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Changement climatique : Un bâtiment pour 120 vaches poreux sur toutes ses faces

Au Gaec Ferme du plateau, dans la Loire, toutes les façades de la stabulation, située sur un site venté, laissent passer l’air et assurent une ventilation naturelle efficace. Les longs pans sont fermés par des rideaux brise-vent.

La stabulation de la ferme du plateau, située à Saint-Jodard dans la Loire, a été construite en deux temps. En 2012, un premier bâtiment de 84 places, distribuées en deux rangées de logettes, a vu le jour. Il est orienté perpendiculairement à l’ancienne stabulation, qui abrite désormais le bloc traite et la nurserie. Les façades principales sont orientées sud-est et nord-ouest. Le Gaec (Claudie, Philippe, Clémente et Adrien Durel) a rallongé en 2019 la stabulation pour mettre sous le même toit les vaches taries et les box de vêlage et d’infirmerie. Le troupeau compte 120 montbéliardes. Les vaches pâturent au printemps et à l’automne et restent dans le bâtiment de fin juin jusqu’au 15 août au moins.

Le site est très exposé aux vents (nord et sud principalement), ce qui facilite indéniablement la ventilation, d’autant plus qu’il n’est pas très large (20,60 m pour la première partie, 22,60 m pour la seconde). Les deux façades principales sont bardées totalement ou partiellement avec des filets brise-vent amovibles ou fixes. Ce qui en fait un bâtiment très « poreux », selon Amélie Bonthoux, conseillère bâtiments à Loire Conseil élevage. Une mesure du THI (Temperature Humidity Index), index utilisé pour mesurer le stress thermique des vaches laitières, réalisée avant l’extension du bâtiment montrait déjà que le stress n’était pas amplifié à l’intérieur par rapport à l’extérieur côté nord.

L’agrandissement a permis d’améliorer encore la ventilation. « Avant l’extension du bâtiment en 2019, les vaches s’entassaient devant le filet ouvert et tiraient la langue quand il faisait très chaud. L’été dernier, elles se répartissaient dans tout le bâtiment et on voyait moins ce phénomène de halètement », constatent les éleveurs, satisfaits d’avoir fait le choix d’allonger la stabulation plutôt que de l’élargir pour rajouter une troisième rangée de logettes, projet un temps envisagé.

En images

 

 
 © B. Griffoul
© B. Griffoul

 

1 L’extension du bâtiment est formée d’un bipente de 22,60 m auquel est accolé un petit bipente de 9 m pour les box de vêlage. Le décrochage de 2 m entre les deux charpentes est fermé avec un bardage bois ajouré. Le faîtage est équipé d’un dôme éclairant de 2 m de largeur posé sur des pare-vent ventilants (Ubak). Du fait de la hauteur importante du faîtage (8,80 m), les éleveurs ne constatent pas d’échauffement particulier sous le dôme. Ils envisagent d’en mettre un sur la partie construite en 2012. Les translucides représentent environ 10 % de la surface, mais un peu moins sur l’extension côté sud. « Aujourd’hui, nous en mettrions moins. Nous sommes souvent à 4 % sur le rampant sud », explique Amélie Bonthoux.

 

 
 © B. Griffoul
© B. Griffoul

 

2 La façade sud-est du premier bâtiment (5,30 m de hauteur) est fermée avec un filet brise-vent de 90 % d’efficacité qui s’enroule du bas vers le haut sur une hauteur de 2,50 m.

 

 

 

3 Les façades sud-est de l’extension sont obturées par des rideaux mobiles sur rails. Ils sont formés d’une partie bâchée (sur 1,70 m) et d’une partie brise-vent (sur 2,70 m). Ils sont plus souvent fermés que dans la partie initiale car ils sont destinés à protéger les box de vêlage et font moins obstacle au passage de l’air (efficacité de 70 %).

 

 
 © B. Griffoul
© B. Griffoul

 

4 La façade nord-ouest est fermée avec un bardage bois non ajouré jusqu’à 2,10 m de hauteur et sur 1,90 m par un filet brise-vent fixe de 90 % d’efficacité sur la partie la plus ancienne et 70 % sur la partie plus récente. Les éleveurs envisageaient de mettre un filet enroulable sur celle-ci, mais le coût était trop élevé. Ils l’envisagent pour plus tard.

 

 
 © B. Griffoul
© B. Griffoul

 

5 Les éleveurs ont aussi travaillé sur le confort des animaux pour réduire leur stress en périodes de fortes chaleurs. Les logettes creuses sont remplies d’un mélange de chaux-paille-eau et sont paillées. Les dix logettes avec matelas sont moins fréquentées. La barre au garrot a été rehaussée et un arrêtoir a été mis en place pour améliorer le positionnement de la vache dans la logette. Une attention particulière a été portée à l’abreuvement, particulièrement important en période de canicule. Une station de traitement a été installée pour améliorer la qualité de l’eau. Les vaches disposent de 14 mètres linéaires d’abreuvoirs, soit plus que les 10 cm par vache habituellement recommandés.

Avis d'expert : Amélie Bonthoux, conseillère bâtiments Loire Conseil élevage

« Un bâtiment qui allie ventilation et confort »

 

 
Amélie Bonthoux, conseillère bâtiments Loire Conseil élevage.«Le bâtiment allie ventilation et confort. » © B. Griffoul
Amélie Bonthoux, conseillère bâtiments Loire Conseil élevage.«Le bâtiment allie ventilation et confort. » © B. Griffoul

 

« Ce bâtiment fonctionne bien en ventilation naturelle pour plusieurs raisons. Il est placé sur un site venté. Les quatre faces sont poreuses, aucune n’est entièrement fermée, il n’y a donc pas de limitation pour la circulation de l’air quelle que soit la direction du vent. Le bâtiment n’étant pas très large et ayant une grande hauteur, l’effet balayage est dominant. Le fait d’avoir mis plus de perméabilité sur l’extension profite à la partie plus ancienne. De plus, dans ce bâtiment, il y a très peu de bardages béton qui ont l’inconvénient d’emmagasiner la chaleur et été et le froid en hiver. Ce projet a su allier ventilation, bien-être et confort des animaux pour passer au mieux les périodes estivales, sachant de toute manière qu’à partir de 25 °C, la vache laitière entre en stress thermique. L’amélioration encore possible consisterait à ouvrir la façade nord-ouest en été. »

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