Bien raisonner le coût d’un robot d’alimentation
Au-delà des aspects techniques et technologiques, la question du coût d’un robot d’alimentation est légitime. Il se raisonne selon les effectifs animaux et le temps gagné.
Au-delà des aspects techniques et technologiques, la question du coût d’un robot d’alimentation est légitime. Il se raisonne selon les effectifs animaux et le temps gagné.
À partir d’un certain nombre de bouches à nourrir dans un élevage, certains exploitants préfèrent investir dans un robot d’alimentation. Largement répandue dès les années 1970 dans les pays d’Europe du Nord, où les troupeaux séjournent longtemps en bâtiment, cette solution a l’avantage de réduire le temps de travail et la pénibilité, de mieux adapter la ration à des lots spécifiques, et d’augmenter la fréquence des apports pour le troupeau. En France, en 2018, environ 160 élevages étaient équipés.
« Comme tout équipement, il est essentiel d’approcher à la fois le coût d’investissement et le coût de fonctionnement », indique Stéphane Coutant, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. En termes d’investissement, les facteurs de variation sont liés avant tout à la diversité des rations, au nombre d’animaux à nourrir (nombre de tables et/ou stockeurs), au nombre de lots avec une ration différente (mélangeuse à poste fixe), et au cheminement de l’automate pour alimenter tous les bâtiments (site compact ou éclaté). « La possibilité, ou pas, de réutiliser un bâtiment existant disponible pour aménager la cuisine est aussi un levier déterminant dans le coût », poursuit le conseiller.
Un investissement de 200 000 € à 450 000 €
Les chambres d’agriculture des Pays de la Loire, de Normandie et de Bretagne ont réalisé en 2018 une enquête auprès de la dizaine de constructeurs proposant des robots d’alimentation sur le marché français. Leur étude s’est concentrée sur deux familles de distribution automatisée : les automates sur rail d’un côté et ceux sur roues de l’autre, susceptibles d’équiper des exploitations laitières de 150, 300, 420 et 800 bovins (sans atelier d’engraissement). « L’investissement va d’un peu moins de 200 000 euros à plus de 450 000 euros pour les modèles étudiés, décrit Stéphane Coutant. Ramené aux 1 000 litres de lait, cet investissement se chiffre à 25 euros pour un troupeau de 150 têtes à moins de 10 euros pour les troupeaux de 800 bovins. » L’augmentation de l’investissement n’est pas linéaire et proportionnelle à l’augmentation d’effectif car les tables ou stockeurs ont des dimensions standardisées qu’il convient d’optimiser.
Le coût de fonctionnement, quant à lui, fluctue en fonction du positionnement des stockages primaires (silos, hangars) par rapport à la cuisine, la maintenance du matériel (graissage, batteries pour les systèmes sur roues, etc.), la consommation de GNR et d’électricité et le temps passé par l’éleveur, y compris le temps de nettoyage des installations. Les coûts de fonctionnement s’échelonnent de 11 000 euros à 21 000 euros par an. Le temps moyen nécessaire pour approvisionner la cuisine, environ une demi-heure par jour, ne diffère pas sensiblement entre les solutions vrac ou cubes. Si les deux familles de robot – sur rail ou sur roues – sont très proches en ce qui concerne le coût de main-d’œuvre (de 2 600 € à 3 400 €/an), en revanche les consommations électriques peuvent doubler entre un système sur rail et un système sur roue à cause des batteries.
Des coûts de fonctionnement entre 11 000 € et 21 000 €
Au final, le coût total d’une installation de distribution d’alimentation automatisée varie de 40 à 15 €/1 000 l selon les effectifs animaux. Plus on approche de la capacité de saturation de l’automate, plus le coût total par tête est bas. Selon les fournisseurs, ce niveau de saturation se situe aux alentours de 800 têtes pour un automate de distribution, mais il peut varier selon la complexité des rations et le nombre de lots à distribuer.
Comparé aux systèmes de distribution plus classiques (bol mélangeur en propriété, automotrice en Cuma), le robot d’alimentation coûte plus cher, même avec un troupeau de 300 têtes à nourrir. « Avec 300 bovins et une référence de 1,5 million de litres de lait, le coût total d’un système automatisé serait d’environ 25 € 1 000 l contre 18 € en automotrice Cuma et 22 € avec bol mélangeur. Mais souvent l’automotrice ne distribue qu’une seule ration censée convenir à l’ensemble du troupeau. Cela engendre des manques à gagner et des coûts supplémentaires non comptabilisés ici. »
Un gain de temps observé en moyenne de 1 heure par jour
« Les premiers avantages cités par les éleveurs enquêtés sont sans conteste le gain de temps et la réduction de la pénibilité. Le temps gagné est pourtant fonction du niveau d’automatisation, relativise Arnaud Bruel, à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Et, en la matière, le facteur limitant est le temps lié à l’approvisionnement de la cuisine. Tant qu’il sera nécessaire d’entreposer les aliments dans une cuisine, on ne pourra réduire totalement le temps lié à l’alimentation du troupeau. Le gain actuel observé dans nos enquêtes est en moyenne de une heure par jour. » Mais est-ce suffisant au vu du niveau d’investissement ?
Le gain de temps dépend beaucoup de la situation de départ. Il dépend aussi du nombre de rations différentes et de leur complexité. La question de l’automatisation se pose souvent quand le matériel existant est en bout de course, usé et parfois sous-dimensionné. L’automatisation permet de tenir jusqu’à trois jours pour les systèmes avec tables et cubes d’ensilage selon la saison et la qualité du tassement du silo, même si, dans la pratique, la cuisine est approvisionnée tous les jours en approvisionnement en vrac.