Monaco
Pas question de marcher sur les plates-bandes des magazines people, genre «Voici» et «Gala», qui font leurs choux gras de l’actualité de ce qui reste en ce début de XXIe siècle des cours royales. Avec des paparazzis, qui épient les faits et gestes de ceux dans les veines desquelles coulent du sang dit bleu. Mais comment peut-on résister de parler en cette chronique, qui —sauf évènement majeur— se veut détendue, de l’avènement à 47 ans d’Albert II de Monaco, 31e Grimaldi à s’asseoir sur le trône du micro-Etat, un minuscule rocher de 32.000 habitants dont moins de 8.000 citoyens. Un rocher, qui est aussi une mine d’or, dénoncée par un rapport parlementaire français comme «un lieu propice au blanchiment des capitaux», pour ne pas dire de façon plus lapidaire une lessiveuse à argent sale. Et qui a connu de beaux jours sous le long règne autocratique de Rainier III décédé en avril dernier. Un avènement princier célébré par le gotha et précédé par «la révélation» de “Paris-Match” avec force photos attendrissantes de l’existence d’un fils secret de vingt mois : Alexandre, fruit des amours du prince avec une hôtesse de l’air d’origine togolaise. Un enfant dit naturel et reconnu devant notaire «par convictions éthiques» (sic). Qui certes ne manquera de rien, mais ne montera jamais sur le trône monégasque. Dommage, car un petit métis qui porte le prénom d’un célèbre empereur et conquérant, cela en aurait jeté ! Sans parler du pied de nez aux racistes de tous poils. Mais Monaco ne serait pas Monaco sans ses rumeurs. Voila que Son Altesse Sérénissime (SAS) Albert II, interrogé par PPDA, laisse planer l’existence possible d’autres bâtards et donc d’autres demandes de reconnaissance : «Je crois qu’il y a certaines opportunités qui se sont présentées à certains moments pour certaines personnes d’étaler cela au grand jour. Ce n’est pas très élégant. Je répondrai aux autres demandes du même genre le moment venu» (sic). Profitant de l’avènement d’Albert II au trône, Blandine de Grosjean rappelle preuves historiques à l’appui dans “Libération»” que les Grimaldi ont : «Un respect des traditions familiales qui confinent à la dévotion (naissances illégitimes, adultères spectaculaires, célibat fertile, mésalliances avec des saltimbanques, divorces à répétition) : cela appartient au patrimoine dynastique depuis des siècles.» Et de citer sans remonter aux lointains ancêtres, Louis II sans descendance légitime qui a adopté Charlotte la fille qu’il a eue avec une hôtesse de cabaret, et donc mère de Rainier. Et sauf la parenthèse très glamour entre Rainier et Grace Kelly, de rappeler les liaisons et mariages de Stéphanie (Stéph’) sœur cadette d’Albert avec deux de ses gardes du corps (Daniel Ducruet père de Louis et Pauline, puis Jean-Raymond Gottlieb père de Camille), enfin un dompteur de cirque, un croupier, un maître-nageur et un acrobate. Quant à Caroline la sœur aînée d’Albert, elle a réussi —l’Eglise ayant certains accommodements avec les puissants— à faire légitimer les enfants qu’elle a eus de feu Stéfano Casiraghi, le pape ayant annulé son union avec Philippe Jugnot. Caroline s’est depuis remariée avec son AR Ernst-Auguste de Hanovre (lui-même divorcé et père de deux garçons) avec lequel elle a eu une fille, Alexandra. Si l’on ajoute au tableau la vie tumultueuse d’Antoinette, sœur de Rainier III, qui a eu trois enfants avec un ex-champion de tennis avant de l’épouser en 1951, de divorcer, de se remarier, de redivorcer et enfin de se remarier, on comprend pourquoi la principauté a toujours privilégié parmi les spectacles celui du cirque.