Erwan Calle prend la biosécurité à bras le corps
Dans le Morbihan, le Gaec des Moulins de Kerollet a fait auditer son élevage par GDS Bretagne après avoir pris conscience de l’importance de la biosécurité. Si des points positifs ressortent, d’autres sont à améliorer.
Dans le Morbihan, le Gaec des Moulins de Kerollet a fait auditer son élevage par GDS Bretagne après avoir pris conscience de l’importance de la biosécurité. Si des points positifs ressortent, d’autres sont à améliorer.
« Avec 180 vaches laitières, beaucoup d’intervenants passent sur l’élevage, vétérinaires, conseillers, marchands d’aliments, marchands de bestiaux, services d’équarrissage… ", explique Erwan Calle, associé en Gaec avec son frère Bruno et Ludovic Jarligant, à Arzal dans le Morbihan. " Nous avons aussi une méthanisation qui utilise 20 % de produits extérieurs, du marc de pomme, du lactosérum, des déchets de céréales du port de Saint-Nazaire. Cela représente beaucoup de camions qui apportent ces déchets ou viennent chercher le bois que nous séchons avec la chaleur de la méthanisation. Nous devons éviter que tous ces intervenants, qui sont sources potentielles de contamination, se dispersent sur l’exploitation. » En 2018, le Gaec a donc fait appel à GDS Bretagne pour auditer l’exploitation au niveau de la biosécurité et voir quelles mesures pourraient être prises pour l’améliorer. « Il faut démystifier le terme de biosécurité, qui évoque des éléments complexes alors que c’est très accessible au plus grand nombre, estime Erwan Calle. On peut beaucoup l'améliorer par des moyens à la fois simples et pratiques. »
Le premier point concerne l’entrée sur l’exploitation. « Il faut une seule entrée, bien matérialisée. Les personnes qui arrivent doivent être orientées et pouvoir se nettoyer et se décontaminer avant d’entrer dans l’élevage », souligne Félix Mahé, référent biosécurité à GDS Bretagne. Au Gaec des Moulins de Kerollet, un point positif est que les circuits de la méthanisation et de l’élevage sont distincts dès l’entrée du site. Une amélioration consistera à poser des panneaux à l’entrée pour accueillir et orienter les visiteurs. « Nous allons poser des panneaux avec nos numéros de portables, le mien pour la partie élevage, celui de Bruno pour la méthanisation et celui de Ludovic pour les cultures, indique Erwan Calle. Les visiteurs pourront ainsi contacter la personne qu’il faut selon l’objet de leur visite au lieu de se disperser sur le site. Nous allons aussi flécher les différents circuits : la méthanisation, les intervenants sur l’élevage, les services d’équarrissage et les autres personnes. »
Alors que toutes les personnes venant pour l’élevage se dirigent actuellement vers le parking et entrent dans les bâtiments par une même entrée, les intervenants en élevage seront désormais reçus par l’arrière, à l’entrée de la stabulation. « Il y a déjà un point d’eau à cette entrée, note Félix Mahé. Il est important que les vétérinaires et techniciens qui entrent dans l’élevage puissent laver et désinfecter leurs bottes et leurs mains. Eventuellement, il peut être intéressant que le vétérinaire ait une blouse et des bottes qui restent sur l’élevage. » Un bloc sanitaire sera aménagé pour les trois salariés à l’avant, à l’entrée actuelle. Enfin, un vrai bureau d’accueil sera créé également à l’avant pour les représentants, les banquiers, le comptable…
Un autre point important est de protéger l’alimentation des contaminations. Les aménagements sont de ce point de vue plutôt bien conçus. « Les circuits de l’alimentation et des effluents sont bien séparés », souligne Félix Mahé. Les effluents sont raclés par hydrocurage et orientés sur le côté pour la méthanisation. Et l’alimentation est préparée et arrive de l’autre côté grâce à un robot d’alimentation Lucas. Les fourrages, disposés dans six caissons, et les céréales et concentrés, qui arrivent par des vis, sont mixés dans une mélangeuse puis chargés dans le robot qui distribue le mélange aux différents lots.
Les céréales et concentrés sont stockés dans des silos fermés. « Il faut les protéger des animaux, soit dans des silos fermés, soit en couvrant au moins d’un filet le haut du silo s’il n’est pas fermé, insiste Félix Mahé. L’ensilage est un bon conservateur, mais il faut faire attention aux chats et chiens qui peuvent enterrer des choses au niveau du front d’attaque du silo. » Seul point noir : la zone de lavage du matériel que le robot doit traverser pour aller alimenter certains animaux. « La cuisine du robot a été installée dans l’ancienne fumière et nous n’avons pas encore transféré le point de lavage, explique l'éleveur. Nous allons le faire. " « Le mieux est d’installer la zone de lavage du matériel près de la fosse », conseille Félix Mahé.
Au Gaec des Moulins de Kerollet, les femelles sont élevées en cases individuelles dans une nurserie séparée des adultes. Mais la protection des jeunes animaux est un autre point essentiel pour la biosécurité. Aussi, un hangar, qui sera fermé aux deux pignons, est en cours de construction pour les mâles, également élevés en cases individuelles. « Il est important que tous les jeunes soient élevés à l’écart des adultes, si possible avec un pédiluve à l’entrée de la nurserie, souligne le référent biosécurité de GDS Bretagne. Le mieux est un pédiluve à sec, les pédiluves liquides n’étant plus efficaces au bout de quelques passages et les pédiluves tapis étant difficiles à nettoyer. »
Enfin, l’enlèvement pour l’équarrissage doit se faire en un lieu précis à l’écart des animaux et être conçu pour faciliter le travail des services d’équarrissage. « Actuellement, il se fait à un endroit bien précis, à l’écart des animaux, mais il se voit dès que l’on arrive sur le site, indique Erwan Calle. Nous allons le déplacer de quelques mètres pour qu’il reste facile d’accès mais pas immédiatement visible. Il sera fléché dès l’entrée du site. Et nous allons créer une dalle béton et poser des claustras pour le cacher. »
Félix Mahé, référent biosécurité à GDS Bretagne
" Réduire les risques sanitaires "
« La biosécurité est l’ensemble des mesures de protection permettant d’éviter l’introduction d’un agent pathogène dans un élevage, sa diffusion au sein de l’élevage et sa dispersion vers d’autres élevages et l’environnement. La démarche consiste à analyser les risques, puis à en déduire quels aménagements peuvent être faits et quelles pratiques adoptées pour améliorer la biosécurité. C’est un enjeu actuel majeur. Avec l’augmentation de la taille des élevages, un danger sanitaire peut avoir un impact économique important. Actuellement, il n’y a pas de réglementation de biosécurité en bovins, sauf ponctuellement comme c’est le cas depuis octobre en Nouvelle-Aquitaine où une instruction technique présente les mesures de biosécurité à recommander, voire rendre obligatoires, dans les élevages bovins des zones à risque de tuberculose. Cela permet toutefois de renforcer la prévention et de se préparer à d’éventuelles obligations. »
GDS Bretagne se mobilise pour la biosécurité
La prévention étant une des missions de GDS Bretagne, et de plus en plus de textes réglementaires intégrant le respect d’un plan de biosécurité comme outil de prévention, l’organisme se mobilise actuellement pour la biosécurité sur les élevages bovins. Pour sensibiliser les éleveurs, la biosécurité était notamment la thématique des 49 réunions de zone organisées cet hiver. GDS Bretagne proposera dans le courant de l'année 2019 aux adhérents le nouveau service consacré à l'amélioration du dispositif de biosécurite en élevage bovin.