transformation et des livraisons. Mais ce sont les éleveurs qui sont propriétaires de la marque, qui mettent au point les recettes et le packaging et qui s’occupent de la commercialisation. « Nous souhaitions une marque et un packaging qui soulignent l’origine agricole de l’Est de nos produits, mais qui soient aussi assez "flashy". Nous nous sommes fait aider par une agence de communication. Nous avons soumis cinq maquettes à des consommateurs avant de choisir le packaging. Pour les recettes, nous voulions un produit haut de gamme, authentique et gourmand, uniquement constitué de lait entier, crème, ferments et fruits. Nous nous sommes appuyés sur le service recherche et développement d’Eurial et avons demandé l’avis des consommateurs. »
Le litre de lait valorisé à 0,50 €
Six mois après, le succès est au rendez-vous. Après Système U, Leclerc et Cora ont référencé les yaourts « A Guëter », et Auchan, Carrefour, Simply Market et Match étaient en passe de le faire. La zone de distribution, d’abord limitée à l’Alsace-Lorraine, s’est étendue jusqu’à la région parisienne en février puis jusqu’à Rhône-Alpes et le Centre en mars. Mi-mars, les prévisions étaient de 400 magasins distribuant les yaourts de la marque. « Nos yaourts plaisent parce qu’ils sont bons, onctueux et authentiques, constate Michel Rohrbach. Le concept plaît également aux consommateurs. Ils apprécient que les produits soient proposés directement par des agriculteurs et qu’on leur demande leur avis. » Fin décembre, environ 15 000 litres de lait avaient été transformés en yaourts, et les volumes sont depuis en forte croissance.
La répartition de la marge est décidée en commun au sein de la filière, le litre de lait étant au final valorisé 0,50 €/l. «Nous redevenons maîtres de notre produit et en contact direct avec le consommateur », apprécie Michel Rohrbach. En avril, suite à des enquêtes en magasin et en concertation avec les distributeurs, deux nouveaux parfums seront lancés : châtaigne et nature non sucré, qui remplacera le nature sucré. Un autre parfum spécial hiver devrait aussi être lancé à l’automne pour une commercialisation d’octobre à février. Dès cet été, les éleveurs veulent par ailleurs étendre la marque à d’autres produits. L’idée d’approvisionner la restauration hors foyer est par contre mise de côté actuellement, la contrainte de prix étant notamment trop élevée pour les cantines.
Deux journées par an d’animation pour chaque éleveur
Le travail commercial, de relation avec Eurial UF, et de communication est pour l’instant assuré essentiellement par Michel Rohrbach et par les membres du conseil d’administration de l’association. Ils seront assistés à partir de mars par une stagiaire en master de marketing. La communication est menée notamment via les réseaux sociaux (Facebook, Instagram) et internet (site en création), et par des animations en magasin. Chaque producteur s’engage notamment à consacrer deux journées par an à ces animations. Aucun investissement ne leur est par contre demandé.