Aller au contenu principal

Arterris enregistre une baisse de son chiffre d’affaires malgré une hausse de la collecte

Le chiffre d’affaires de la coopérative agricole occitane Arterris s’est replié entre les campagne commerciale 2022-2023 et 2023-2024, en raison de coûts de production élevés, de la volatilité des marchés et des aléas climatiques. 

Couverture du rapport intégré 2023-2024 d'Arterris.
Arterris accélère sa transition vers une agriculture durable et inclusive.
© Arterris

« Le contexte économique et géopolitique, marqué par l’instabilité et l’inflation galopante, nous a mis à rude épreuve. La flambée des prix des matières premières, en particulier de l’énergie et des intrants, l’augmentation des taux d’intérêt et des salaires, ainsi que la baisse du prix des céréales, ont lourdement pesé sur les coûts de production et le financement de nos activités », explique Jean-François Naudi, président d’Arterris, dans le Rapport intégré 2023-2024. 

L’augmentation des coûts des intrants, notamment des engrais, a rendu difficile la gestion compétitive des approvisionnements. « Les achats réalisés à des tarifs élevés en début d’exercice, couplés à une diminution de la demande, surtout pour les amendements et les fertilisants organiques dans un marché bio en repli, ont pesé sur nos marges », indique le rapport d’activité.

Des résultats en perte de vitesse

Le chiffre d’affaires consolidé a reculé d’une campagne à l’autre, passant de 1,22 milliard d’euros (Md€) en 2022-2023 à 1,14 Md€ en 2023-2024. Dans le détail, le chiffre d’affaires du pôle agricole se replie de 62 millions d’euros (M€) à 696 millions d’euros, celui du pôle agroalimentaire de 37 M€ à 374 M€ et celui du pôle distribution de 2 M€ à 54 millions d’euros, auquel il faut ajouter 16 M€ (sur les quatre derniers mois de l’exercice comptable) pour Occipain qui a intégré le groupe coopératif en mars 2024. 

Si le rapport intégré 2023-2024 fait référence à l’évolution des fonds propres, en léger repli d’une campagne sur l’autre (196,3 M€ en 2023-2024 contre 198,1 M€ en 2022-2023), ni l’Ebitda ni le résultat net part groupe sont mentionnés. Pour rappel, l’Ebitda avait diminué sur l’exercice comptable précédent, passant de 25,4 M€ en 2021-2022 à 17,4 M€ en 2022-2023, proche de celui de 2020-2021 (17 M€). Quant au résultat net part groupe, il était passé de positif en 2021-2022 (+5 796 M€) à négatif en 2022-2023 (-4 032 M€).

Lire aussi : Le groupe coopératif Arterris est de nouveau dans le rouge en 2022-2023

Interrogée sur la diffusion de ses données comptables, la coopérative agricole n’a pas donné suite à notre demande, indiquant que « les chiffres d'Arterris disponibles figurent dans le rapport intégré ».

Une collecte en hausse malgré les aléas climatiques

« L’année agricole 2023 a été marqué par des contrastes climatiques qui ont rudement mis à l’épreuve notre secteur. Les fortes pluies printanières ont affecté la qualité des récoltes d’été, mais un automne favorable a permis de compenser partiellement ces pertes, avec des rendements satisfaisants. Malgré ces défis, notre activité a fait preuve d’une grande résilience avec une collecte en hausse atteignant 800 000 tonnes », peut-on lire dans le rapport intégré 2023-2024.

Plus précisément, la collecte de céréales, oléagineux et protéagineux s’est élevée à 820 014 tonnes en 2023 (contre 653 265 t en 2022), dont 796 878 t en conventionnel (633 607 t) et 23 136 t issues de l’agriculture biologique (contre 19 658 t). Il est à noter que 49,7 % de la collecte de grains pour la campagne 2023-2024 a été réalisée sous contrats de filière, soit 396 266 t.

