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« Pas d'accès à l'export sans blé de qualité »

L'export, un marché de prix... à condition que la qualité soit conforme aux besoins...

Le rendez-vous annuel de France Export Céréales (FEC) a mis en évidence l'urgence pour les exportateurs de répondre aux exigences des importateurs, le 1er avril à Paris. Ces derniers hésitent de moins en moins à diversifier leurs approvisionnements, certains écartant de plus en plus l'origine française pour des questions de prix, mais surtout de qualité. « Plutôt que de chercher à convaincre nos clients que nos blés peuvent correspondre à leurs besoins, tâchons de répondre à leur demande », a lancé Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de FEC. Une sortie qui tombe sous le sens, mais à laquelle l'ensemble de la filière Blé tendre devra répondre si elle veut maintenir ses positions sur le marché mondial, voir les développer. Invités à s'exprimer lors du colloque, Jean-Philippe Everling et Thierry Barrois du Synacomex (syndicat des exportateurs de céréales) ont fait part de l'importance de l'export pour le marché français du blé et des défis à relever pour son maintien.

L'export, un marché de prix... à condition que la qualité soit conforme aux besoins...

Sur les quelques 37 Mt que la France produit chaque année, les ventes de blé tendre à l'international représente plus de la moitié des volumes. « L'export est particulièrement important pour la France car il tire le marché intérieur », a lancé J.P. Everling. Mais si l'export est un marché de prix, encore faut-il pouvoir y accéder, sachant que le premier critère est la qualité. En Égypte, par exemple, les blés d'origine mer Noire s'imposent de plus en plus… mais pas seulement. Au Maroc, où les mélanges des meuniers sont traditionnellement basés sur le blé français, auquel vient s'ajouter d'autres origines, notamment russes, la tendance semble s'inverser, selon Yann Lebeau, responsable du bureau de Casablanca de FEC. Certains industriels complètent désormais une base de blé d'origine mer Noire avec le blé hexagonal. « À prix égal, les industriels choisissent l'origine mer Noire », confirme J.P. Everling.

Même si la France exporte de plus en plus vers les pays tiers et de moins en moins vers les membres de l'UE, « le blé français n'a pas la cote sur le marché mondial », selon le Synacomex. Et l'accord avec l'Ukraine ne jouera pas en la faveur de l'Hexagone concernant ses ventes dans l'UE. Le débouché pays tiers fait donc figure de priorité. Et avant de penser au développement, « il faut rester vigilant sur notre positionnement déjà reconnu ». Si la qualité reste un frein sur certaines destinations, la filière française dispose d'atouts importants comme la régularité de sa production et une logistique plus performante que l'ensemble des autres exportateurs. Mais cette force présente aussi un désavantage à plus long terme, car les gains en matière de production ou d'acheminenment sont très limités… À l'inverse de nos concurrents, qui disposent de belles marges de progression et, surtout, qui bénéficient déjà d'une qualité en adéquation avec la demande (taux de protéines supérieur associé à la notion de gluten humide, et moindre humidité). « Nos principaux concurrents n'ont pas de réfaction liée à la qualité », a remarqué J.P. Erverling.

Quelques pistes

Pour se maintenir, l'export français devra renforcer son offre. A ce titre, la mention du taux de protéine ne suffit plus. Le Synacomex a souligné que le « Gluten humide est devenu le critère le plus important au Moyen-Orient ». La propreté des lots gagnerait à être améliorée, en particulier pour les blés destinés à l'Afrique Subsaharienne. Bien entendu, une progression du taux de protéines est essentielle pour concurrencer à arme égales les autres exportateurs. Les travaux de recherche et les niveaux de rendements observés en France (une diminution pourrait profiter à la protéine), permettent quelques espoirs. Mais comme l'a souligné Jean-François Loiseau d'Axéréal, « toute la filière doit en bénéficier ». Car sans incitation à la production, l'offre de l'export peinera à évoluer.

Certains ont jugés les critères du contrat à terme Blé peu incitatifs pour la production de qualité. Mais ils ne peuvent être trop élevés afin d'assurer la liquidité d'Euronext, rappelle J.P. Everling. Notons que ces critères sont définis par la filière. et ne sont pas gravés dans le marbre.

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