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Orges brassicoles : la récolte française n'est pas encore jouée

Les cultures d'orges françaises ont pâti d'un régime pluviométrique chaotique depuis le début de la campagne, mais leur sort reste incertain, notamment pour les teneurs en protéines. Les récoltes 2014 européenne et mondiale sont attendues en baisse.

Si l'aval de la filière brassicole se réjouit de la météo ensoleillée actuelle, l'amont est plus inquiet », a annoncé Luc Pelce, animateur filière Orges brassicoles chez Arvalis-Institut du végétal, lors du colloque annuel du secteur, le 15 avril à Reims. Comme la plupart des céréales, les orges sont en avance cette année, mais ont subi et subissent encore un régime pluviométrique très chaotique.

Les orges d'hiver entre « boue et poussière »

Un peu plus de 1,2 Mha d'orges d'hiver ont été semées, soit 5 % de plus que la moyenne quinquennale, dont 320.000 ha d'orges de brasserie. Elles ont eu chaud depuis le début de la campagne. En conséquence, « l'épiaison pourrait avoir lieu dès le 20 avril, la maturité au 1er juin, et la récolte pourrait débuter le 15 juin, sauf coup de Trafalgar », estime Luc Pelce. Le cumul de température, plus élevé que d'habitude, pourrait éviter les problèmes d'échaudage et générer des PMG (poids pour 1.000 grains) et des calibrages élevés. De plus, le soleil de mars entraînerait un rendement épillets par épi maximal et limiterait les effets de verse. En revanche, si l'azote a été absorbé tôt, les teneurs en protéines risquent ” d'être basses.

Il est difficile d'imaginer qu'on aura un taux de protéines moyen entre 10,5 et 11,2 %.

En termes d'humidité, « les orges d'hiver sont passées de la boue à la poussière ». D'octobre à fin février, elles ont eu « les pieds dans l'eau ». Cela peut provoquer un mauvais enracinement, et donc un défaut de tallage. De plus le lessivage de l'azote du sol ou des engrais peut entraîner un faible taux de protéines. À l'inverse, depuis le 1er mars, la campagne est caractérisée par un manque de pluies, en particulier sur le grand quart Nord-Est, principal bassin hexagonal d'orges brassicoles. « I l y a certaines zones qui ont reçu moins de 15 mm de pluies. Or c'est idéalement ce qu'il faut pour qu'un apport d'azote soit valorisé. Néanmoins, en cas de nouvelles précipitations très significatives, les teneurs en protéines pourraient être très élevées. » Dans tous les cas, on risque d'être dans des extrêmes, selon Luc Pelce. « I l est difficile d'imaginer qu'on res-tera entre 10,5 et 11,2 %. »

Un démarrage rapide des orges de printemps dans le sec

Les surfaces en orges de printemps sont d'environ 480.000 ha, soit un recul de 9 % sur la moyenne des cinq dernières années. Les ensemencements n'ont pas été évidents, sur des sols « totalement bétonnés ». Le développement des cultures a démarré « sur les chapeaux de roue mais dans un climat des plus secs ». Là aussi, cela pourrait éviter l'échaudage, mais pénaliserait la mise en place de talles. Par ailleurs, « i l est assez sûr qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas eu d'absorption d'azote ».

Tout n'est pas encore joué pour les orges françaises, même si l'animateur d'Arvalis rappelle qu'à l'inverse des blés, les orges ont peu de « plasticité génétique ». C'est-à-dire que si la composante “n” de la plante est en difficulté, la composante “n+1” a de grandes chances de suivre la même voie.

Une récolte européenne 2014 en baisse de 4 Mt

La récolte 2014 de l'UE à 28 est prévue à 56 Mt, toutes orges confondues, contre 60 Mt l'an passé, d'après Stratégie Grains, avec une hausse de 300.000 t en orges d'hiver (OH) et une baisse de 4,9 Mt en orges de printemps (OP). La part d'orges brassicoles est prévue à 11,5 Mt (12,8 Mt en 2013). « Cela est principalement dû à des baisses de surfaces d'orges de printemps au Royaume-Uni (-36 %) et au Danemark (-23 %), et un retour à des rendements plus normaux en Espagne », explique Alain Caekaert, directeur Achats matières premières de Malteurop.

Vers des primes brassicoles plus fermes

La production mondiale d'orges 2014 est estimée à 137,9 Mt par Stratégie Grains, contre 145,4 Mt en 2013. « On attend une baisse des surfaces dans tous les grands bassins de production (Canada, Australie, UE, NDLR), précise Alain Caekaret, directeur Achats matières premières de Malteurop, notamment en Europe. » Les besoins d'importations chinois seraient de nouveau en forte hausse, en raison d'un recul de la production locale et d'une augmentation de la demande. En conséquence, nous pourrions peut être retrouver un équilibre offre/demande plus serré, et donc des primes brassicoles plus fermes, conjecture le directeur Achats matières premières de Malteurop. Depuis l'automne 2013, les primes brassicoles sont relativement faibles sur Euronext, même si l'écart a plutôt tendance à se réduire. Elles restent inférieures à 10 €/t sur depuis le début de l'année, contre une moyenne de 17 €/t sur 2007-2014.

La France et le Royaume-Uni restent les principaux producteurs européens d'orges brassicoles.

Que ce soit en OH ou en OP, la France et le Royaume-Uni restent les leaders européens d'orges brassicoles, avec des volumes 2014 respectivement attendues à 3,8 Mt (2,2 Mt d'OH et 1,7 Mt ” d'OP) et 2,3 Mt (685.000 t d'OH et 1,6 Mt d'OH). Si l'Allemagne est le plus grand producteur européen d'OH avec 8,1 Mt, 99 % sont des variétés fourragères. Idem pour l'Espagne en OP, avec ses 7,2 Mt mais dont seules 8 % sont brassicoles

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