Marché mondial
Retour en force du blé argentin à l’export
Avec des conditions météorologiques optimales, l’origine Argentine devrait renforcer sa présence sur les marchés nord-africains. En quatre ans, le pays a doublé sa production de blé et triplé ses exportations.
Avec des conditions météorologiques optimales, l’origine Argentine devrait renforcer sa présence sur les marchés nord-africains. En quatre ans, le pays a doublé sa production de blé et triplé ses exportations.
Les pronostics de record de moisson de blé en Argentine, autour de 21,2 Mt réalisables sur 6,87 Mha*, selon la Bourse du commerce de Rosario (BCR), ont été confortés, début octobre, par de généreuses pluies qui ont arrosé, au moment le plus propice, la majeure partie de la région pampéenne. Les cultures, en plein tallage dans l’ouest de la province de Buenos Aires, passaient par une phase critique après une centaine de jours sans pluie qui menaçait leur rendement potentiel dans cette zone comptant pour 20 % des surfaces nationales. Le grand bassin céréalier du pays, au sud-est de la province de Buenos Aires (Tres Arroyos et Necochea), présente des champs en bonne condition, voire excellente, comme dans le reste du pays, ceci dans 82,5 % des cas, selon la Bourse aux céréales de Buenos Aires.
Un disponible exportable de 13,7 Mt
Sauf inondations majeures lors des récoltes, l’Argentine pourrait dégager 13,7 Mt de blé disponibles pour sa campagne d’exportation, qui démarre en décembre. La BCR estime un stock initial de 1,2 Mt, lequel porterait l’offre argentine à 22,4 Mt. Ce solde exportable de 13,7 Mt signifierait des envois en hausse de 15 % par rapport à 2018/2019 et supérieurs de 40 % à la moyenne quinquennale. « Ce volume établirait un autre record historique pour 2019/2020, représentant une valeur approximative de 3 Md$ facturables à la douane entre décembre 2019 et novembre 2020 », selon Emilce Terré, responsable Informations et Études économiques de la BCR.
« Il est hautement probable que nos blés renforcent leur présence sur les marchés nord-africains en 2020 », juge l’analyste argentin d’un grand exportateur international d’origine française. Les exportateurs basés en Argentine ont acquis jusqu’à présent « environ 4 Mt » du blé argentin nouveau, selon lui. Leurs préoccupations se concentrent désormais sur l’échéance des élections présidentielles du 27 octobre prochain, avec un candidat favori du scrutin – Alberto Fernández – qui pourrait bien rehausser le niveau de la taxe à l’export de céréales. Pire, ce dernier pourrait rétablir des quotas d’exportation de céréales comme ce fut le cas de 2006 à 2015 alors que le parti péroniste, le sien, était au pouvoir.
Quoi qu’il arrive, le blé d’origine argentine a déjà confirmé son retour en force sur le marché mondial. Cette tendance s’affirme depuis quatre ans à l’issue desquels l’Argentine a doublé sa production de la céréale et triplé le volume de ses exportations.
Indirectement, les taxes à l’export de grains appliquées par le gouvernement argentin y doivent beaucoup. En effet, alors que celles-ci ont été maintenues à un niveau de 35 % sur le soja, elles ont été supprimées pour les céréales de 2015 à 2017, puis rétablies par la suite, mais à un niveau modéré, ce qui a encouragé les producteurs à diversifier leurs assolements, et donc à semer du blé au lieu de continuer à contribuer au phénomène de monoculture du soja.
Bref, le “grenier à blé du monde” que fut jadis l’Argentine est bel et bien de retour.
* À comparer aux chiffres de la campagne de blé argentine 2018/2019, selon la BCR : 6,46 Mha emblavés et 19 Mt récoltées avec un rendement moyen de 30,7 q/ha.