PRÉSIDENTIELLE 2007 L’Agriculture selon O. Besancenot
Le candidat de la Ligue Communiste Révolutionnaire qui a reçu ses signatures se présentera bien à la Présidentielle. Il répond à nos questions
La Dépêche - Si vous étiez élu à la Présidence de la République, quelle est la première mesure que vous adopteriez concernant l'agriculture ?
Olivier Besancenot : L’ouverture d’un grand débat public sur l’avenir de l’agriculture française, l’aide au développement d’une agriculture paysanne et la remise en perspective sa finalité : assurer la souveraineté alimentaire.
La Dépêche - Quel regard portez-vous sur la Politique agricole commune, et comment envisagez-vous l'après 2013 ?
Olivier Besancenot : Je ne remets pas en cause le principe d’une politique publique (française et européenne) d’aide à l’agriculture. Mais je suis bien obligé de constater que la PAC et son système de subventions, tels qu’ils ont été mis en oeuvre depuis des dizaines d’années, ont été profondément détournés de ce que devraient être ses objectifs. L’orientation pour l’après 2013 sera définie à l’issue du débat national évoqué dans la première réponse.
La Dépêche - Considérez-vous que les aides publiques sont équitablement réparties ? Pourquoi ?
Olivier Besancenot : Non, absolument pas ! Aujourd’hui 20% de la profession absorbe 80 % des subventions.
Cette stratégie a puissamment favorisé le développement d’une agriculture productiviste, tournée vers l’exportation, avec la concentration à outrance, l’endettement des exploitants, la liquidation des petites exploitations et la disparition de centaines de milliers de paysans.
La Dépêche - Comment envisagez-vous l'avenir de l'export français, notamment concernant les filières des grandes cultures (céréales en particulier) ?
Olivier Besancenot : Je défends le principe de la " souveraineté alimentaire ", aussi bien d’ailleurs pour les pays du Sud où c’est une question vitale, que pour les pays du Nord, comme la France. Le maintien sur le territoire d’une agriculture paysanne de qualité permettant aux paysans de vivre de leur activité doit donc avoir pour objectif d’assurer cette souveraineté alimentaire et non de conquérir des parts de marché à l’exportation. C’est pourquoi je suis hostile à tout ce qui est subventions à l’exportation, dont la conséquence est la destruction des agricultures des pays du Sud.
Quel est votre regard sur la filière des biocarburants agricoles français ? Les encouragerez-vous et si oui, comment ?
Olivier Besancenot :Franchement, je suis extrêmement réservé. L’argument utilisé pour justifier le développement des biocarburants agricoles se veut " écologique " : moins de pollution qu’avec l’utilisation du pétrole et de ses dérivés. C’est oublier un peu vite un autre type de pollution, celle des sols par les engrais d’autant que tout porte à croire que cette filière va se développer selon les normes du marché mondial, c’est-à-dire dans un schéma d’agriculture productiviste, intensive, industrielle et extrêmement polluante. Même si cela dépasse le cadre de votre question, je tiens aussi à préciser que je redoute les effets sur les agricultures des pays du Sud qui risquent d’être détournées de leur finalité première, la production alimentaire pour assurer la subsistance des populations.
La Dépêche - Certains semenciers annoncent 30 000 ha de maïs OGM en France cette année alors que la législation européenne n'est pas transposée en droit français et que l'actuel gouvernement a abandonné le projet de loi sur les biotechnologies. Comment comptez vous gérer cet épineux dossier ?
Olivier Besancenot : Personne ne connaît aujourd’hui les conséquences de la culture et de la commercialisation des OGM en termes de sécurité sanitaire et de santé publique. De plus, leur développement ne répond à aucune nécessité en termes de production alimentaire : il vise seulement à soumettre les paysans au bon vouloir des multinationales semencières. Je suis donc, jusqu’à plus ample informé, pour interdire la culture en plein champ et la commercialisation des OGM.
Il ne doit y avoir aucune " prime au fait accompli " et aux cultures illégitimes et illégales. J’ai moi-même, ainsi que de nombreux militants de la LCR, participé à des opérations organisées par les " Faucheurs volontaires ". Ce qui guide cette position est à la fois l’application du principe de précaution et l’exigence d’un débat démocratique. Concernant la culture des OGM à destination médicale, je suis pour la poursuivre en milieu confiné.