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Conjoncture / Elevage
L’UE pourrait redevenir compétitive en production porcine en 2020

La rentabilité de la viande de porc est liée aux prix de l’alimentation animale, qui représente 60 à 70 % des coûts de production

POUR L’IFIP-Institut du porc, la production porcine européenne pourrait tirer profit de la hausse mondiale des matières premières à l’horizon 2020. Valorisant colza et coproduits, elle verrait diminuer l’avantage concurrentiel de ses adversaires les plus présents, Etats-Unis et Brésil, malgré leurs propres approvisionnements locaux si les choix politiques et réglementaires sont cohérents.

Volatilité des matières premières
    Conformément à ce que les économistes avaient prévu, la demande en produits animaux poursuit sa hausse dans le monde. Mais contrairement à leurs hypothèses, leur prix ne monte pas alors que ceux des matières premières, outre leur très grande volatilité tant sur leur fraction protéique que, fait nouveau, sur les apports énergétiques, connaissent une tendance durable à la hausse. La flambée brutale des cours en juillet souligne la fragilité des filières qui s’activent pour disposer de données prospectives. L’Ifip-Institut du porc livrait ainsi au Space les résultats de son travail d’évaluation des écarts de prix des formules alimentaires porcines dans l’Union européenne, aux Etats-Unis et au Brésil. Objectif : identifier les causes des fluctuations et proposer des projections à l’horizon 2020. Une part essentielle de la compétitivité de la viande porcine entre bassins de production est en effet liée aux prix des matières premières de l’alimentation animale. Elles représentent en effet 70 à 80 % du prix de l’aliment, ce dernier représentant entre 60 et 70 % du coût de production.
    « En matière de prix, les Etats-Unis et le Brésil retirent un avantage certain de l’approvisionnement local en protéines par rapport aux filières européennes » rappelle Marie-Alix Roussillon (Ifip). Sur la période 2000-2009, l’avantage moyen est de 53 €/t de tourteau de soja pour les Etats-Unis face à l’Union européenne. Et le prix des céréales est lui aussi à l’avantage des Etats-Unis (en moyenne 67 €/t de maïs depuis 2000 pour l’Illinois contre la Bretagne) comme du Brésil (42 €/t). En moyenne, sur la période 2000-2009, le coût de la matière premières pour un aliment pour porc s’établissait à 137 €/t aux Etats-Unis, à 155 €/t au Brésil et à 194 €/t en Bretagne. Cette dernière parvient cependant à tirer un avantage de 10 €/t en diversifiant ses approvisionnements (colza, coproduits, orge…).

Vers une réduction des écarts de prix entre le maïs et le blé
    L’Ifip estime que les productions mondiales de maïs (+19 %) et de soja (+16 %) devraient croître entre 2010 et 2020. Le Brésil pourrait même enregistrer +27 % en soja. Le tourteau de colza devrait quant à lui renforcer sa compétitivité face au soja dans l’Union européenne. Intégrant ces données, les modèles économiques  soulignent la réduction probable des écarts de prix : l’augmentation des cours du maïs aux Etats-Unis (+77 %) dépasserait de beaucoup la hausse de ceux du blé dans l’Union européenne (+45 %). S’il n’y a pas de rupture majeure des politiques et de l’environnement macroéconomique, l’Ifip imagine donc un vrai rapprochement des prix de l’aliment entre les trois bassins de production : les Etats-Unis afficheraient un coût de matière de 206 €/t, le Brésil 210 €/t et la Bretagne 212 €/t.

Autres scénario envisageables
    Outre ce scénario de « référence », l’Ifip en envisage quatre autres. Dans le premier, la libéralisation des marchés agricoles réduirait les soutiens aux céréales, ce qui induirait une baisse concomitante de l’offre assortie d’une hausse de prix. Les écarts de prix seraient encore plus faibles, la Bretagne s’affichant à seulement 3 €/t du Brésil et 2 €/t des Etats-Unis.
    Elle serait encore plus favorisée dans le second scénario. Celui-ci envisage la reprise économique qui permet l’accroissement des investissements et de R&D dans le secteur agricole en réaction à la concurrence du bassin de la mer Noire. Organismes génétiquement modifiés et farines animales trouvent le chemin des formules européennes… La Bretagne bénéficie alors d’un avantage concurrentiel de 16 €/t vis-à-vis des Etats-Unis et de 20 €/t face au Brésil. Les deux derniers scénarii sont moins positifs.
    Dans le troisième, développement durable et santé dominent l’environnement politique et réglementaire ainsi que le comportement des consommateurs, la consommation de viande se réduit de 10 % dans les pays développés. Les rendements diminuent en Europe et impactent tant l’offre (-8 %) que les prix (+8 %). Les Etats-Unis creuseraient l’écart, le prix matière y étant alors de 22 €/t inférieur. Enfin, si le Brésil parvient à maîtriser ses problèmes logistiques, le quatrième scénario lui donne un avantage majeur avec un coût matière à 179 €/t contre 210 €/t pour la Bretagne.

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