Commerce international
Rapport Cyclope 2018 : les marchés agricoles, exclus de l’embellie économique mondiale
Alors que les prix des métaux et de l’énergie s’envolent, les céréales affichent depuis plusieurs années consécutives des prix bas.
Alors que les prix des métaux et de l’énergie s’envolent, les céréales affichent depuis plusieurs années consécutives des prix bas.
« Der Himmel lacht ! Die Erde jubilieret », en français « Le ciel rayonne ! La terre jubile ». Derrière ce clin d’œil à Jean-Sébastien Bach, le titre de cette 32e édition du rapport annuel Cyclope se veut optimiste dans un contexte de reprise économique mondiale. Pour autant, « Quand un économiste dit que tout va bien, c’est qu’il faut sortir son parapluie ! », a nuancé Philippe Chalmin, président du cercle Cyclope et coauteur de l’ouvrage. Si certains indicateurs tendent à rassurer certains investisseurs, tous ne sont pas dans le vert.
Marchés céréaliers dans la tourmente
Le tableau est loin d’être rose concernant le marché céréalier. « Les marchés boursiers affichent de hauts niveaux. Nous avons assisté au rebond des matières premières courant 2017…, sauf pour les céréales et les produits agricoles en général qui connaissent une période d’atterrissage douloureuse », a relevé Philippe Chalmin. « Avec un cours du pétrole en hausse et des prix bas en céréales, le modèle qui a formidablement vécu de fin 1960 à 2000 ne permet plus de gérer le risque production et le risque revenu », estime François Luguenot, auteur de la partie consacrée aux marchés céréaliers. Et ce d’autant que « les marchés à terme sont de moins en moins corrélés au marché physique ». Pour l’expert, « la question est de savoir comment un agriculteur peut gagner sa vie et sécuriser le revenu avant de savoir comment exporter son blé ». À court terme, « la production devrait rester supérieure à la consommation mondiale, donc les prix demeureront égaux ou inférieurs aux coûts de production dans un marché dominé par la zone mer Noire ».
Selon François Luguenot, seule une forte baisse de production dans cette zone (en Russie surtout) pourrait entraîner un rebond des cours. Dans ce contexte, l’expert considère que le secteur agricole français doit trouver de nouveaux modèles. « Le consommateur s’oppose à certaines pratiques, et il n’a pas toujours tort. […] Il faut remettre de la complexité dans le système, ça peut améliorer les choses ». Et de conclure : « Je n’exclus pas que le tas de blé français baisse de 30 % d’ici dix ans ».