Consolidation de la filière blé tendre

Arterris consolide sa filière blé tendre afin de garantir des débouchés stables à ses agriculteurs. « Grâce à la prise de participation majoritaire en mars dernier dans le groupe Occipain et son réseau de boulangerie dans le Sud-Ouest, nous avons incontestablement progressé sur la filière blé tendre », se réjouit Christian Reclus, directeur général d’Arterris.

Consolidation de sa filière blé dur

Arterris a également franchi une étape importante en février 2024 avec la signature du premier plan de souveraineté blé dur. « Ce plan ambitieux vise à renforcer notre autosuffisance en blé dur, et à réduire notre dépendance européenne aux importations pour la fabrication de pâtes et de semoule », souligne Jean-François Naudi.

Par ailleurs, le 5 juin, lors des Journées nationale de l’agriculture, Arterris a renforcé notre partenariat historique avec Panzani autour de la filière « Blé dur responsable français ». « Cette collaboration vise à favoriser une filière locale, (...) en garantissant un approvisionnement en blé dur 100 % français pour la production de pâtes en France », explique Christian Reclus.

Globalement, ce sont 1 840 tonnes de blé dur CRC (Culture raisonnée contrôlée), 6 837 tonnes de blé tendre CRC et 38 687 tonnes de « Blé dur responsable français » qui ont été récoltés par Arterris en 2023 au travers de ses productions sous filière.

Belle performance du secteur de l’alimentation animale

« Stimulé par un marché dynamique, avec des volumes et des marges en hausse, et profitant d’une baisse des prix des matières premières, l’activité [alimentation animale] a enregistré de belles performances [en valeur] dans la lignée des années précédentes », indique le Rapport intégré 2023-2024.

En termes de volume, les fabrications de produits pour la nutrition animale sont cependant passées de 121 551 t en 2022-2023 à 118 978 t en 2023-2024.

« Si la situation commence à se stabiliser après la flambée des prix liée à la crise ukrainienne, la forte dépendance aux importations, notamment de soja, reste une source d’inquiétude pour l’avenir », souligne Arterris.

Fort dynamisme de l’activité meunière

« L’activité transformation végétale a enregistré une forte croissance en 2023, avec nos deux moulins Mercier Capla et Toulousaine des farines proches de leur pleine capacité », indique Arterris. La production de farine s’est globalement stabilisée, à 86 240 t en 2023-2024 (-4 % par rapport à la précédente campagne).

Lire aussi : Farine - Arterris Meunerie entend se développer sur la boulangerie artisanale

Cette dynamique est portée par la forte demande en farines spéciales, notamment les farines CRC.  « Un partenariat avec un moulin près de Barcelone a dynamisé les segments des farines de force CRC, créant de nouvelles opportunités dans la boulangerie en Espagne, tout en bénéficiant de frais logistiques avantageux », peut-on lire dans le Rapport intégré 2023-2024.

« La marque Moulins pyrénéens poursuit également son expansion, grâce à une stratégie commerciale proactive et à l’ouverture de nouveaux relais de croissance, notamment dans l’Hérault. Cependant, la baisse du prix du son a affecté les marges », tempère Arterris.

Lire aussi : Coopération - Arterris ouvre une troisième boulangerie à Narbonne

Adaptation à l’évolution climatique et géopolitique

A l’image des activités semences et légumineuses, les productions végétales d’Arterris subissent de plein fouet les aléas climatiques qui se multiplient et s’intensifient au fil des ans. 

Lire aussi : Arterris gère la ventilation éco-responsable de ses silos grâce à la plateforme de pilotage Javelot

Si « les épisodes pluvieux ont diminué les rendements et la qualité des collectes », « l’activité semencière a subi l’impact des conditions climatiques difficiles, notamment le déficit hydrique sur nos territoires, ce qui a nécessité une révision à la baisse des plans de production. Les rendements, affaiblis par ces contraintes, n’ont pas atteint les niveaux escomptés, entraînant une baisse d’activité tant pour les semences que pour les légumineuses », peut-on lire dans le Rapport intégré 2023-2024.

