Aller au contenu principal

Ÿnsect va pouvoir créer des insectes plus performants et résilients

Si Ÿnsect se déploie en alimentation humaine et petfood, la perspective de créer des insectes à haut potentiel de productivité pourrait lui ouvrir les portes de l’alimentation animale, si les coûts de production sont suffisamment abaissés.

Élément clé de la stratégie d’Ÿnsect, cette puce inédite dédiée au ver de farine Tenebrio molitor permettra d’assurer une sélection raisonnée basée sur la diversité génomique de l’espèce. Mise à disposition de la communauté scientifique, elle représente également un formidable outil pour la recherche fondamentale.
© Ÿnsect

Après avoir annoncé le 17 avril dernier se recentrer sur l’alimentation humaine et le petfood pour gagner en rentabilité, Ÿnsect vient de présenter sa « première puce de génotypage haut débit pour l’élevage d’insectes » qui va lui permettre de créer de nouvelles variétés qui auront besoin de « moins d’eau » et « moins d’intrants » pour se développer tout en augmentant la productivité de plus de 15 % par an », selon le communiqué daté du 6 juin.

La baisse des coûts de production qui en découle pourrait-elle potentiellement permettre au leader mondial de la fabrication de protéines et d’huile d’insectes de proposer ses produits aux fabricants d’aliments pour animaux, en particulier à destination des volailles et porcs ? Tout dépendra de l’ampleur de cette réduction des coûts de production. « La puce de génotypage haut débit vise justement à faciliter les recherches sur les différentes thématiques [que sont la consommation en eau, la consommation en intrants et la productivité des larves d’insectes]. Etant actuellement dans cette phase de recherche, Ÿnsect ne dispose pas encore de données » pour répondre à cette question, précise le porte-parole de l’entreprise.

Des développements en alimentation humaine et petfood

A la suite de son recentrage sur les secteurs de l’alimentation humaine et du petfood, Ÿnsect a multiplié les annonces reflétant cette nouvelle politique de développement.

La société signe, le 26 avril, une lettre d’intention portant sur le développement conjoint de produits alimentaires à destination humaine à base d’insectes avec le centre de recherche et développement de Lotte Group, l’un des plus grands conglomérats en Corée du Sud, qui opère dans la distribution, la chimie, l’hôtellerie et les boissons alcoolisées. « Dans la droite ligne de ses objectifs stratégiques, ce partenariat avec Lotte Group va permettre à Ÿnsect d’accélérer son développement en alimentation humaine mais aussi d’étendre son activité en Asie », souligne le communiqué.

Une quinzaine de jours plus tard, Ÿnsect lance Sprÿng, « sa marque BtoBtoC d’ingrédients premium à destination des aliments pour animaux de compagnie, son marché prioritaire », selon un communiqué en date du 9 mai. Ainsi, la société « entend prendre rapidement des positions fortes sur ce marché de 78,4 milliards de dollars à l’horizon 2026 », grâce à ses produits issus du scarabée Tenebrio Molitor, riches en protéines (jusqu’à 71 %), avec des acides linoléniques et une faible teneur en cendres (moins de 5 %).

Une possible retour en alimentation animale ?

C’est à cette période que « la première unité de sélection et de multiplication ŸnFABRE [programme industriel dédié à la génétique des scarabées] sera implantée en France et opérationnelle », indique un communiqué en date du 6 juin. Et de préciser : « Chaque unité ŸnFABRE a le potentiel pour alimenter cinq fermes de production verticale Ÿnsect en insectes reproducteurs [Tenebrio Molitor] et permettra une augmentation de leur productivité de plus de 15 % par an tout en assurant une plus grande résistance aux maladies ».

Ces insectes reproducteurs « performants et résilients » seront sélectionnés grâce à la puce de génotypage haut débit Axiom YNS_MOL1, issu du projet ŸnFABRE. Lancé il y a un an par Ÿnsect, avec le centre national de séquençage français CEA-Genoscope, Aprex Solutions et Thermo Fisher Scientific, le programme de recherche a pour objectif de développer des « larves performantes sur le plan zootechnique et environnemental », « adaptées pour un développement optimal tout en nécessitant moins d’eau ou moins d’intrants ».

