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Dans le Cantal : un tapis d’alimentation pour gagner de la place dans la stabulation

Dans ce bâtiment rénové, le remplacement d’une table d’alimentation par un tapis d’affourragement a permis de doubler le nombre de places avec un agrandissement limité.

Le Gaec a choisi le tapis du constructeur Geoffroy (Nièvre) car il proposait une auge en acier galvanisée alors que, pour les concurrents, il fallait la construire. Elle est posée sur une dalle en béton. © CA 15
Le Gaec a choisi le tapis du constructeur Geoffroy (Nièvre) car il proposait une auge en acier galvanisée alors que, pour les concurrents, il fallait la construire. Elle est posée sur une dalle en béton.
© CA 15

Beaucoup de questions se posaient lorsque les frères Buchon (Fabrice et Yannick) et Manuel Delpuech ont voulu rassembler deux cheptels de vaches laitières sur un même site. Comment loger 150 vaches dans un bâtiment qui ne comptait que 75 places ? Comment simplifier le travail pour pouvoir travailler seul le week-end ?... Entre un talus d’un côté et une pente de l’autre, les possibilités d’agrandir le bâtiment étaient limitées. Sur les pignons, il y avait déjà un bâtiment d’un côté et un projet de stockage de l’autre.

La bonne idée fut de supprimer la table d’alimentation de 6 mètres, et de la remplacer par un tapis d’affouragement, beaucoup moins large (1,30 m). « Nous avons gagné 4 mètres et la place pour 40 logettes. De plus, maintenir le couloir d’alimentation nous aurait obligés à reculer deux fois avec la mélangeuse », explique Fabrice. Une extension a été réalisée d’un côté, avec un appentis d’une largeur de 9 mètres, pour y mettre deux rangées supplémentaires de logettes. Soit au total les 150 places nécessaires pour loger la totalité du troupeau. Sur l’autre pan, l’appentis existant a été prolongé sur toute la longueur pour loger les veaux et mettre des box de vêlage. Deux robots de traite en accès libre ont été installés en bout de bâtiment.

« Les vaches se renvoient la ration »

Plus de cornadis non plus. L’accès au tapis se fait des deux côtés par une barre au garrot, qui offre théoriquement 112 places (71 cm par vache). Ce qui permet d’alimenter les 120-130 vaches à la traite avec un tapis de 40 m de longueur et 1,30 m de largeur. « L’enjeu était  de pouvoir distribuer la quantité de ration suffisante et que les vaches se renvoient la matière d’un côté à l’autre », précise Jérôme Delarbre, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture du Cantal. « Il ne faut pas plus large. Cela marche très bien ainsi. La barre au garrot permet de gagner de la place à l’auge. Il n’y a pas de problème de concurrence car, en système robot de traite, il est rare que toutes les vaches se lèvent en même temps pour aller manger quand on distribue », constate Fabrice Buchon. Un système de contention et une cage de parage ont été installés près des robots pour effectuer les manipulations. Le coût du tapis d’affourragement s’élève à 25 000 euros. « Vu que les bêtes peuvent manger des deux côtés, cela ne revient pas trop cher ramené à la vache », calcule Fabrice Buchon.

La ration est déversée avec la mélangeuse

 

 
La ration est déversée avec la mélangeuse dans un caisson à l’extérieur. La paroi située face au tapis s’ouvre pour récupérer les refus. Un rideau permet d’obturer l’ouverture par grand froid. © CA 15

 

La ration (foin, ensilages d’herbe et de maïs et une partie du concentré) est distribuée matin et soir (4 tonnes à chaque fois). Elle est déversée dans un caisson situé à l’extérieur en bout de tapis avec la mélangeuse. Tracté par un câble, le tapis fonctionne en va-et-vient dans une auge en acier galvanisé. L’entraînement est assuré par une pompe hydraulique actionnée par un moteur électrique. La vitesse est réglable. « Je gère la quantité de matière en jouant sur la vitesse du tapis de la mélangeuse, qui possède des commandes extérieures », explique néanmoins Fabrice Buchon. Les refus sont récupérés dans un godet en actionnant le tapis en sens inverse. Une fois la mélangeuse chargée, la distribution prend cinq minutes matin et soir. Et pas besoin de repousser la ration au cours de la journée. Les éleveurs estiment le gain de temps à trente minutes par jour. Gros avantage aussi en altitude : pas de portes à ouvrir pour entrer avec le tracteur en hiver quand il fait froid.

Mais que se passerait-il en cas de panne ? Les éleveurs ont déjà expérimenté une panne de mélangeuse depuis la mise en service du tapis début 2018. Ils ont posé des ballots de foin dans le caisson du tapis et les ont déroulés manuellement. La largeur du double tapis permet de le faire. Lors de sa mise en place, les associés avaient demandé à l’installateur de surélever le portique (1,50 m) qui supporte la centrale hydraulique à l’entrée du tapis pour pouvoir passer les ballots. L’entretien se limite au nettoyage de la poussière sur les bords du tapis.

Avis d'expert : Jérôme Delarbre, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture du Cantal

« Des animaux en totale liberté »

« Nous avons plusieurs tapis d’alimentation dans le département, dont un qui a au moins 15 ans. Ce sont des produits qui peuvent bien vieillir. Celui du Gaec Buchon-Delpuech est le premier qui soit aussi grand et qui accueille des animaux de chaque côté. Le point fort de ce bâtiment réside dans le fait que nous avons pu mettre plus de logettes que de places à l’auge grâce à un turn-over des animaux tout au long de la journée. L’idée était d’avoir un bâtiment où les animaux sont en totale liberté : ils vont se faire traire quand ils veulent, ils vont manger, boire ou se coucher quand ils veulent… Cela permet d’avoir une très grande tranquillité. Il n’y a pas de traite ou de blocage de cornadis à horaire fixe. Rien que le fait de ne pas entendre claquer les cornadis, on a la sensation d’un calme absolu. Le seul point faible de ce bâtiment est que les robots sont au taquet. Les éleveurs passent un peu de temps pour y amener les vaches. »

Chiffres clés

330 ha de SAU dont 35 ha de maïs ensilage et 25 ha de céréales
150 vaches laitières (moitié Prim’Holstein, moitié Monbéliardes) et 40 vaches allaitantes
1,3 million de litres de lait produits

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