Orge de brasserie, cap sur la Chine
La France espère capter un tiers des besoins chinois d’orge de brasserie
PREMIER PRODUCTEUR mondial d’orge de brasserie, la France espère couvrir 30 à 35 % des besoins chinois, contre seulement 10 % aujourd’hui, comme l’a souligné Jean-Jacques Vorimore président de France export céréales (Fec), après avoir organisé, dans le centre du pays à Wuhan, un séminaire destiné à la filière industrielle locale. Un potentiel qu’il a réaffirmé, le 25 octobre à Pékin, lors d’une allocution en présence de Jacques Chirac et des membres de la délégation française en visite officielle.
La production de bière explose Chine
« La Chine est le premier producteur mondial de bière, devant les états-Unis, mais aussi le premier consommateur, avec une croissance annuelle plus de 20 % », a rappelé le président de Fec. De 18 l/an/habitant en 2004, la consommation pourrait atteindre 22,5 l à l’horizon 2008/2009. Et l’empire du Milieu compte plus d’1,3 Md d’habitants ! Le pays transforme pour cela 3 Mt d’orge de brasserie par an et en importe 1 à 1,5 Mt. Australie, Canada et France se partagent ce débouché. La première peut lui fournir jusqu’à 1,5 Mt. Les deux autres concurrents se partagent le solde. Les ventes françaises se situent en général entre 150.000 à 180.000 t. Mais dans un contexte mondial d’offre serrée, avec notamment une forte baisse de la production australienne du fait de la sécheresse et une marchandise canadienne qui devrait alimenter le marché nord-américain, les exportations françaises vers la Chine pourraient progresser. Une perspective basée sur l’expérience : en 2003, où le Canada (qui peut lui fournir jusqu’à 600.000 t) était absent et l’Australie confrontée à la sécheresse « nous avions gagné une part de marché de 30 %», se remémore Jean-Jacques Vorimore, joint par La Dépêche-Le Petit Meunier. Mais, à environ 2,9 Mt, la production française est également limitée en 2006 (-10 %). Elle devrait alors trouver préférentiellement preneur en Europe à moins qu’ « une fenêtre de marché s’ouvre» sur la Chine, explique Jérôme Payoux, responsable analyse de marché de Fec. Les besoins potentiels de la Chine ne s’exprimeront pleinement qu’au printemps, une fois la récolte australienne engrangée. Ce débouché devrait donc intéresser les productions françaises 2006 et 2007, insiste le président de Fec.
La Chine a de réels besoins et est en attente d’une sécurisation de ses approvisionnements. Une des forces de la France tient au fait qu’elle bénéficie d’une « plus grande régularité de production » que ses concurrents, souligne Jean-Jacques Vorimore assurant : « Nos clients y sont réceptifs ». En effet, «les conséquences d’une sécheresse chez nous sont, par exemple, sans commune mesure avec celles observées en Australie où la récolte est cette année divisée par trois ». Pour renforcer cet atout tricolore, « il faut mettre en place en France un esprit d’approvisionnement des marchés », insiste Jérôme Payoux. Pour les producteurs, l’orge a par ailleurs un rôle positif à jouer dans les rotations des cultures explique-t-il. Si les surfaces ont diminué du fait des faibles niveaux de prix atteints l’an dernier, la flambée enregistrée depuis le début de campagne « pourrait engendrer un sursaut pour les ensemencements d’hiver ».
A terme, les céréaliers français visent « un triplement des ventes » sur la Chine. Une ambition basée sur les espoirs que réserve la recherche variétale. Elle devrait en effet permettre de produire « des orges de qualité technologiques répondant aux attentes du marché chinois », comme l’explique Jérôme Payoux. Des variétés qui devraient arriver en 2007/2008 et surtout 2008/2009. Et, « au-delà de la Chine c’est l’Asie que nous visons, » insiste Jean-Jacques Vorimore. Fec travaille en effet sur tous les fronts : elle organisait, en ce début de semaine à Casablanca, un séminaire de présentation de la notre cuvée de blé 2006.