De la dermatite digitée sur des génisses en post-sevrage !
Dans cet élevage normand, une dizaine d’animaux ont été contaminés pendant leurs premières semaines de vie. La réactivité des éleveurs a permis de stopper la propagation de la dermatite.
Dans cet élevage normand, une dizaine d’animaux ont été contaminés pendant leurs premières semaines de vie. La réactivité des éleveurs a permis de stopper la propagation de la dermatite.
La dermatite digitée (ou maladie de Mortellaro) est bien connue de ces éleveurs de normandes de la Manche depuis quelques années. Ils ont appris à maîtriser la maladie sur les adultes par des mesures d’hygiène : pédiluves réguliers, passage du racleur toutes les 90 minutes et séances de pédicure bimensuelles.
Lors d’une séance de parage, ces éleveurs m’interpellent pour des génisses en post-sevrage qui boitent. Malgré leur bonne connaissance et leur maîtrise de la pathologie, ils sont surpris par le diagnostic de dermatite digitée. Au final, ce sont une dizaine d’animaux qui présentent des lésions sur un ou plusieurs membres.
Des conditions favorables aux bactéries
Un audit de l’élevage est alors réalisé. Il met en évidence toutes les conditions favorisant le développement du cocktail de bactéries impliquées dans la dermatite (différents tréponèmes, Fusobactérium necrophorum, Bacteroïdes spp., Campylobacter spp., Guggenhaimella spp. …) :
]]> la nurserie de l’époque est surchargée ;
]]> la réalisation de test fumigène montre une ventilation insuffisante ;
]]> les cases sont composées d’un trottoir de 1 mètre et d’une aire paillée de 3 mètres. La conception du bâtiment ne permettait pas de curage rapide ;
]]> de plus, la ration contient une trop forte proportion d’ensilage de maïs : elle conduisait à une instabilité ruminale des génisses et par conséquent à des diarrhées chroniques. La marche et le paillé, situé au pied de celle-ci, étaient alors toujours humides et donc propices à la multiplication des bactéries déjà présentes sur la peau des animaux.
Une propagation rapidement stoppée
La contamination s’est certainement faite dans les premières semaines de vie. Car en raison d’un manque de cases individuelles, les veaux restaient parfois quelques semaines dans les boxes d’infirmerie lors d’un pic de vêlage. Et ce même box servait lors des séances de parage.
La propagation a pu être stoppée rapidement par l’amélioration des conditions d’élevage. Une nouvelle nurserie a été construite avec davantage de niches individuelles, des cases collectives sans marche et une bonne ventilation. Les animaux ont été déménagés dans cette nouvelle nurserie. En même temps, la distribution d’ensilage de maïs a été stoppée pour ne donner qu’une ration sèche à base de paille et d’aliment du commerce. Les animaux atteints ont été pris en charge par des soins locaux (pansements).
Des boiteries chroniques et des réformes prématurées
Malgré cette réactivité, la dermatite a eu un fort impact sur la carrière des génisses atteintes. Plusieurs d’entre elles avaient des lésions déjà étendues au bourrelet coronaire et au pododerme. Cela a conduit à des nécroses de l’onglon et des seimes verticales. Ces boiteries chroniques ont entraîné des pertes de croissance, des réformes prématurées en fin de première lactation et des soins réguliers : pose de talonnette, pansement et amputation d’onglon pour un animal. Tout ceci illustre bien l’impact qu’une pathologie sur les jeunes animaux peut avoir sur leur future carrière laitière.