Prolongation possible de l’embargo de céréales russes d’ici la fin 2011
La Russie envisage de prolonger jusqu'à la fin de l'année son embargo sur les exportations de céréales. Selon certains experts, cet élément pourrait décourager les producteurs nationaux qui font face à une baisse des cours des céréales en Russie depuis quatre semaines. Les niveaux de prix seraient très bas, selon Arkadi Zlotchevski, président de l'Union céréalière russe, qui a a appelé à une levée de l'embargo dès le 1er juillet.
Cette décision avait été prise l'été dernier quand le pays, confronté à une sécheresse et à une canicule sans précédent, avait dû amputer d'un tiers ses prévisions de récolte de céréales, prévues initialement à hauteur de 95 Mt.
Alors qu'il devait prendre fin en décembre 2010, l'embargo a été prolongé jusqu'à l'été 2011. Puis le 25 mars, la ministre de l'Agriculture, Elena Skrynnik, a indiqué qu'il serait prolongé jusqu'à fin septembre-début octobre. Et mercredi, le vice-Premier ministre Viktor Zoubkov a suggéré une prolongation jusqu'à la fin de l'année. Des annonces suscitant de nombreuses interrogations, en particulier sur l'état des cultures dans le pays. Le Premier ministre Vladimir Poutine a indiqué récemment qu'en raison d'un hiver rigoureux la Russie avait effectué 20% de moins de semis d'hiver que prévu.
Pourtant, les experts estiment que pour l'heure, rien ne permet de s'inquiéter quant à la future récolte.
"Pour l'instant, il n'y a eu aucune mauvaise surprise", a déclaré à l'AFP Dmitri Rylko, directeur de l'Institut de conjoncture du marché agraire, ajoutant que la réduction de 20% des semis d'hiver n'avait pas concerné "des terres clefs".
Il est toutefois difficile d'estimer le volume de la future récolte, estime Elena Tiourina, directrice de l'Institut de recherche sur le marché agraire qui juge "très censée" la décision de prolonger l'embargo.
"Le pays ne pourra exporter que quand il sera entièrement sûr de pouvoir satisfaire la demande intérieure et de disposer en plus de certaines réserves stratégiques", dit la spécialiste à l'AFP.
"Et nous ne saurons cela qu'à la fin de la récolte, fin octobre-début novembre", précise-t-elle.
Vendredi, le vice-ministre de l'Agriculture Chamil Vakhilov, cité par Ria Novosti, a néanmoins pronostiqué une récolte comprise "entre 85 et 90 millions de tonnes de céréales".
Pour M. Zlotchevski, la baisse des prix observée récemment est "le signe qu'il y a bien plus de réserves que ce qu'avait estimé le gouvernement".