Entreprises
Sécuriser le revenu des agriculteurs pour une stratégie collective de filière
« Pour chaque filière, il faut se demander, en amont, ce que nous voulons faire, sur quels marchés ? Et non, a posteriori, qu’allons-nous faire de cette production, à qui allons-nous la destiner ? », a déclaré François Moury, directeur du pôle Agroalimentaire du Crédit agricole, lors de la 4e Journée européenne des coopératives agricoles, à Paris le 24 septembre. Les stratégies collectives de filières doivent également passer par la mise en place d’un cadre réglementaire, juridique et financier s’inscrivant dans la durée. « Il faut demander une vision plus claire aux pouvoirs publics. Aujourd’hui, le cadre juridique ne facilite pas l’émergence de grands acteurs à l’international. »
Consolider le maillon faible
« La stratégie collective permet de mieux répartir la valeur ajoutée, mais rend les différents maillons d’une filière très interdépendants, résume Gildas Tual, directeur de Bessé Assuragria. Avant toute chose, il faut consolider le maillon le plus faible : le producteur. Il existe des solutions, mais elles sont clairement insuffi-santes. » L’assurance récolte est encore trop peu développée, comme l’avait fait remarqué la Cour des Comptes dans un rapport paru en avril 2013. « Les coopératives ont un vrai rôle à jouer dans la recherche de mécanismes d’assurance pour leurs adhérents. Elles représentent le premier maillon de mutualisation des risques. Elles sont donc les mieux placées pour mettre autour de la table les assureurs et les réassureurs. » En revanche, la réforme de la Pac semble aller dans le sens des producteurs, selon Michel Dantin, député européen. « Le texte de la réforme donne du pouvoir aux associations de producteurs, dont un pouvoir de négociation sans tomber sous le joug de la DGCCRF et d’être accusé de cartel. De plus, le texte est élargi à l’ensemble de l’Europe, ce qui laisse la place pour créer des interprofessions. » Et d’ajouter : « Nous aurons gagné quand les interprofessions seront bi ou trinationales. »
Par ailleurs, si on veut une vraie stratégie collective de filière, il faut obligatoirement intégrer les distributeurs, estime François Moury. « Il faut arrêter de créer pleins de références différentes, qui entraînent des coûts supplémentaires pour les industriels. »