Exportations de céréales 2017/2018
"Ne pas s’endormir sur nos lauriers"
La bonne qualité de la récolte française 2017 de grains est de bon augure pour la campagne commerciale 2017/2018. Mais de nombreux défis seront à relever.
Plusieurs voyants sont au vert pour la campagne Export 2017/2018. La récolte présente des rendements pas extraordinaires mais corrects et, surtout, une bonne qualité en blé tendre (malgré une certaine hétérogénéité et une coupe non terminée), avec des taux de protéines « qui devraient tourner autour des 12 %, un niveau qu’on n’avait pas connu depuis longtemps », témoigne Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales (Fec). Pour ce dernier, le plan protéines, les conseils techniques des OS auprès des agriculteurs, l’élaboration de la nouvelle grille de qualité des blés… ne sont pas totalement étrangers à ces bons résultats. De son côté, le silo portuaire Nord Céréales sous-entendait, le 25 juillet, que le blé tendre français pourrait, dès cette campagne, partir pour des horizons plus exotiques.
Optimisme sur l’Algérie et l’Afrique de l’Ouest mais…
La reconquête des débouchés traditionnels en blé tendre de la France, voire de nouveaux, s’annonce bien pour le moment. Mais il convient de rester prudent et « de ne pas s’endormir sur nos lauriers », tempère François Gatel, directeur de Fec. L’attractivité prix des origines hexagonales restera le principal "driver" de la bonne tenue (ou pas) de nos ventes extérieures, rappellent les experts de Fec. Raison pour laquelle l’association est restée prudente quant aux projections d’expéditions de grains sur l’Afrique (cf. tableau). « Nous avons ce qu’il faut en quantité et en qualité pour revenir sur les destinations comme l’Algérie, le Maroc ou l’Afrique de l’Ouest. Pour l’Égypte, nous sommes beaucoup plus réservés (0,2 Mt prévues, contre 0,5 à 1 Mt d’habitude), étant donné le durcissement du cahier des charges en mai, exigeant un taux de protéine à 12 % pour les origines UE et 12,5 % pour les origines mer Noire », explique Jean-Pierre Langlois-Berthelot. « Pour du haut de gamme français, les exportateurs chercheront peut-être à trouver des débouchés plus rémunérateurs que l’Égypte », précise ce dernier.
Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire chez Fec, s’inquiète de la concurrence mer Noire, que ce soit sur les anciens ou les potentiels nouveaux débouchés. « Pour les marchés publics, comme en Égypte, en Libye ou en Iran, c’est le prix qui dicte les achats. Or, l’euro est très haut par rapport à la hryvnia, au rouble… Pour la destination iranienne, l’accès par la mer Caspienne de la Russie leur donne un sérieux avantage logistique. »
Concernant la Libye, marchés publics et privés coexistent, comme en Égypte, mais les taux de gluten exigés sont élevés, à 27 %, critère difficilement atteignable pour du blé tendre français, indique Roland Guiragossian. Ce dernier s’attend donc à ce que les exportateurs français privilégient d’abord la reconquête des destinations traditionnelles cette année, avant de s’aventurer sur des destinations plus originales. Il faudra également garder un œil sur ce qui se passe chez les autres exportateurs internationaux (Allemagne, Australie…). « J’attends de voir les réelles conséquences des pluies en Allemagne. Aux États-Unis, on entend que ce serait moins mauvais qu’attendu en blé de printemps. Enfin, l’Australie a des problèmes, mais ils ont des réserves… », alerte Jean-Pierre Langlois-Berthelot.
Des semouliers marocains séduits
L’ouverture récente du marché angolais au blé tendre laisse espérer des expéditions françaises sur cette destination dès cette année. « Nous avons la qualité requise pour nous positionner sur l’Angola », souligne François Gatel. Autre nouvelle encourageante : la bonne qualité hexagonale globale en blé dur, selon les experts de France Export Céréales (Fec). « Des semouliers marocains nous ont rendu visite début juillet sur La Rochelle pour tester le blé dur français 2017. Ils nous ont signalé qu’il était équivalent à la meilleure qualité canadienne ! », s’est réjoui Jean-Pierre Langlois-Berthelot. Ceci explique pourquoi Fec projette des ventes de blé dur hexagonal 2017/2018 de 0,1 Mt sur le Maroc. Les problèmes de Hagberg rencontrés dans certains secteurs (Poitou-Charentes, Centre) ne semblent donc pas préoccuper outre mesure les dirigeants de l’association. Quant à l’orge, il n’y a pas de problème majeur, que ce soit pour les brasseurs ou la nutrition animale, selon ces derniers. Ceci laisse augurer de bonnes ventes françaises, sur l’UE et la Chine notamment.