Aussi peut-on imaginer qu’à la condition de réduire dans des proportions significatives les coûts de production, ces insectes nouvelle génération permettront à Ÿnsect de proposer ses produits aux fabricants d’aliments pour porcs et volailles, une cible pour le moment mise de côté pour cause de manque de rentabilité.

Dans ce cadre, Ÿnsect s’est vu nommé à la 93e place du classement XB100 des cent meilleures entreprises privées de la deep tech, qui désigne les start-up proposant des produits ou des services issus d'innovations de rupture. Publié par XPrize et Bessemer Venture Partners, le XB100 a été créé pour « célébrer les entrepreneurs qui commercialisent la recherche scientifique dans la deep tech et pour mettre en lumière l’impact qu’ils ont sur notre société », selon le communiqué d’ Ÿnsect en date du 14 juin.

 

L’actualité de la filière Insectes en bref…

- Agronutris, société de biotechnologie française spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes en protéines, et Frayssinet, spécialiste de la fertilisation organique des sols, ont ouvert, le 9 mars, une négociation exclusive pour construire une usine de fertilisants innovants à Rethel (Ardennes). Les entreprises avaient déjà signé en juin 2020 une convention de recherche, qui a permis de montrer que « le frass, produit naturel issu des déjections des insectes élevés par Agronutris, offrait des propriétés fertilisantes avérées tout en étant compatible avec un outil industriel de fabrication », selon un communiqué commun. Les deux partenaires ont ainsi signé un contrat de fourniture et de valorisation des 16 000 t de frass d'élevage produites annuellement sur le site industriel de Rethel. Agronutris a livré les premiers lots de frass fin 2022 et Frayssinet espère lancer sa nouvelle gamme d'engrais au troisième trimestre 2023.

- Agronutris et BioMar, entreprise innovante dans le secteur des aliments à haute performance, ont signé « un partenariat pour de long-terme pour le développement d’une nouvelle génération d’aliments à base de mouches soldat noires, spécialement conçue pour répondre aux besoins de l’industrie aquacole », selon un communiqué du 25 avril. De fait, « l’alimentation à base d’insectes doit démontrer sa plus-value nutritionnelle tout en soutenant la croissance et la santé des poissons et des crevettes pour qu’elle pénètre durablement le marché aquacole », explique Chris Haacke, directeur du développementcommercial d’Agronutis. Ce « produit idéal » devra également répondre à l’ambition de BioMar en matière de durabilité. « L’objectif de BioMar en la matière est d’« atteindre 50 % de ses intrants issus de l’économie circulaire et régénérative » et « de réduire d’un tiers son empreinte carbone d’ici 2030 ».

- Invers, créateur d’une filière de production à la ferme de protéines d’insectes pour l’alimentation animale, va mettre en service le 22 juin un nouveau couvoir à Saint-Ignat (Puy-de-Dôme), baptisé Invers Aura. Il alimentera en jeunes larves 25 bâtiments agricoles de production d’insectes répartis sur le territoire de ses actionnaires coopératifs Limagrain, Oxyane et Eurea.

Les plus lus

Dirigeants des BRICS+ réunis à Kazan, en Russie
BRICS+ : pourquoi une nouvelle bourse de céréales est proposée par la Russie à ses partenaires ?

Les pays des BRICS+ (regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Iran, l'Égypte, l'Éthiopie et les…

<em class="placeholder">Epandage de solution azotée dans une parcelle de blé tendre au stade début montaison.</em>
Pourquoi les prix des engrais risquent de flamber à l’horizon 2026

La mise en place d’une taxe sur les émissions de carbone des engrais importés dans l’Union européenne devrait renchérir le…

Importations de blé : la Turquie va-t-elle prolonger son embargo ?

La Turquie, un des plus importants importateurs mondiaux de blé, a mis en place en juin 2024 un embargo sur ses…

La production française de tournesol 2024 attendue à 1,7 Mt par Agreste

Agreste a publié, le 15 octobre ses dernières estimations de production française pour 2024 en termes de céréales et d'…

Tournesol 2024 : une production française autour de 1,5 million de tonnes ?

Françoise Labalette, directrice adjointe de Terres Univia, tempère le catastrophisme ambiant, rappelant que, si l’année 2024…

Moins de blé dans le pain : comment l’Égypte compte réduire ses importations ?

L'État égyptien cherche à faire des économies par tous les moyens. Reste à savoir s'il parviendra à atteindre ses objectifs.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne