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Polonais

C’est un truisme : le référendum du 29 mai avec son “non” franc et massif à l’indigeste Constitution européenne est désormais loin, bien loin derrière nous. Et pourtant, on continue de parler à propos de tout et de rien de ce désormais fameux «plombier polonais», accusé d’avoir été le fossoyeur du “oui”. Il n’a rien à voir pourtant avec cette triste actualité sociale qui a vu treize ouvriers polonais employés par les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire à la construction du paquebot Musica pour la société italienne MCS, logés en camping et obligés de se mettre en grève de la faim devant la mairie de la ville afin d’obtenir le versement de deux mois de salaires non perçus. Salaires, qu’ils ont obtenu après six jours de jeûne et grâce à la lente mobilisation des médias et des syndicats français. Un récit proprement kafkaïen avec une patate chaude que tout le monde se repassait, car si l’employeur Kliper de ces ouvriers est basé à Szczecin, le grand port polonais spécialisé dans la construction navale, le sous-traitant Gestal est lui, français. Et c’est ce dernier, qui a confié le marché à la société polonaise Kliper... Finalement, l’intermédiaire français, après avoir traîné les pieds, a accepté de payer les arriérés de salaires. Dans la foulée, il a annoncé engager des poursuites contre la société polonaise pour se faire rembourser. Mais Kliper, selon l’union syndicale interprofessionnelle CGT, serait une société fantôme, une simple boîte postale...(sic) On observera que le projet de “directive Bokelstein» sur la libéralisation des services, devenue du fait de son impopularité la “directive Frankenstein”, qui a fortement contribué à envoyer par le fond la Constitution européenne, n’est strictement pour rien dans cette salade franco-italo-polonaise. La Pologne, quant à elle, nouveau membre de l’Union européenne, reste très remontée contre ceux qui ont agité le spectre de ce “plombier polonais”. Elle en a assez de ces clichés réducteurs qui prétendent que l’on est «saoul comme un Polonais», «bigot comme un Polonais», «voleur de voitures comme un Polonais» et autres sympathiques amabilités que l’on met sur le dos des Polonais. Sur quelques notes d’une des célèbres polonaises de Chopin, la contre-offensive est venue du ministère de l’Économie de Varsovie dont dépend l’organisme polonais du tourisme. Celui-ci a lancé en deux temps et trois mouvements une campagne publicitaire très maligne. La première, précisément en ayant recours à un jeune plombier en bleu de travail qui exhibant ses biceps et pectoraux, proclame avec un clin d’œil résolument sexy : «Je reste en Pologne, venez nombreux !» La seconde, copie conforme de ces jeunes femmes dont les visages fleurissent dans les rubriques spécialisées en convivialité de certains journaux gratuits ou du minitel rose, est une accorte et jeune infirmière vêtue d’une blouse blanche très décolletée et d’une coiffe rétro. Par-dessus ses lunettes, elle proclame, un rien aguicheuse : «Pologne : je t’attends! » Comme quoi, les Polonais prouvent qu’ils ont aussi de l’humour. On dit à l’Office du tourisme polonais, que cette année ce pays est une destination très prisée des touristes français. Plus que les cités hanséatiques, le festival Chopin de Basse-Silésie ou les pèlerinages à Cracovie sur les traces de Jean-Paul II ou à la vierge miraculeuse de Czestochowa, les mannequins qui jouent au plombier polonais et à l’infirmière des bords de la Vistule y seraient-ils pour quelque chose?

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