Au Gaec des Thuyas, en Haute-Loire : des prairies multiespèces avec moins de dactyle
La composition des prairies joue un rôle, mais la gestion de l'herbe avec du pâturage tournant pour les vaches laitières est essentielle pour s'adapter au changement climatique.
La composition des prairies joue un rôle, mais la gestion de l'herbe avec du pâturage tournant pour les vaches laitières est essentielle pour s'adapter au changement climatique.
« Notre exploitation est à 850 mètres d'altitude, avec 80 hectares d'herbe, quasiment uniquement en prairies temporaires. Nous avons des sols peu profonds, plutôt pauvres et acides, sableux avec de la roche en dessous, ce qui donne des terres pas forcément portantes quand il pleut beaucoup, et très séchantes quand les pluies se raréfient », plante Jean-Baptiste Vazeille, un des trois associés du Gaec des Thuyas, en Haute-Loire.
Il y a quelques années, le Gaec semait des associations simples ray-grass d'Italie ou ray-grass hybride et trèfle violet pour les parcelles de fauche. Et des mélanges de quatre espèces sur les pâtures : ray-grass anglais, trèfle blanc, dactyle et fétuque élevée. Puis la surface en prairie multiespèces a crû au détriment des associations « pour allonger la rotation qui est bénéfique au sol, et pour mieux passer les aléas climatiques ». Le Gaec vise une herbe équilibrée en valeur énergétique et en protéine. « On sème 60 % de graminées et 40 % de légumineuses, pour obtenir une herbe à 70 %-30 %. »
40 % de légumineuses au semis
Les parcelles éloignées sont dédiées à la fauche, avec 8 kg/ha de fétuque élevée, 8 kg de RGA, 5 kg de RGH, 8 kg de luzerne et 5 kg de trèfle violet. « On récolte juste avant épiaison de la première graminée, c'est-à-dire le RGH, pour l'ensilage. »
Les parcelles pour le pâturage des vaches ont une bonne base de RGA (10 kg/ha) et fétuque (10 kg), 1 kg de trèfle blanc, 5 kg de trèfles violet, 8 kg de luzerne - ou de chicorée par la suite avec 1 ou 2 kg/ha maximum. Parfois du RGH dans les prairies à usage mixte, pour faire du volume en première coupe. « Avant, il y avait du dactyle dans les mélanges. Depuis que je me suis installé, il y a deux ans, nous sommes passés en pâturage tournant dynamique, sur de petites parcelles (1 are/VL) où les vaches ne restent pas plus d'une journée, précise Jean-Baptiste Vazeille. En période de forte pousse de l'herbe, les vaches triaient : elles laissaient le dactyle et surpâturaient le RGA, le trèfle blanc et la fétuque. En outre, j'ai appris que le dactyle a des inconvénients nutritionnels pour les vaches. Donc, nous l'avons supprimé de nos mélanges et nous mettons de la fétuque élevée partout, à feuille souple évidemment. Elle est très bien adaptée à notre façon de pâturer et contient plus de sucre que le dactyle (meilleure conservation, plus de valeur au pâturage). » Le Gaec travaille avec le contrôle laitier, les vétérinaires 5mvet et Paturesens, pour faire évoluer l'ensemble du système : assolement, suivi agronomique, gestion de l'herbe.
De la fétuque élevée partout
« La réussite de l'implantation et la gestion de l'herbe sont essentielles à la réussite d'un mélange », insiste Jean-Baptiste Vazeille. L'objectif est de semer à la volée, pour éviter les trous et le salissement. « On sème au printemps sous couvert d'avoine, avec un résultat intéressant sur le salissement. » En 2019, grâce au pâturage tournant dynamique, « il y avait toujours quelque chose qui poussait, même du ray-grass, même si c'était peu. Et l'herbe repartait plus vite quand il repleuvait. En 2020, nous sortirons plus tôt les animaux, pour déprimer l'herbe, donc donner de la lumière aux plantes qui démarrent plus tard ».
Un essai chicorée et plantain
Cette année, le Gaec essaye la chicorée et le plantain sur quelques parcelles de pâturage, suite à un conseil de Pâturesens. « Comme la chicorée craint le froid et que ça peut pénaliser son démarrage au printemps, nous la mettrons de préférence sur un versant sud. Là où on mettra de la chicorée, on enlevera la luzerne qui est sensible au piétinement et au pâturage fréquent. »