Dermatite digitée : un pédiluve efficace à la bonne longueur !
Plus que le choix du produit, ce sont les dimensions du pédiluve et son utilisation qui sont importants. Voici les conseils de Raphaël Guatteo, de Nantes-Oniris, pour avoir un pédiluve efficace.
Plus que le choix du produit, ce sont les dimensions du pédiluve et son utilisation qui sont importants. Voici les conseils de Raphaël Guatteo, de Nantes-Oniris, pour avoir un pédiluve efficace.
« Dans un élevage confronté à un problème de dermatite digitée, c’est une accumulation de mesures qui permet de s’en sortir. Le pédiluve est à mon avis le dernier point à aborder au niveau du traitement des boiteries. Mais c’est souvent la première question posée », reconnaît Raphaël Guatteo, de l’école vétérinaire de Nantes-Oniris (1).
Un pédiluve efficace est avant tout un pédiluve bien dimensionné. « Les dimensions et la localisation sont au moins aussi importants que le produit qu’on y met », affirme-t-il en s’appuyant sur des tests menés par l’université du Wisconsin avec des pédiluves de différentes dimensions. Plus que la largeur, c’est la longueur qui conditionne son efficacité. « Pour que les pieds soient bien couverts – le sabot mais aussi la peau – et que les pieds arrière y trempent au moins trois fois, les tests montrent qu’il faut au moins une longueur de 3 mètres. Or, lorsqu’on regarde l’éventail des solutions disponibles sur le marché, les pédiluves mesurent tout au plus 2,30 mètres, mais sont par contre relativement larges », constate Raphaël Guattéo. En autoconstruction, il recommande idéalement une longueur de 3 à 3,70 m ainsi que, pour limiter la consommation de produit, une largeur de 50 à 60 cm et une hauteur de 28 cm.
Un renouvellement du produit tous les 100 à 120 passages est préconisé. Car, en présence d’une quantité de matière organique trop importante (le seuil est à 20 mg/l), les biocides ne sont plus actifs. Pour étudier la dynamique de contamination organique, une étude a été menée par Oniris sur six fermes avec des degrés de propreté différents. « Quelle que soit la propreté des fermes, on restait en dessous de ce seuil jusqu’à 100 passages d’animaux », résume-t-il.
Une hauteur de 28 centimètres
« Ce qui peut poser problème, et que souvent on ne regarde pas, c’est la hauteur résiduelle de produits. » En partant d’une hauteur d’environ 13 cm (limitée par la hauteur des pédiluves des fermes), on se retrouve dans certains élevages au bout de 80 passages à 6,5 cm, parce que les animaux un peu stressés envoient du produit vers l’extérieur. C’est insuffisant pour bien couvrir les pieds. D’où la recommandation d’une hauteur de 28 cm.
Pour une efficacité maximale du pédiluve, les animaux doivent y entrer avec des pieds propres. « Si possible avec des pieds nettoyés en salle de traite ; c’est déjà en soi un traitement. » Il faut bien entendu respecter le niveau de dilution du produit. Par ailleurs, « toutes les publications qui démontrent l’efficacité de certains produits appliquent le traitement au moins pendant quatre traites tous les quinze jours ». Encore faut-il ensuite que les animaux aient accès à un sol sec et propre.
À savoir
Trois points clés pour contrôler la dermatite :
– guérir les lésions car elles contaminent l’environnement ;
– l’hygiène du logement : pour éviter que les pieds macèrent dans l’humidité et que la peau devienne plus fragile, mais aussi pour éviter qu’ils soient trop au contact des matières fécales qui peuvent être une source de tréponèmes ;
– le parage avec une désinfection du matériel de parage.
Regardez aussi les pieds des génisses
Plus la génisse a eu de la dermatite en phase d’élevage, plus elle a de risque de développer des lésions en quantité durant sa première lactation. Les génisses se contaminent très vraisemblablement au contact des vaches. Le sens de raclage dans le bâtiment est très important : il faut racler toujours des génisses vers les vaches.
Un risque XXL de boiteries en début de lactation
Le tarissement est la période clé pour prévenir la survenue de boiteries. Deux facteurs font du début de lactation une période à risque extrêmement élevé de développer une boiterie.
1 - L’amaigrissement des coussinets graisseux situés entre la troisième phalange et la sole : la vache perd les « amortisseurs » de ses pieds. Cet amaigrissement est un peu inévitable, il est lié au déficit énergétique. Les coussinets n’échappent pas à la mobilisation des réserves corporelles. Il peut y avoir des facteurs aggravants : des traumatismes entraînant des contusions du pododerme, des hémorragies…
2 - Des modifications physiologiques de la vache autour du vêlage pour permettre le passage du veau, notamment la sécrétion de relaxine. Celle-ci entraîne un relâchement de l’ensemble des ligaments, dont ceux de l’appareil suspenseur du pied entre le pododerme et la sole : « le pied flotte dans le sabot ». Il en résulte une fragilisation de l’appareil suspenseur qui peut entraîner un basculement de la troisième phalange. L’amortissement du pied quand la vache se déplace est réduit et les chocs dans la boîte cornée sont plus importants. D’où un risque accru de lésions de la boîte cornée (ulcère de la sole, ouverture de la ligne blanche, abcès) et l’importance d’éviter les stations debout prolongées.