Pour limiter les pertes à venir, juguler les coûts de production et assurer un revenu correct à ses agriculteurs, Arterris s’adapte et « continue d’investir dans la recherche et le développement de variétés mieux adaptées aux conditions pédoclimatiques locales ».  
Le groupe coopératif agricole a également « lancé des initiatives de coopération entre [ses] différentes filières pour mieux gérer la volatilité des prix et de la disponibilité des intrants agricoles ». 

Lire aussi : Logistique - Arterris relance le fret ferroviaire sur son silo de Beaucaire


Il a par ailleurs fait l’acquisition en mars dernier des sociétés SMTP et Sud services à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, pour renforcer sa présence sur le marché méditerranéen. « Cette acquisition optimise nos capacités de stockage et de conditionnement, consolide nos activités sur les grains et les engrais et sécurise les approvisionnements pour nos adhérents », explique Christian Reclus.

Lire aussi : La coopérative Arterris dévoile sa nouvelle feuille de route

Arterris en chiffres

Arterris, dont le territoire s’étend des portes de la Gascogne, à l’Ouest, aux contreforts des Alpes, à l’Est, est organisé autour de trois pôles d’activité : agriculture (pôles végétale et animale), agroalimentaire et distribution.

Les productions majeures de le coopérative agricole du sud de la France sont les semences, les grandes cultures (blé dur, blé tendre, tournesol, sorgho et riz) et les légumes, auxquels s’ajoutent l’alimentation animale et l’élevage (ruminants et monogastriques). Arterris se présente comme le premier collecteur français de blé dur, de tournesol et de sorgho, et le premier multiplicateur de semences de l’Hexagone.

Au 30 juin 2024, Arterris compte 15 000 adhérents-associés coopérateurs, qui exploitent 350 000 ha de productions végétales dans l’Arc méditerranéen (région Occitanie et départements limitrophes).

Les 2 990 collaborateurs-salariés travaillent dans les 428 sites spécialisés d’Arterris, à savoir 152 silos-dépôts, 9 usines de transformation et 123 boulangeries en propre (en incluant les sites de distribution d’Occipain).

Les plus lus

Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors de l'assemblée générale du 12 décembre 2024 à Orléans.
Axéréal opère des transformations structurantes

Le groupe coopératif Axéréal a tenu sa réunion d’information annuelle le 12 décembre 2024 à Orléans. Bilan et perspectives.

Table ronde donnant sur un public
Vivescia présente un Ebitda en nette progression en 2023-2024

Le groupe coopératif Vivescia annonce de bonnes performances financières lors de l'exercice clôturant le 30 juin 2024, grâce…

Un graphique avec des gens assis en premier plan.
Marché du blé et du maïs : quelle tendance pour les prix dans les prochains mois ?

Le groupe Argus Media, via sa filiale française Agritel, a livré son point de vue quant au marché mondial du blé et du maïs,…

Photo de Arnaud Poupart Lafarge
Terrena modifie son comité de direction

Arnaud Poupart-Lafarge prend la direction d’Elivia et d’Holvia, et Benoît Besson celle de Galliance, filiales du groupe…

Un champ d'orge.
Céréales - Rebond des surfaces françaises de blé tendre entre 2023 et 2024, selon Agreste

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste, ont publié leurs premières estimations d'assolements…

Table ronde sur le changement climatique à la Bourse de commerce européenne le 6 décembre 2024 avec Jean-Pierre Touzet (Crédit agricole), Jean-Philippe Puig (Groupe Avril), Anne Azam (Syngenta), Christoph Büren (Vivescia) et Jean-François Lepy (Soufflet négoce by Invivo)
Le commerce européen des grains s’organise face au changement climatique

La deuxième journée de la Bourse de commerce européenne, qui s'est déroulée les 5 et 6 décembre au Grand Palais à Paris, a…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne