Exportations de blé tendre français 2017/2018
Une bonne qualité pas si évidente à gérer
La France devrait récupérer des parts de marché sur ses destinations traditionnelles. D’autres débouchés pourraient apparaître, mais il faudra jouer des coudes, selon Agritel et l’AGPB.
Bien que la qualité du blé tendre français soit cette année au rendez-vous, les OS auront de nombreux défis à relever pour exporter à bon escient. Nicolas Ferenczi, responsable des affaires économiques et internationales au sein de l’AGPB, met le doigt sur le premier d’entre eux, à savoir l’allotement. « Les coopératives et les négoces sont bons dans l’allotement lors de mauvaises années, où la qualité n’est pas au rendez-vous. Mais quid des bonnes années ? ». L’AGPB a rappelé la grande hétérogénéité des lots récoltés en 2017.
Le scénario actuellement admis par Agritel et l’AGPB, au sujet du déroulement de la campagne d’exportation 2017/2018, est la reprise des parts de marché traditionnelles, avec peut-être de nouveaux débouchés. « Le Nigeria est un gros marché. Nous avons cette année la qualité pour y aller. La Jordanie est également intéressante », analyse Nicolas Ferenczi. Alexandre Boy, analyste chez Agritel, rajoute l’Afrique australe, de l’Est et l’Arabie saoudite. Côté destinations classiques, « la qualité française plaira aux Marocains, mais leur récolte 2017 a été bonne, et leur marché pourrait être fermé jusqu’à décembre 2017-janvier 2018 », ajoute l’expert d’Agritel. Raison pour laquelle le cabinet d’analyse s’attend à une baisse des expéditions hexagonales sur le Maroc par rapport aux cinq dernières années (cf. graphe).
Sur l’Algérie, « il faudra faire attention à la concurrence argentine », alerte Alexandre Boy. Depuis le début de la campagne, le rythme des ventes françaises est jugé bon par Agritel, surtout sur l’Algérie et l’UE. Cette dernière a des besoins élevés, avec la baisse des stocks en Allemagne et en Pologne. Un peu de retard est signalé par rapport à d’habitude sur l’Afrique subsaharienne, néanmoins.
Remontée des prix sur octobre-décembre ?
Se lancer sur de nouveaux marchés ne sera pas chose aisée, prévient Nicolas Ferenczi. « Il faut avoir un réseau, être capable de s’adapter à la demande. Par exemple, la mise en place d’analyses spécifiques, comme le taux de gluten humide, requis par le Nigeria ». Par ailleurs, les producteurs doivent être disposés à vendre. « D’un côté, les bas prix incitent à la rétention mais, de l’autre, il y a des besoins de trésorerie », indique le spécialiste de l’AGPB. Agritel voit de son côté « un rebond des prix sur octobre-décembre 2017, peut-être jusqu’à 20 $/t, avec les potentielles difficultés logistiques de la Russie à cette période. Les agriculteurs qui le peuvent devraient attendre un peu avant de vendre », projette Alexandre Boy. Néanmoins, l’intensité de cette hausse pourrait être atténuée par la force de l’euro par rapport au dollar. « La parité €/$ est un des principaux facteurs de volatilité des prix des grains en ce moment », rappelle ce dernier.
De plus en plus d’initiatives concernant la rémunération de la protéine par les OS au profit des producteurs émergent. Mais des progrès sont à faire dans certaines régions françaises, d’après l’AGPB. « Le bassin parisien a plus l’habitude de payer la protéine, d’alloter, afin de satisfaire les importants besoins de la meunerie locale. En revanche, dans le nord de la France, en Normandie, ce n’est pas toujours le cas, les OS étant habitués au marché export, avec des taux de protéine historiquement peu élevés, et assez homogènes », explique Nicolas Ferenczi.