Meunerie-Boulangerie, des métiers en manque d’attractivité
La meunerie française a soufflé ses 120 bougies à La Rochelle en présence de Dominique Bussereau et a profité de cette occasion pour parler de l’avenir des entreprises de la filière, avec la formation des jeunes
AVENIR. La formation des jeunes est-elle adaptée aux exigences des entreprises modernes et nos métiers sont-ils attractifs ? C’était bien là, le cœur du débat qui a animé la table-ronde de la dernière Convention nationale de la meunerie française, qui s’est déroulé le 29 septembre dans l’enceinte du superbe aquarium de La Rochelle. Une manifestation un peu particulière, puisque l’ANMF (Associa-tion nationale de la meunerie française) fêtait ses 120 années de bons et loyaux services. Autour de Michel Deloingce, président de l’ANMF, André Barreteau, président de la Fédération des entreprises de boulangerie pâtisserie françaises (FEBPF), Jean-Pierre Crouzet son alter ego de l’artisanat (Confé-dération nationale de la boulangerie française), Augustin Thieffry, président du Syndicat de la biscotterie et biscuiterie et enfin Adolphe Thomas, qui représentait le secteur de l’alimentation animale en qualité de président du Snia (Syndicat national des industriels de la nutrition animale). Un plateau complété par Jean-Guy Branger, Sénateur de Charente-Maritime et président de l’Enilia, école située à Surgères et qui vient d’accueillir la première rentrée en ses murs de l’Ensmic (Ecole nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières). Et sans oublier la visite du ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau. Que du beau monde ! Des acteurs qui sont responsables de fédérations ou de syndicats mais aussi chefs d’entreprises et qui sont confrontés au recrutement de jeunes trop peu nombreux à vouloir intégrer les métiers de l’alimentaire. Et le fonds du problème réside en partie sur la réelle attractivité des métiers de la meunerie, de la boulangerie qu’elle soit artisanale ou industrielle, de la biscotterie-biscuiterie ou encore de l’alimentation animale.
Informer et communiquer, quelques clefs de la réussite
La difficulté de recruter passe donc certainement par une meilleure information sur les métiers et sur leurs perspectives de carrière qui y sont liées. « Nous sommes certainement en partie responsables de ce manque d’attractivité », lançe Michel Deloingce. Une opinion que partage Augustin Thieffry qui enfonce le clou : « Nous avons oublié de communiquer sur nos activités et leurs évolutions. Un constat confirmé par les grandes difficultés de recrutement rencontrées par l’Ensmic. » De moins en moins de jeunes sont attirés par cette formation, « ils préfèrent s’orienter vers les métiers des services par exemple », poursuit le président de la meunerie française. Côté artisanat, Jean-Pierre Crouzet part pourtant d’une réalité toute autre pour son secteur : « L’image de notre métier est pourtant positive, affirme-t-il, mais nous constatons un certain découragement des jeunes par rapport à la formation proposée qui n’est peut-être plus adaptée. Au moins 50 % de ceux qui sont en formation quittent le métier. » Un chiffre alarmant d’autant que la majorité des boulangers observent un déficit en compétences et en recrutement. Pour André Barreteau, président des industriels de la boulangerie-pâtisserie français et fondateur de l’enseigne “La Mie Câline”, « nous sommes des consommateurs d’emplois importants et, de plus, des créateurs de nouveaux emplois ». Mais là aussi même constat que pour l’artisanat, la complexité du recrutement est grande.
Déficit d’image, manque d’informations et de communication auprès des jeunes, formation inadaptée à l’évolution des métiers… autant dire que le secteur de la meunerie-boulangerie-pâtisserie a du pain sur la planche pour restaurer son attractivité auprès de leur futurs salariés. Curieusement, le débat n’a même pas évoqué le problème des salaires. Pourtant, il semble bien que ce soit un aspect assez fondamental pour attirer des jeunes vers ces métiers…
« L’apprentissage voué à l’échec »
Durant cet intéressant débat, Jean-Pierre Crouzet a voulu évoquer le problème de l’apprentissage. Pour lui, il faut tout simplement bannir le mot apprenti, un terme qui ne valorise pas les métiers. « Je regrette depuis longtemps que nous n’ayons pas engagé de réflexion sur l’apprentissage, qui pour moi ne correspond plus aux métiers d’aujourd’hui, c’est un système voué à l’échec », martèle le président de la Confédération de la boulangerie artisanale, qui préfèrerait plutôt un type de formation du style sport-études.