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Exportations de céréales
Sénalia pointe l’imprudence des vendeurs

L’opérateur portuaire est déçu par le rythme des exportations de céréales sur l’ancienne et la présente campagne.

La santé financière de Sénalia s'améliore
© Sénalia

Avec seulement 2,709 Mt de céréales exportées sur la campagne 2017/2018, nous n’avons pas atteint le niveau espéré », s’est exprimé Thierry Dupont, président de Sénalia, le 11 janvier à Paris, lors de l’assemblée générale. Toutefois, ce dernier se réjouit de l'amélioration de la santé financière de l'opérateur portuaire, qui voit son chiffre d'affaires augmenter et son résultat net redevenir positif entre 2016/2017 et 2017/2018 (cf. graph). Ceci grâce à une hausse des exportations de céréales de 49% d'une campagne sur l'autre. Puis, entre juillet-décembre 2018, seulement 1,8 Mt de grains ont été chargées. La montée en puissance de la Russie n’est pas étrangère à ce constat. Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia, ajoute une autre raison, expliquant que, espérant des prix meilleurs, « les organismes stockeurs (OS) n’ont pas servi le marché, alors qu’il y avait de la demande mondiale ». Ce dernier rapporte que la présente campagne a pourtant débuté sur les chapeaux de roues, expédiant « aux alentours de 900 000 t sur juillet-août 2018, contre 500 000 t à 600 000 t d’habitude ». Mais le rythme s’est ensuite estompé, les chargements s’élevant au même niveau entre septembre et décembre 2018.

Sénalia a abaissé le coût du fobbing à 1,50 €/t sur juillet-août 2018

Si l’activité portuaire sur juillet-août 2018 s’est avérée aussi intense, c’est parce que Sénalia a fait passer le fobbing de 3,50 €/t à 1,50 €/t, avant la mise en place des nouveaux portiques sur le site de Grand-Couronne, arrêté au 1er septembre, et qui redémarrera le 1er février 2019. « Avant l’installation des nouveaux portiques, nous voulions attirer un maximum de marchandises. Puis, nous avons remonté les tarifs à partir de septembre 2018, pour revenir à la normale en janvier 2019 », commente Gilles Kindelberger. Mais dès septembre 2018, les OS ont réduit leurs ventes, espérant des prix plus rémunérateurs. Une attitude dénoncée par le directeur général : « Pour gagner 0,50 €/t, on encourt un risque logistique sans commune mesure de perdre 9,50 €/t. Les frais logistiques peuvent fortement varier à cause des inondations, des grèves SNCF... C’est pour cela que l’on martèle qu’il faut vendre régulièrement pour lisser la logistique le plus possible ». L’objectif de Sénalia est d’exporter 4 Mt minimum sur l’ensemble de la campagne 2018/2019, soit 2,2 Mt sur janvier-juin 2019.

Afin de mieux prévenir ce genre d’aléa et de gagner en compétitivité, Sénalia essaie de multiplier les partenariats, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale. En mai 2018, Sénalia en signe un avec Lecureur, pour acquérir la gestion du silo du Val-de-la-Haye. « Ce projet me tenait particulièrement à cœur. Je milite pour le rapprochement des outils coopératif du port de Rouen. Aujourd’hui, 50 % du chemin a été effectué », s’est réjoui Thierry Dupont. Gilles Kindelberger ajoute que « des discussions vont se dérouler sur le prochain semestre 2019 avec les autres opérateurs portuaires », notamment Simarexport.

Projet de partenariat avec l’Ukraine

A l'international, Sénalia négocie avec le Maroc, l'Algérie, des pays du Moyen-Orient et l'Ukraine, afin de leur transmettre son modèle de gestion logistique portuaire et intérieur, et faire la promotion de la France. « Pour l'Algérie, le but est de fonder une Joint Venture avec l'OAIC, mais nous avons pris un peu de retard, car cela prend du temps d'élaborer un tel projet avec un organisme d'état. Il sera présenté fin janvier 2019 au conseil d'administration de l'OAIC », commente le directeur général. En Ukraine, « nous avons eu des contacts avec des coopératives locales pour élaborer un partenariat, incluant la construction d'une installation portuaire sur le bout du Dniepr ». Ceci afin de redonner une « certaine indépendance aux coopératives et agriculteurs locaux dans leur commercialisation, calquée sur le modèle Sénalia français », et concurrencer Nibulon. Au risque de renforcer la concurrence avec la France sur la scène mondiale? « Nous ne le voyons pas comme ça. On est convaincu que l'on pourrait faire des assemblages de qualité de produits à l'arrivée dans le pays d'importation, en y ajoutant du blé français avec d'autres origines ».

 

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