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Fertilisation
Malgré l’adversité, l’Unifa tient bon

L’année 2005 a conjugué hausse des prix des matières premières et baisse des livraisons d’engrais. Et si le salut venait de l’essor de la biomasse ?

L’UNION des industries de la fertilisation (Unifa) a tenu son assemblée générale le 27 juin à Paris. L’occasion de faire le bilan de l’exercice 2005, qualifié « d’année difficile » par les professionnels du secteur des engrais. À l’issue de sa grand-messe annuelle, l’organisation a donné la parole à Claude Roy, le coordinateur interministériel pour la Valorisation de la biomasse. Un exposé, suivi avec intérêt par les industriels de la fertilisation, qui leur a redonné du baume au cœur. « Il faut retenir de cet exposé un très grand optimisme », a déclaré pour sa part Mario Scardigli, le président de l’Unifa, avant de préciser : « Le développement de la biomasse offre beaucoup de perspectives positives pour la fertilisation azotée, au regard de l’augmentation des surfaces cultivées engendrée. » Par ailleurs à la recherche d’une matière première alternative au gaz naturel, dont le coût plombe leurs résultats, l’industrie des engrais pourrait peut-être trouver sa source d’hydrogène dans la biomasse elle-même ?

Après une année difficile…

« Hausse du prix des matières premières (+60 % pour le gaz naturel), baisse des livraisons de fertilisants minéraux (-8 % en tonnes de produits), l’année 2005 a été une année difficile pour les industries de la fertilisation », indique l’Unifa dans son communiqué. Le chiffre d’affaires des industries françaises a peu progressé (hausse estimée à +2% soit 1,75 MdE). La répercussion de la hausse des prix de production n’a été que partielle sur le prix des engrais en 2005 (+10%).

Pour la campagne 2005/2006 à fin mars 2006, les livraisons en tonnes d’éléments fertilisants reculent de -7% pour l’azote (N), de -10% pour le phosphore (P) et de -14% pour le potassium (K).

Les industries de la fertilisation s’adaptent et poursuivent leur mutation pour faire face à de nouveaux défis : réduire le coût énergétique de la production d’engrais, mettre en place la nouvelle réglementation Stockage et améliorer la sécurité des produits, gagner de l’efficacité grâce aux bonnes pratiques de fertilisation raisonnée. « D’ores et déjà, des restructurations et des investissements importants sont annoncés pour cette année et les suivantes », précise les industriels de la fertilisation.

… l’Unifa prépare l’avenir !

Pour Claude Roy, l’avenir pour l’agriculture, et par là-même pour tous les acteurs de la filière, passe par le développement de la biomasse. « L’agriculture et la sylviculture productives et durables sont probablement, avec le économies d’énergie, les premiers, les moins chers et les plus efficients des remparts contre le changement climatique et son risque d’emballement », en liaison avec l’émission de gaz à effet de serre, le CO 2 en premier lieu. Pour prévenir les causes et pallier les effets du changement climatique, on se doit, certes de limiter notre consommation d’énergie, mais également de substituer des sources d’énergies renouvelables aux matières premières fossiles qui s’épuisent, en séquestrant en parallèle le maximum de carbone. Ces deux derniers points font appel, d’une part, à l’expansion des bioénergies, biomatériaux, biomolécules et biocarburants et, d’autre part, à la séquestration géologique ou tout autre moyen d’accumuler du carbone, comme la conchyliculture.

À l’horizon 2040, la biomasse, « sans menacer les filières alimentaires et matériaux », devrait représenter le tiers de la baisse d’un « facteur 4 » des émissions de carbone des pays industrialisés (qui se réduit à un facteur 2 pour l’ensemble du monde, passant de 6 Mdt/an à 3 Mdt/an de 2010 à 2050), selon le Protocole de Kyoto. Les deux autres tiers restants relèvent des économies d’énergie et des sauts technologiques, qui permettront de développer d’autres sources d’énergie ou de gagner en productivité.

Cependant, la valorisation de la biomasse ne pourra être effective qu’à la condition d’opérer une gestion durable des ressources renouvelables, et intensive mais raisonnée des terres agricole et forestière. Il faut avoir en tête que, de la biomasse non valorisée, c’est du CO 2, et parfois du CH 4, ré-émis inutilement dans l’atmosphère, à l’image des zones humides, des jachères, des pâtures et forêts non exploitées. « Cela va changer nos modes de vie : il faut que l’on réapprenne à devenir des citoyens durables », conclut Claude Roy. Un avis partagé par Mario Scardigli qui considère que l’on vit « un changement de civilisation ». «Certes, il y a une part de rêve mais, avec la volonté politique qui semble se développer, le rêve peut devenir réalité.» Et d’ajouter : « Les choses semblent se préciser. Il y aura des retards mais nous sommes dans la bonne direction. »

Ainsi l’Unifa prépare-t-elle l’avenir, à sa façon, en réalisant une large étude prospective sur les attentes des agriculteurs en matière de produits et services attachés à la fertilisation (logistique, stockage, conseils…). Les résultats seront présentés, lors des “Journées de la fertilisation” des 16 et 17 novembre prochains à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), à l’ensemble des partenaires de la filière engrais, sous le titre : “Les agriculteurs s’adaptent… Et vous ?”

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