Des exportations d'orge brassicole argentine en retrait sur le marché brésilien
La qualité médiocre des lots d’orge récoltés ces jours-ci en Argentine retarde et limite les embarquements de grains destinés aux malteries du Brésil. Une potentielle opportunité pour les orges brassicoles françaises, voire européennes, de gagner des parts de marché sur ce pays d'Amérique du Sud.
La qualité médiocre des lots d’orge récoltés ces jours-ci en Argentine retarde et limite les embarquements de grains destinés aux malteries du Brésil. Une potentielle opportunité pour les orges brassicoles françaises, voire européennes, de gagner des parts de marché sur ce pays d'Amérique du Sud.
« L’Argentine devrait exporter courant 2025 entre 2,5 et 2,7 millions de tonnes (Mt) de grains d’orge sur la base d’une récolte prévue de 4,8 Mt (à comparer aux 3,3 Mt exportées en 2024 à partir d’une moisson 2023 de 5,2 Mt dont le carry serait autour de 400 000 t, NDLR), laquelle touche à sa fin, ces jours-ci, au sud de la province de Buenos Aires », raconte le céréalier argentin Fidel Cortese, expert du marché de l’orge.
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Des problèmes de qualité à quantifier précisément
« Lorsque toutes les surfaces seront récoltées, début janvier, alors nous connaîtrons l’ampleur des problèmes de qualité, déjà notables, qui se traduisent par un calibre et un poids spécifique insuffisant. S’ils se confirment, nous aurons des difficultés à répondre aux exigences du débouché brésilien. En soudure de campagne, cela constituerait une opportunité commerciale pour les orges européennes », avance Fidel Cortese.
Cette baisse des volumes d’orge attendus en Argentine s’expliquerait par le coup de chaleur subi en octobre, tandis que leur qualité médiocre tiendrait aux conditions d’humidité élevées durant la récolte en ce mois de décembre.
« Je viens de récolter mes 300 hectares d’orge, avec un rendement moyen de 47 q/ha, à 13° d’humidité, ceci en accord avec mon acheteur qui va le mélanger à d’autres lots pour atteindre les paramètres de qualité brassicole minimum », raconte Martín Biscaisaque, président de la filière argentine du blé (Argentrigo).
Le prix de l’orge physique en Argentine est entre 200 et 205 $/t rendu Bahía Blanca, soit entre 175 et 178 €/t au taux de change officiel.
La qualité hétérogène de cette moisson 2024-2025 contraindrait les exportateurs à reporter à mars prochain leurs premiers embarquements de qualité brassicole.
Une sole d'orge en progression ces dernières années
La progression significative de la sole d’orge argentine, ces dernières années, est portée par la demande de trois gros marchés : l’Arabie saoudite preneuse d’orge fourragère pour l’alimentation de ses chevaux et camélidés, tandis que la Chine recherche des lots de qualité intermédiaires dits Fair Average Quality (FAQ) destinés à la production de bière. Enfin, le Brésil veut des lots de qualité brassicole. Chacun de ses trois marchés a acquis, l’an dernier, près d’un million de tonnes d’orge argentine.
Arabie saoudite, Chine et Brésil comme clients principaux
D’après Fidel Cortese, la concurrence en orges fourragères sur le marché saoudien s’annonce rude cette année. « L’origine argentine s’est renchérie et pourrait reculer sur ce marché à autour d’un demi-million de tonnes contre près d’un million de tonnes l’an passé », prévient-il.
La surface d'orge en Argentine qui a explosé ces quinze dernières années devrait encore s'étendre
Ce boum de l’orge qui a eu lieu ces quinze dernières années en Argentine y a encore de beaux jours devant lui pour des raisons également agronomiques. Au sud-est de la province de Buenos Aires, la sole d’orge est désormais aussi importante que celle de blé, et cette tendance devrait même se renforcer en faveur de l’orge.
L'orge, une culture au triple avantage par rapport au blé
« Le triple avantage de l’orge par rapport au blé est qu’il offre un rendement supérieur en moyenne de 0,5 q/ha, et qu’il permet de libérer la parcelle une quinzaine de jours plus tôt pour y faire un soja de deuxième culture ; enfin, le marché de l’orge est plus dynamique que celui du blé », constate Martín Biscaisaque.