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Comment atteindre l’autonomie protéique de l’élevage français

En France, plus d’un tiers du soja est consommé par les bovins lait. Deux voies sont explorées pour réduire leur consommation et la dépendance aux importations.

Augmenter de 1 million d’hectares les surfaces de prairies à légumineuses permettrait de réduire les importations de soja de 1,6 Mt. © A.Conté
Augmenter de 1 million d’hectares les surfaces de prairies à légumineuses permettrait de réduire les importations de soja de 1,6 Mt.
© A.Conté

Même si l’importation de soja tend à diminuer, la consommation de tourteau de soja en France reste élevée. En 2019, 3,8 Mt de tourteau de soja ont été consommés en France. «Le soja reste le premier tourteau consommé et il dépend à 90% des importations» a souligné Benoît Rouillé, d’Idele. Les bovins en consomment autant que les volailles, soit 300 kg/an/VL, 100 kg/an/génisse et 50 kg/an pour les autres bovins. Au total, 36% du soja consommé en France l’est pas les bovins lait.

Sur les élevages, l’autonomie protéique augmente avec la part de l’herbe, de 59% en moyenne sur les élevages basés sur l’ensilage de maïs à 89% dans les élevages bio, très axés sur l’herbe. Et alors que l’autonomie protéique des fourrages est très élevée partout, l’autonomie protéique des concentrés varie de 6% en système maïs à 56% sur les élevages bio.

Développer les légumineuses et mieux gérer l'herbe

Deux voies ont été explorées dans le cadre d’une étude (Idele/Ifip, AAF, AsCA-Iddri) sur l’autonomie protéique de l’élevage français et européen. Un axe pour réduire voire supprimer le soja chez les bovins est de limiter le maïs dans l’alimentation des vaches laitières. «En diminuant de 50% le maïs donné aux vaches laitières et en le remplaçant par de l’herbe de qualité, à 16% MAT, on peut réduire le déficit de la France de 31%, a précisé Benoît Rouillé. Et si en plus, on remplace le soja donné aux autres bovins par d’autres tourteaux, on réduit ce déficit de 47%.» En pratique, cela implique de développer les prairies à légumineuses et les légumineuses pures (luzerne, trèfles), avec une meilleure maîtrise de la gestion de l’herbe (ensilages précoces, variétés...).

Un autre axe est de maintenir les oléagineux et développer les surfaces en soja et protéagineux. «En multipliant par 4 les surfaces de soja en France, soit en atteignant 744 000 ha, on réduit le déficit de la France de 44%. Et si on multiplie les surfaces de soja par 4 et celles de pois et féverole par 3 et qu’on maintient les surfaces en colza et tournesol, on peut réduire le déficit de 62%.» Là aussi, l’évolution passe par la maîtrise technique des cultures, un développement du soja plutôt au sud de la Loire et l’organisation des filières (stockage, trituration…).

330 fermes pilotes à forte autonomie protéique

Dans le cadre du Plan Protéines, 20 M€ sur deux ans sont consacrés au programme de recherche-développement Cap Protéines. Un volet vise à développer l’autonomie protéique des élevages de ruminants, avec deux axes principaux : accroître la production de protéines en élevage (prairies à légumineuses, légumineuses pures, méteils ensilés, protéagineux) mais aussi valoriser les oléoprotéagineux produits en France et en Europe et être plus efficient dans l’utilisation des ressources.

«40 plateformes de démonstration sur les fourrages et 40 essais zootechniques seront mis en place pour diffuser les leviers agronomiques pour produire plus de protéines et préciser leurs intérêts zootechniques, a détaillé Jérôme Pavie, d’Idele. 330 fermes pilotes ont aussi été recrutées pour montrer des élevages à forte autonomie protéique. Et nous allons créer pour les éleveurs des outils d’évaluation, conseil, aide à la décision et lancer la dynamique par la communication.»

Maintien des performances économiques

Augmenter son autonomie protéique par les fourrages peut se faire sans réduire ses performances économiques.

°Le projet 4AGEPROD en Bretagne et Pays de la Loire montre ainsi qu’une augmentation de l’autonomie protéique de 39% à 72% par les ensilages d’herbe et luzerne permet un maintien des performances économiques. Les résultats varient toutefois selon l’ année (pousse de l’herbe), la qualité du fourrage récolté, la main d’oeuvre disponible pour les récoltes et le prix des matières premières.

°Dans le projet franco-belge Protecow, où 18 éleveurs ont travaillé à réduire leur consommation de soja par de l’herbe de qualité, une ration équilibrée et moins de concentré, tous ont amélioré leur marge brute 1000 l de 24% à 33%, sans baisse des volumes de lait.

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